C'était la première fois depuis 1998 que le Japon est intervenu pour soutenir le yen, tombé cette année à ses plus bas niveaux face au dollar depuis 24 ans sur fond de l'écart sans cesse grandissant entre les politiques monétaires japonaise et américaine. (Photo: La Presse Canadienne)
Tokyo — L’intervention du Japon jeudi dernier pour soutenir le yen face au dollar est estimée par les opérateurs du marché des changes à 3 000 milliards de yens (près de 21 milliards de dollars américains), a rapporté lundi le quotidien économique Nikkei.
C’était la première fois depuis 1998 que le Japon est intervenu pour soutenir le yen, tombé cette année à ses plus bas niveaux face au dollar depuis 24 ans sur fond de l’écart sans cesse grandissant entre les politiques monétaires japonaise et américaine.
Le dollar américain s’était rapproché des 146 yens juste avant l’intervention de Tokyo, un nouveau record depuis 1998, et il était brièvement descendu jusqu’à 140,70 yens après. Mais le billet vert est ensuite rapidement remonté, et évoluait de nouveau au-delà des 144 yens lundi vers 7h00.
Masato Kanda, le vice-ministre japonais des Finances chargé des affaires internationales, avait assuré jeudi que le gouvernement ne s’était pas fixé un seuil de taux de change particulier à défendre, mais que son but est plutôt d’éviter une fluctuation excessive des cours, qui complique les prévisions et la prise de décision des entreprises nipponnes.
Le Japon a les moyens d’intervenir: au 31 août ses réserves de change totalisaient plus de 1 170 G$US, selon le ministère nippon des Finances, soit les plus importants avoirs en devises étrangères au monde après la Chine.
Mais pour de nombreux analystes, Tokyo n’aura pas d’autre choix que de multiplier ces interventions, car la montée du dollar face au yen risque de durer tant que la Fed continuera de resserrer sa politique monétaire et que la Banque du Japon (BoJ) au contraire maintiendra sa politique monétaire ultra-accommodante.
La BoJ continue d’estimer que les conditions ne sont pas réunies au Japon pour resserrer les conditions du crédit.
Car la reprise économique post-pandémie dans l’archipel reste poussive et l’inflation nipponne, même si elle accélère aussi (2,8% en août sur un an hors produits frais, un nouveau record depuis 2014), reste inférieure aux niveaux observés aux États-Unis et en Europe et devrait retomber dès 2023, selon la BoJ.
Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la BoJ, a salué lundi l’intervention japonaise sur le marché des changes, la jugeant «appropriée» et «complémentaire» avec sa politique monétaire ultra-accommodante.