60 secondes avec: Christopher Ragan, professeur agrégé, Département de science économique, de l'Université McGill


Édition du 23 Août 2014

60 secondes avec: Christopher Ragan, professeur agrégé, Département de science économique, de l'Université McGill


Édition du 23 Août 2014

Par Suzanne Dansereau

«Il n'y a pas de solution à la lente reprise, sauf d'agir sur le marché du travail»- Christopher Ragan, professeur agrégé, Département de science économique, de l'Université McGill

Vous affirmez que le Canada en a pour plusieurs années de lente reprise. Pourquoi ?

Parce que sortir d'une crise financière prend plus de temps que de sortir d'une récession. Car les particuliers et les entreprises doivent réduire leurs hauts niveaux d'endettement. Je crois que nous en avons pour au moins deux ou trois ans de croissance économique faible à 2 % - plutôt qu'à 3 %. On peut bien espérer augmenter nos exportations et investissements, mais s'il n'y a personne pour acheter, ce ne sont que des voeux pieux. Tant que la reprise économique ne sera pas plus vigoureuse aux États-Unis et tant que l'Europe demeurera embourbée, je n'entrevois pas une meilleure reprise au Canada. L'autre phénomène qui s'ajoute à cette sortie de crise, c'est le vieillissement de la population avec les premiers départs à la retraite des baby-boomers en 2011.

Que peut faire la politique monétaire ?

Pas grand-chose. Il serait dangereux de baisser davantage les taux d'intérêt. On risquerait d'alimenter le même genre de bulles que celles d'avant la crise, dans l'immobilier, par exemple. Il est même possible que la Banque du Canada se voie dans l'obligation d'augmenter les taux d'intérêt. Du côté de la politique fiscale, le gouvernement du Canada a bien fait en stimulant l'économie après la crise financière, mais aller plus loin ne donnerait pas grand-chose et réduirait sa marge de manoeuvre pour s'attaquer au vieillissement de la population.

Voulez-vous dire qu'il n'y a pas de solution ?

Il n'y a pas de solution complète ni rapide. Mais je crois que là où on peut agir, c'est sur le marché du travail. Les gouvernements - fédéral et provinciaux - doivent d'abord reconnaître que cette situation de très lente reprise fait mal à la population. Plus de 20 % des travailleurs à temps partiel au Canada sont incapables de se trouver un emploi à temps plein. La durée moyenne de la période de chômage est maintenant de 21 semaines. Un chômeur sur cinq est sans travail depuis plus de 27 semaines et 7 % le sera pendant plus d'un an. Le chômage chez les jeunes est à 14 %. C'est là qu'il faut intervenir. Comment ? En changeant les règles de l'assurance-emploi et les codes des professions pour encourager la mobilité de la main-d'oeuvre ; et aussi en encourageant la formation de la main-d'oeuvre, ce qui voudrait dire de revoir le fameux programme de travailleurs étrangers temporaires. Il faut que les gouvernements arrêtent de dire que tout va bien et qu'ils s'attaquent au marché de l'emploi.

+ 2 % - Taux de croissance du PIB du Canada en 2013.
Source : Statistique Canada

Christopher Ragan, Professeur agrégé, Département de science économique, Université McGill
Nommé en 1989 à l'Université McGill, il se spécialise en politique économique et, plus récemment, dans le rôle de la politique monétaire et la façon de la mener. De janvier 2009 à juin 2010, il a été économiste invité au ministère des Finances à Ottawa. Il est le coauteur avec Richard Lipsey de l'ouvrage Microeconomics, qui en est à sa 13e édition.

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