13 des 20 secteurs d’activité ont affiché une croissance en novembre. La majeure partie a été attribuable à la hausse de 0,6% des industries productrices de biens. (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — L’économie canadienne semble avoir terminé 2023 sur une note plus forte que prévu, ce qui, selon les économistes, pourrait retarder le moment où les taux d’intérêt commenceront à descendre cette année.
Statistique Canada a révélé mercredi que le produit intérieur brut (PIB) réel avait augmenté de 0,2% au pays en novembre dernier, marquant une première hausse en six mois.
Une estimation préliminaire suggère que le PIB réel a augmenté de 1,2% sur une base annualisée au quatrième trimestre, après une baisse d’une ampleur similaire au troisième trimestre.
Selon Statistique Canada, cela porterait la croissance économique à 1,5% en 2023.
Ces chiffres dépassent les prévisions de la Banque du Canada. Celle-ci prévoyait une croissance de 0,7% au quatrième trimestre et de 1% pour 2023.
L’économie canadienne a ralenti au cours de la dernière année, car la hausse des coûts d’emprunt pèse sur les dépenses de consommation et les investissements des entreprises. Cependant, jusqu’à présent, elle a évité une récession.
L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a indiqué que les chiffres plus positifs que prévu publiés mercredi suggèrent que les prévisions économiques pour 2024 pourraient devoir être révisées à la hausse.
Cela signifie également que la Banque du Canada peut prendre son temps avant de réduire les taux d’intérêt.
«Ce résultat solide, après une longue période de disette sur le plan de la croissance, offre aux décideurs politiques la possibilité de repousser doucement les discussions, en attendant que l’inflation sous-jacente baisse davantage», a écrit M. Porter dans une note aux clients.
Toutefois, les économistes interprètent le rapport de mercredi avec une certaine prudence et continuent de s’attendre à ce que l’économie montre des signes de faiblesse dans les mois à venir.
Même si Statistique Canada donne un aperçu de ce à quoi il s’attend dans ses estimations préliminaires, les résultats finaux peuvent souvent différer considérablement.
Claire Fan, économiste à la RBC, explique que c’est l’une des raisons pour lesquelles la publication doit être prise avec un «grain de sel».
Elle ajoute que l’augmentation du PIB réel en novembre est due à des facteurs ponctuels tels que la reprise après les fermetures d’usines dans le secteur manufacturier.
«Il ne faut pas vraiment interpréter cela comme un retournement, disons, de la demande globale et de l’activité des consommateurs vers la fin de l’année 2023», évoque-t-elle.
L’agence fédérale a observé que dans l’ensemble, 13 des 20 secteurs d’activité ont affiché une croissance en novembre. La majeure partie a été attribuable à la hausse de 0,6% des industries productrices de biens, qui ont enregistré leur progression la plus élevée depuis janvier de l’année dernière.
L’activité dans les industries productrices de services a enregistré une légère augmentation de 0,1%, en dépit des répercussions des grèves déclenchées au cours du mois dans le secteur public au Québec.
La Banque du Canada ainsi que les économistes du secteur privé s’attendent à ce que la croissance économique reste modérée pour la première moitié de 2024 avant de rebondir au second semestre.
Une croissance plus faible, accompagnée d’une baisse de l’inflation, devrait ouvrir la voie à des réductions de taux d’intérêt. Les marchés financiers estiment que la première baisse de taux pourrait intervenir dès le mois d’avril.
Selon Mme Fan, RBC prévoit toujours que la banque centrale commencera à abaisser son taux directeur en juin.
«La hausse des taux a exercé une forte pression à la baisse sur les dépenses de consommation. C’est toujours le cas et cela continuera d’être le cas si les taux restent élevés au cours du premier semestre de cette année», analyse-t-elle.
Lors de la dernière décision sur le taux directeur, le gouverneur Tiff Macklem a indiqué que les discussions au sein du conseil d’administration s’étaient orientées sur la durée pendant laquelle le taux doit rester au niveau actuel.
Le taux d’intérêt directeur de la banque centrale se situe actuellement à 5%, son plus haut niveau depuis 2001.
Nojoud Al Mallees, La Presse Canadienne
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