Les modifications au programme de formation des grutiers avait mis le feu aux poudres et entraîné une grève illégale.
Les grutiers de la FTQ-Construction sont sortis en colère de leur rencontre avec le ministre du Travail, Jean Boulet, qui a annoncé jeudi sa décision finale quant à leur programme de formation.
Rappelons que ce sont des modifications au programme de formation des grutiers par la Commission de la construction du Québec qui avaient mis le feu aux poudres et entraîné une grève illégale des grutiers, paralysant l’ensemble des chantiers de construction du Québec, en juin 2018.
Après le rapport d’un comité d’experts, mis sur pied après la grève illégale, puis une journée de consultation sur ce rapport, le ministre Boulet a réuni toutes les parties intéressées, jeudi, à ses bureaux de Montréal, pour leur faire part de sa décision finale.
« Une voie raffermie »
Et le ministre appliquera finalement les recommandations du rapport du comité d’experts, dévoilé en mars dernier.
Le comité avait jugé que le Programme de formation en entreprise, tel que proposé, était effectivement « insuffisant pour assurer l’apprentissage et l’intégration des notions de base nécessaires à la conduite sécuritaire d’une grue ». Il avait recommandé de compléter cette formation en entreprise par l’ajout d’une formation initiale, obligatoire, visant à acquérir les notions de base pour conduire une grue.
En entrevue avec La Presse canadienne après sa rencontre avec les parties intéressées, le ministre Boulet a précisé que dès cet automne, une formation préparatoire d’une durée de 120 heures sera ajoutée au Programme de formation en entreprise.
« C’est une voie raffermie, renforcée par une formation préparatoire. Et les deux experts m’assurent que là, on permet que les grutiers travaillent dans un environnement sécuritaire. Et ils me confirment que c’est un travail qui est complexe et ils ont tenu compte de la complexité de ce travail-là », a souligné le ministre Boulet.
Il s’est dit guidé par le souci d’assurer la sécurité du public et des ouvriers, sa priorité, affirme-t-il. Il croit qu’il s’agit là d’un bon compromis, puisqu’il a ajouté une formation initiale de base au Programme de formation en entreprise, qui avait été décrié par les grutiers.
Grutiers mécontents
Mais le directeur de la section locale 791G de la FTQ-Construction, Evans Dupuis, est sorti de la rencontre insatisfait de l’ajout de l’équivalent de trois semaines de formation initiale. « On ne respectera plus la santé et la sécurité au Québec. On va se ramasser avec des grutiers sans formation adéquate, qui vont opérer des grues », s’est-il exclamé.
Il plaide toujours pour que le Diplôme d’études professionnelles (DEP) soit la seule voie pour accéder au métier de grutier. Il ne comprend donc pas le compromis fait par le ministre, même s’il sera toujours possible d’étudier pour obtenir un DEP.
« C’est sûr qu’on va dénoncer, qu’on va mettre de la pression sur le gouvernement pour qu’il change d’idée, que la CCQ ne mette pas ça en place. On a encore du travail à faire. C’est sûr que les grutiers ne seront pas contents. Va falloir que j’aille leur annoncer là ! C’est clair et net qu’ils ne seront pas contents. Ils se sont fait entendre l’année passée (par la grève). C’est sûr qu’ils ne seront pas contents cette année », a-t-il tonné.
Quand La Presse canadienne lui a demandé si ses membres étaient prêts à refaire la grève contre les modifications apportées à leur formation, il a lancé : « les grutiers décideront ce qu’ils vont faire, madame ».
Les autres représentants de l’industrie, sur place, n’ont pas voulu commenter.
Il y avait 1856 grutiers au Québec, selon les chiffres qui avaient été dévoilés devant le Tribunal administratif du travail, qui avait émis une ordonnance de retour au travail lors de la grève en juin 2018. De ce nombre, 1573 sont membres des deux principales organisations syndicales : la FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International).