Erreur de 12G$: le PLQ ne croit pas sa crédibilité entachée
La Presse Canadienne|Publié le 14 septembre 2022Le président de la campagne libérale et ex-ministre des Finances, Carlos Leitao, est d’avis que sa réputation ne sera nullement entachée par cette bourde. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le Parti libéral du Québec (PLQ) a manqué de temps et de ressources au moment de confectionner son cadre financier. C’est ce qui explique l’erreur de 12 milliards de dollars (G$) qui s’est glissée dans les documents produits alors par le parti, a expliqué mercredi le président de la campagne libérale et ex-ministre des Finances, Carlos Leitao.
Ce dernier a toujours joui d’une grande crédibilité en matière de finances publiques et il est d’avis que sa réputation ne sera nullement entachée par cette bourde, qui survient au beau milieu de la campagne électorale.
Sa crédibilité personnelle n’en sera pas égratignée et la confiance des électeurs envers le PLQ, qui se présente comme «le parti de l’économie», non plus, a assuré M. Leitao, mercredi après-midi, en mêlée de presse.
Accompagné par son collègue Marc Tanguay, M. Leitao, qui a choisi de ne pas solliciter un nouveau mandat, avait convoqué les médias pour corriger le tir et sauver l’image du parti, après la publication d’un texte du journaliste Francis Vailles, paru le jour même dans La Presse, à propos de l’erreur de calcul majeure figurant dans le cadre financier des libéraux, censé former l’assise de leur plan de match s’ils formaient le prochain gouvernement le 3 octobre.
Une version corrigée du cadre financier devrait être disponible très rapidement sur le site web du parti, a dit M. Leitao, qui n’a pas cherché à se défiler, reconnaissant d’emblée l’erreur de calcul, tout en cherchant à en minimiser l’impact éventuel auprès des électeurs.
«Nous avons mis nos efforts sur le calcul de nos engagements», a expliqué l’ex-ministre, négligeant l’impact des mesures inscrites au cadre financier sur le calcul de la dette publique. Résultat: la dette brute a été sous-estimée par les libéraux de 12G$.
«Probablement, on a été trop vite», au moment de calculer la dette brute, a concédé M. Leitao, ajoutant que le calcul de la dette du Québec est la chose «la plus complexe» qu’on puisse imaginer.
«Je n’ai pas 35 fonctionnaires pour m’aider à faire ça. Nous sommes deux personnes», a-t-il dit, pour justifier l’erreur commise, sans blâmer qui que ce soit.
Le PLQ calculait que sous sa gouverne la dette brute du Québec atteindrait 240,6G$ au terme du prochain mandat, alors que ce sera 252,6G$, donc 12G$ de plus.
MM. Leitao et Tanguay ont insisté pour dire que l’erreur ne changeait rien au fait que le ratio dette-PIB diminuerait quand même avec un gouvernement libéral, que les versements au Fonds des générations seraient faits comme prévu et que les engagements annoncés dans le cadre financier demeureraient valides dans la nouvelle version du document.
Les libéraux se sont basés sur le rapport préélectoral du ministère des Finances présenté le 15 août pour élaborer leur cadre financier. Ils ont été les premiers des cinq partis à rendre public leur cadre financier, le 4 septembre.
Le cadre financier libéral prévoit des dépenses de 29G$ dans le prochain mandat, dont 40% consacrées aux baisses d’impôts et de taxes, le reste servant à aider les contribuables à minimiser l’impact de la hausse continue du coût de la vie.
Le chef conservateur, Éric Duhaime, qui présentait lui-même son cadre financier mercredi, a jugé «ironique» que la cheffe libérale, Dominique Anglade, avait mis en doute son droit d’être candidat au poste de premier ministre parce qu’il n’avait pas payé plusieurs comptes de taxes, alors que le PLQ affiche une erreur de plusieurs milliards dans son cadre financier. Mais il juge que Mme Anglade «a le droit de se présenter, même si elle a fait une erreur de 12G$ dans son cadre financier», a-t-il commenté.