Éric Duhaime prend une certaine distance du programme du parti
La Presse Canadienne|Publié le 08 septembre 2022Éric Duhaime s'est adressé à près de 200 invités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, jeudi. (Photo: La Presse Canadienne)
Le chef conservateur Éric Duhaime a dû expliquer, jeudi, que la plateforme électorale qu’il défend dans cette élection diffère du programme adopté par quelque 800 membres de son parti en novembre dernier.
S’adressant à près de 200 invités de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, M. Duhaime a été appelé par le président de la Chambre, Michel Leblanc, à s’expliquer sur plusieurs éléments du programme de son parti.
Lorsque M. Leblanc lui a demandé si la «compatibilité civilisationnelle» que les conservateurs disent vouloir exiger de la part des immigrants allait au-delà des exigences actuelles, Éric Duhaime a apporté les précisions suivantes: «c’est dans le programme du parti, mais ce n’est pas dans notre plateforme électorale.»
Disant vouloir «faire la différence entre le programme et la plateforme», il a expliqué que ce qu’il propose aux électeurs, c’est la plateforme électorale adoptée par la commission politique du parti et lui-même. Celle-ci s’inspire du programme, mais ne peut le refléter dans son ensemble puisqu’il est «très volumineux et (porte) sur l’ensemble des sujets».
Compatibilité civilisationnelle synonyme de valeurs
Interrogé plus à fond sur cette notion de compatibilité civilisationnelle en mêlée de presse par la suite, sur la manière dont il entend l’établir et en quoi elle diffère du test des valeurs actuel mis en place par le gouvernement Legault, il a répondu: «Pour moi, ce sont quasiment des synonymes. Ce n’est pas moi qui l’appelle comme ça, c’est comme ça que ça été adopté sur le plancher du congrès, mais pour moi, valeur ou compatibilité civilisationnelle…», a-t-il laissé tomber, sans terminer sa phrase.
Il s’est toutefois défendu de ne pas respecter la volonté des membres qui ont adopté le programme: «95% de ce qu’on retrouve dans la plateforme électorale est issu du programme et la plateforme a été préparée pas seulement par moi, mais par la commission politique du parti qui elle aussi est élue et est issue des instances du parti, mais on ne peut pas faire campagne sur absolument tout et on a sélectionné les éléments qui nous semblaient prioritaires.»
«Le programme influence notre philosophie, mais ce qu’on vous propose concrètement, les mesures concrètes qu’on va prendre comme gouvernement le 4 octobre, c’est la plateforme», a-t-il poursuivi.
Une loi pour plafonner les dépenses
Le chef conservateur, qui était accompagné de son conjoint, François Beauregard, pour la première fois à l’occasion d’une sortie publique, a profité de son passage devant le milieu des affaires pour annoncer son intention d’adopter une loi sur le plafonnement des dépenses qui obligerait le gouvernement à financer toute nouvelle mesure à partir des budgets existants plutôt que d’augmenter la dette et les impôts. «Pour chaque nouveau dollar de dépenses, le gouvernement devra trouver un autre dollar d’économies ailleurs», a-t-il dit.
Il a également annoncé son intention de lancer un vaste chantier visant à simplifier la réglementation et éliminer celles qui ne présentent pas «un bon rapport coût -bénéfice», qui «étouffent» les entreprises et qui nuisent à leur développement et à l’économie. «Évidemment, on ne veut pas couper dans les inspections de l’État. On ne veut pas couper dans les choses qui concernent la sécurité du public, mais on veut réduire véritablement la bureaucratie tatillonne», a-t-il pris soin d’ajouter.
S’approprier les réductions de GES des autres
Michel Leblanc a aussi talonné le politicien sur la question de l’environnement, allant jusqu’à lui reprocher d’avoir un programme qui laisse entendre que sous sa gouverne, les émissions de gaz à effet de serre pourraient même augmenter.
Éric Duhaime a répliqué que tout repose sur la façon dont on calcule ces réductions. Le chef conservateur a même soutenu qu’il faudrait comptabiliser les réductions obtenues ailleurs avec l’aide du Québec.
«Si on réussit à faire réduire de façon signifiante les gaz à effet de serre à l’extérieur du Québec, il faut l’inclure dans notre bilan. Il va falloir créditer le Québec pour ça», a-t-il avancé, ce qui impliquerait, par exemple, que le remplacement de l’énergie fournie par des centrales au charbon ou aux hydrocarbures en Nouvelle-Angleterre par l’exportation d’électricité d’Hydro-Québec devrait apparaître au bilan du Québec. «Si le Québec réussit à réduire les gaz à effet de serre à l’extérieur du territoire, pourquoi on ne l’inclurait pas dans notre formule?», a-t-il insisté.
Se verdir avec des hydrocarbures
Parallèlement à cela, il réaffirme sa conviction que c’est en développant ses propres hydrocarbures que le Québec peut réaliser la transition énergétique. «C’est quand même très lucratif l’industrie gazière au Québec, il y a un gros potentiel. […] On voudrait prendre une partie des revenus des hydrocarbures pour financer justement la transition énergétique.»
Le chef conservateur a été poliment applaudi par le parterre de gens d’affaires à la suite de son allocution et de la session de questions-réponses avec le président de la chambre, qui n’a pas manqué de lui souligner l’absence totale de référence à la métropole dans le programme du parti.