Équipes multiculturelles: un potentiel sous-exploité

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Septembre 2017

Équipes multiculturelles: un potentiel sous-exploité

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Édition du 30 Septembre 2017

À la Banque Nationale, près d’un employé sur deux est issu des minorités visibles. Sa main-d’œuvre provient de 70 pays et parle 40 langues différentes. [Photo : @TBN]

Les entreprises québécoises n'ont jamais autant parlé de diversité culturelle, mais elles en exploitent encore peu les possibilités.

«Paradoxalement, les entreprises évoluent dans un contexte de plus en plus mondial, mais elles ne profitent pas toujours de la diversité culturelle de leurs équipes», observe Tania Saba, professeure et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l'Université de Montréal. Il reste donc du chemin à faire pour que cette diversité se transforme en valeur ajoutée réelle pour l'organisation et qu'elle contribue à sa créativité.

«Souvent, la diversité culturelle est abordée superficiellement, regrette Hubert Mposo Makwanda, CHRA et président-fondateur de Concilium Capital Humain, qui se spécialise en développement organisationnel des entreprises. Certaines entreprises voient surtout leurs employés venus d'ailleurs comme un moyen de remédier à la pénurie de travailleurs.» Sans compter celles qui utilisent la diversité culturelle pour améliorer leur image.

«Les entreprises mettent beaucoup en avant le pourcentage de leur main-d'oeuvre issue de la diversité culturelle, mais encore faut-il que la participation de ces personnes puisse être effective au sein de l'entreprise», dit Mme Saba.

Pourtant, les bénéfices d'une plus grande hétérogénéité de la main-d'oeuvre sont connus : gain de productivité, meilleur climat de travail, attractivité plus forte des talents, et donc, plus grande créativité. En 2015, le rapport de McKinsey «Diversity Matters» révèle que les entreprises les plus diverses sur le plan ethnique surpassent de 35 % les performances financières médianes de leur industrie. «C'est de la confrontation des idées et de l'ouverture à des façons de penser différentes que jaillissent de nouvelles idées», souligne M. Makwanda. Rester dans sa zone de confort et s'entourer de personnes similaires à soi conduit à adopter des solutions allant toujours dans le même sens.

 Réussir son expansion internationale

Certaines entreprises l'ont bien compris et ont appris à s'appuyer sur leurs employés venant d'horizons différents pour avancer sur de nouvelles voies. C'est le cas de la Banque Nationale, où près d'un employé sur deux est issu des minorités visibles. Sa main-d'oeuvre provient de 70 pays et parle 40 langues différentes. «Nous utilisons les yeux neufs de nos employés issus de la diversité culturelle pour enrichir nos visions d'affaires traditionnelles», affirme Claude Breton, vice-président aux affaires publiques.

Constatant la maturité de son marché principal, la Banque Nationale a décidé de se tourner vers l'international afin d'exporter son modèle de banque super-régionale. Au cours des trois dernières années, elle a donc pris des participations minoritaires et majoritaires dans des institutions financières en Côte d'Ivoire, à l'île Maurice et au Cambodge. Un projet qu'elle n'aurait jamais concrétisé si elle n'avait pu s'appuyer sur ses salariés multiculturels. «Sans eux, nous ne serions jamais allés au bout de l'aventure, car le risque culturel aurait été trop important pour justifier ces investissements», explique-t-il.

Pour réussir à s'établir à l'étranger, il est indispensable de comprendre la culture du pays visé et d'en saisir toutes les subtilités. «Cette intelligence que nos employés possèdent nous a aidés à mener avec succès notre processus d'acquisition», précise Claude Breton.

S'adapter aux consommateurs

Jouer la carte de la mixité culturelle permet aussi à la Banque Nationale de mieux répondre aux attentes d'une clientèle elle-même de plus en plus diversifiée.

En effet, environ un Canadien sur quatre appartient à une minorité visible, et le Québec prévoit accueillir 51 000 immigrants cette année. Pour concevoir sa récente campagne publicitaire destinée aux nouveaux arrivants, la Banque Nationale a sollicité la rétroaction de ses salariés issus de la diversité culturelle afin de produire des publicités authentiques permettant aux consommateurs de s'identifier à la marque. «C'est important de parler avec une voix qui reflète les différentes communautés afin d'éviter de paraître désincarné à leurs yeux, indique Claude Breton. Sans nos employés, nos publicités n'auraient pas été mauvaises, mais elles n'auraient pas été aussi bonnes», affirme le vice-président.

Pour L'Oréal, le multiculturalisme est également un atout en matière de créativité. Présent dans plus de 130 pays, le géant mondial des cosmétiques s'emploie à concevoir des produits convenant à tous les types de peaux et de cheveux. «C'est une entreprise qui croit en la diversité et qui a compris à quel point elle peut être une force, explique Mme Saba. Depuis plusieurs années, la diversité figure parmi ses objectifs prioritaires, est complètement intégrée à sa stratégie et fait d'ailleurs l'objet d'une charte.»

 

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