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Washington — Taux de chômage en baisse, créations d’emplois en hausse, mais moins qu’attendu: le marché du travail aux États-Unis poursuit sa lente érosion, à deux mois de l’élection présidentielle et alors que la Fed s’apprête à abaisser les taux pour éviter une flambée du chômage.
Le taux de chômage a comme attendu légèrement reculé, à 4,2% contre 4,3% en juillet, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail.
Par ailleurs, 142 000 emplois ont été créés, secteurs privé et public confondus, dans les secteurs de la construction et de la santé notamment, plus que les 114 000 de juillet, mais moins qu’attendu.
En outre, les créations d’emplois des deux mois précédents ont été révisés, faisant apparaître 86 000 emplois de moins qu’annoncés qui ont été créés, après une importante révision à la baisse, déjà, des créations d’emplois de 2023 et début 2024.
Le président Joe Biden a cependant salué la bonne santé du marché de l’emploi: «grâce à notre travail pour sauver l’économie, près de 16 millions de nouveaux emplois ont été créés», depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2021.
Car le sujet pèsera lourd dans le choix des électeurs, appelés à voter le 5 novembre entre la vice-présidente démocrate Kamala Harris, et l’ancien président républicain Donald Trump.
« Les chiffres de l’emploi sont terribles », a dénoncé ce dernier vendredi devant des journalistes à New York. Plus tôt, il avait, dans un communiqué, tapé sur sa concurrente: « les signaux d’alerte clignotent alors que l’économie de Kamala continue de s’affaiblir ».
« Risque pour l’emploi »
« Une baisse indéniable et généralisée des embauches est désormais en cours », a commenté Ian Shepherdson, président et chef économiste de Pantheon Macroeconomics, dans une note.
Les inquiétudes grandissent, en effet, quant à la situation de l’emploi pour les mois à venir, après deux années de croissance de l’emploi particulièrement forte, avec un taux de chômage au plus bas.
C’est pour éviter de voir la situation se dégrader trop fort que la Banque centrale américaine (Fed) a signalé son intention de commencer à baisser ses taux lors de sa prochaine réunion, les 17 et 18 septembre.
L’institution les avait relevés pour lutter contre l’inflation en ralentissant l’activité économique.
« Il y a eu une modération continue sur le marché du travail », a commenté Christopher Waller, l’un des gouverneurs de la Fed.
Néanmoins, « je ne crois pas que l’économie soit en récession ou qu’elle se dirige nécessairement vers une récession prochaine », a-t-il estimé, disant cependant percevoir « un risque pour l’emploi que je surveillerai de près ».
« Auparavant en surchauffe »
Un autre responsable de la Fed, le président de l’antenne de New York, John Williams, avait souligné plus tôt vendredi qu’à ce stade, le taux de chômage a certes augmenté, mais « reste relativement faible par rapport aux normes historiques ».
« Une partie de cette augmentation reflète un ralentissement du marché du travail qui était auparavant en surchauffe », mais aussi une hausse du nombre de travailleurs, plutôt qu’un nombre élevé de licenciements, a-t-il ajouté.
De nombreux signaux tendent à montrer que l’âge d’or pour les salariés, qui pouvaient facilement changer de poste et faire ainsi grimper leur rémunération, est révolu.
Le nombre de postes vacants est ainsi tombé fin juillet à son plus bas niveau depuis janvier 2021, avant que le pays ne connaisse une importante pénurie de main-d’œuvre, avait montré mercredi l’enquête JOLTS publiée par le département du Travail.
Une enquête de la Fed réalisée au cours de l’été a montré que certaines régions des Etats-Unis observent un ralentissement du marché du travail, avec des employeurs plus sélectifs et, par conséquent, des candidats qui mettent plus de temps à trouver un emploi.
Un employeur du Minnesota (Nord) avait par exemple signalé « que de nombreuses entreprises deviennent beaucoup plus pointilleuses » quant aux personnes qu’elles embauchent.