Du charbon au renouvelable, le magnat indien Adani au défi de la diversification de sa fortune

Publié le 19/01/2024 à 11:49

Du charbon au renouvelable, le magnat indien Adani au défi de la diversification de sa fortune

Publié le 19/01/2024 à 11:49

Par AFP

À la fin du chantier prévue en 2027, il doit générer 30 gigawatts d’énergie solaire et éolienne: 17 GW par Adani, le reste par d’autres entreprises. Assez pour alimenter 18 millions de personnes. ()

En plein désert, à la frontière avec le Pakistan, Gautam Adani construit le plus grand parc d’énergie renouvelable au monde. Un investissement sur l’avenir pour l’homme le plus riche d’Asie qui a largement construit sa fortune sur le charbon. 

Sous un soleil de plomb, des milliers d’ouvriers font pousser des rangs de panneaux solaires, préparent la terre qui doit accueillir de futures éoliennes et déroulent d’interminables câbles pour alimenter le tout.

À Khavda, le Parc d’énergie renouvelable doit couvrir pas moins de 726 km2, soit presque la taille de New York.

À la fin du chantier prévue en 2027, il doit générer 30 gigawatts d’énergie solaire et éolienne: 17 GW par Adani, le reste par d’autres entreprises. Assez pour alimenter 18 millions de personnes.

Le parc doit même produire un tiers de plus que le barrage des Trois Gorges en Chine, le plus grand site énergétique au monde.

Selon Gautam Adani, devenu brièvement le deuxième homme le plus riche du monde en 2022 avec une fortune de 154 milliards de dollars américains (G$US), l’usine sera «visible même depuis l’espace».

Les critiques du magnat disent que son ascension a été largement permise par le premier ministre Narendra Modi. Et il y a un an, son groupe a été accusé de «manipulation éhontée» de ses propres actions ainsi que de «fraude comptable sur plusieurs décennies» par la société d’investissement américaine Hindenburg Research.

La valeur de l’empire avait dégringolé de plus de 150 G$US, mais il en a récupéré la plupart et, depuis, l’entrepreneur de 61 ans dépense sans compter dans des projets de transition énergétique.

L’Inde est le troisième plus gros émetteur de CO2 et le gouvernement Modi s’est maintes fois positionné contre l’abandon progressif du charbon.

 

Un «Indien fier»

Le Parc d’énergie renouvelable de Khavda est la pièce maîtresse d’Adani Green Energy Limited, dans laquelle le français TotalEnergies a pris 19,7% de parts pour 2,5 G$US en 2021.

Au port commercial de Mundra, le plus grand d’Inde, géré par une autre branche de l’empire Adani, sont fabriqués des composants clés pour sa future offensive dans le secteur des renouvelables, avec notamment des hélices d’éoliennes de 80 mètres de long.

«Nous créons l’un des écosystèmes de production d’énergie renouvelable les plus grands et les plus intégrés au monde pour le solaire et l’éolien», a écrit Gautam Adani sur X, où il se décrit comme un «Indien fier».

New Delhi a l’ambition de créer 500 gigawatts de capacité de production d’énergie renouvelable d’ici 2030 pour satisfaire la moitié de ses besoins.

M. Adani, qui rejette les accusations de la société Hindenburg, a affirmé qu’il injecterait environ 100 G$US dans cette transition énergétique.

Cependant, l’Inde prévoit aussi d’augmenter ses capacités de production d’énergie au charbon et n’entend être neutre en carbone qu’en 2070.

 

«Ambitions et stratégie de l’Inde

Selon Ashok Malik, du cabinet de conseil Asia Group, le groupe Adani est «assis sur des actifs très solides» et «reflète les ambitions, les espoirs et la stratégie de l’Inde».

«Cela fait parfaitement sens qu’une entreprise qui est seulement impliquée dans le secteur indien de l’énergie commence à s’intéresser à l’énergie propre et renouvelable pour sortir du charbon — même si le charbon ne s’en ira pas complètement», a dit l’expert à l’AFP.

Au parc Khavda, des ouvriers en casque de chantier et veste de signalisation travaillent le visage couvert pour se protéger du soleil brûlant et du sable piquant.

Un manager qui n’a pas été autorisé à parler aux médias a malgré tout déclaré que les conditions étaient «difficiles».

Le site se situe à environ 75 km du village le plus proche et à six kilomètres de la frontière militarisée avec le Pakistan.

Un autre manager a indiqué que des sous-unités de l’usine seront capables de fonctionner de manière autonome «au cas où la salle de contrôle centrale deviendrait inopérante».

De tels projets engendrent souvent un lourd coût environnemental, mais l’écologiste Mahendra Bhanani note que le parc énergétique se situe loin des premiers humains et des sites reconnus pour leur biodiversité.

«Le solaire est meilleur que bien des industries chimiques polluantes», déclare-t-il, tout en demandant une étude.

 

 

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