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Donald Trump inculpé par la justice fédérale, une première

AFP|Publié le 09 juin 2023

Donald Trump inculpé par la justice fédérale, une première

Plus d’une fois, le 45e président s’est permis de divulguer de fausses nouvelles en conférence de presse. (Photo: Getty Images)

Washington – Donald Trump voit un nouvel obstacle se dresser pour ses ambitions présidentielles, avec son inculpation par la justice fédérale alors que l’ex-président républicain américain rêve de reconquérir la Maison-Blanche en 2024.

M. Trump a annoncé jeudi avoir été inculpé par la justice fédérale pour sa gestion des archives de la Maison-Blanche.

«L’administration corrompue de Biden a informé mes avocats que j’ai été inculpé, vraisemblablement dans la fausse affaire des boîtes», a-t-il écrit sur son réseau Truth Social en référence aux cartons de documents emportés avec lui en quittant Washington.

Donald Trump, désormais le premier ancien président de l’histoire des États-Unis inculpé par la justice fédérale, est également poursuivi pour entrave à la justice et faux témoignage, a-t-il ajouté.

Aucune confirmation n’était immédiatement disponible au ministère de la Justice. La Maison-Blanche a indiqué avoir appris l’inculpation par les médias et un porte-parole s’est refusé à tout commentaire, soulignant que le ministère «conduit ses enquêtes criminelles de manière indépendante», a rapporté la chaîne CNN.

Le milliardaire, dont le domicile de Floride avait été perquisitionné l’été dernier par des agents du FBI à la recherche de ces dossiers, a fait savoir qu’il était convoqué mardi devant un tribunal fédéral à Miami — à la veille de son 77e anniversaire.

Son avocat Jim Trusty a précisé sur CNN que son client se rendrait à cette convocation et qu’il faisait l’objet de sept chefs d’inculpation, notamment en vertu d’une loi sur l’espionnage qui interdit de garder des documents classifiés dans des endroits non autorisés et non sécurisés.

En mars, il avait déjà été inculpé pour plusieurs fraudes comptables par la justice de l’État de New York en lien avec un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films X qui dit avoir été sa maîtresse.

L’ex-magnat de l’immobilier, qui devance pour l’instant largement les autres candidats à l’investiture républicaine, s’est toujours défendu de toute malversation et se présente comme victime d’une «persécution politique».

«Je suis innocent, je n’ai rien fait de mal», a-t-il assuré jeudi soir dans une vidéo mise en ligne sur Twitter, en dénonçant «de l’ingérence électorale au plus haut niveau». 

Musk 

Les élus républicains ont immédiatement serré les rangs autour de lui.

«Je me tiens, comme tous les Américains qui croient en l’état de droit, aux côtés du président Trump», a réagi le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy. «C’est un triste jour pour l’Amérique», a ajouté Jim Jordan, qui dirige sa commission judiciaire. Le compte Twitter de cette commission affichait un slogan familier de M. Trump: «CHASSE AUX SORCIÈRES».

Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, un rival pour l’investiture républicaine, a fait écho aux critiques de M. Trump envers le ministère de la Justice, tweetant qu’il «éliminerait les préjugés politiques» s’il était élu.

Sans être aussi catégorique, le milliardaire Elon Musk, de plus en plus présent dans l’arène politique, a estimé qu’il «semblait y avoir plus d’intérêt à poursuivre Trump que d’autres politiciens».

Les démocrates ont, eux, salué la nouvelle tout en mettant en garde contre le discours de Donald Trump. «Il va essayer d’instrumentaliser cette inculpation pour des gains politiques, parce que gagner la présidence sera peut-être son seul moyen d’éviter la prison», a déclaré l’élu Adam Schiff.

Aux États-Unis, être inculpé et même condamné pour un délit ou un crime n’interdit pas d’être candidat, élu ou d’occuper une fonction officielle.

11 000 documents 

En janvier 2021, quand il avait quitté la Maison-Blanche pour s’installer dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, Donald Trump avait emporté des boîtes entières de dossiers.

Une loi de 1978 oblige pourtant le président à transmettre tous ses courriels, lettres et autres documents de travail aux archives nationales.

Un an plus tard, après plusieurs relances, il avait accepté de restituer 15 cartons avec plus de 200 documents classifiés. Dans un courrier, ses avocats avaient alors assuré qu’il n’y en avait pas d’autres.

Après examen, la police fédérale avait toutefois estimé qu’il n’avait pas tout rendu et en conservait encore beaucoup dans son club à Palm Beach.

Des agents du FBI s’y étaient rendus le 8 août et avaient saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11 000 documents, dont certains très sensibles, sur l’Iran ou la Chine.

Dénonçant avec force une opération médiatique, ses avocats avaient vivement reproché au FBI la publication d’une photo montrant des documents saisis estampillés «Top Secret», éparpillés sur une moquette au motif floral. 

Déboires 

Pour faire taire les accusations de machination, le ministre de la Justice Merrick Garland avait nommé en novembre un procureur spécial, Jack Smith, chargé de superviser l’enquête de manière indépendante ainsi qu’une autre sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole.

Un autre procureur spécial enquête en parallèle sur des documents classés confidentiels retrouvés en début d’année dans un ancien bureau et au domicile du président démocrate Joe Biden par ses avocats.

Ces trouvailles embarrassantes, ainsi que d’autres chez l’ex-vice-président Mike Pence, ont permis à Donald Trump de minimiser la gravité de sa conduite, même si Joe Biden a toujours coopéré avec la justice, restituant de son plein gré les documents, en nombre bien moindre.

Ce dossier est plus sérieux, sur le fond, que celui de New York. Et les déboires de Donald Trump ne s’arrêteront sans doute pas là.

Une procureure de Géorgie doit annoncer d’ici septembre le résultat de son enquête menée depuis des mois sur les pressions qu’il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020.