GHGSat compte déjà trois satellites en orbite. Toute la technologie a été conçue au Québec et les satellites sont assemblés à l’Université de Toronto. (Photo: La Presse Canadienne)
GLASGOW — Une entreprise québécoise tentera de vendre des satellites servant à mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) à la COP26, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est ouverte cette semaine à Glasgow.
GHGSat soutient que sa technologie unique est 10 à 100 fois plus précise que celles de ses concurrents, mais elle reconnaît qu’il est difficile de rivaliser avec des États qui financent davantage leur industrie aérospatiale.
L’entreprise établie dans la région métropolitaine fait partie de la délégation qui accompagne le premier ministre François Legault à ce grand sommet sur l’environnement.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le président de GHGSat, Stéphane Germain, a laissé entendre qu’il fera des annonces mardi et mercredi.
«C’est évidemment une occasion importante de contribuer au débat sur les façons de s’attaquer aux changements climatiques», a-t-il commenté dans une entrevue diffusée lundi.
C’est en effet un défi actuellement de répertorier et comptabiliser toutes les sources d’émissions de gaz à effet de serre, donc les États et grandes entreprises doivent se munir d’instruments de mesure précis pour atteindre leurs engagements de réduction des GES. GHGSat se concentre sur la mesure du méthane.
«Le méthane, c’est plus difficile à comptabiliser. Il y a plusieurs études aux États-Unis qui ont démontré que la marge d’erreur des inventaires est souvent de plus de 100%. On parle d’un facteur de deux pour une de différence entre les émissions rapportées et des émissions mesurées.»
GHGSat est la seule entreprise dans le monde qui peut déployer et exploiter des satellites aussi précis de détection, assure son PDG.
«Même la NASA, l’Agence spatiale européenne, il n’y a personne qui est capable de faire ce qu’on fait aujourd’hui avec nos satellites, soit de mesurer des émissions provenant de sites industriels, avec des seuils de détection qui sont environ 10 à 100 fois supérieurs à ceux des autres satellites en orbite aujourd’hui.»
Toutefois, M. Germain reconnaît que les moyens mis en œuvre par les États-Unis pour soutenir leur industrie sont colossaux par rapport à l’appui que peut accorder le Canada à des entreprises comme la sienne.
«Ça leur donne un gros avantage pour développer des systèmes, a-t-il expliqué. Par contre, le Canada et le Québec sont très forts en recherche et développement. C’est un excellent endroit pour lancer une nouvelle business aérospatiale.»
GHGSat compte déjà trois satellites en orbite. Toute la technologie a été conçue au Québec et les satellites sont assemblés à l’Université de Toronto.
Parmi les clients, on compte les pétrolières Shell et Total. Il y a aussi Environnement Canada qui détecte ainsi les sources de méthane notamment dans l’ouest du pays.
L’entreprise a déjà fait appel aux lanceurs de la NASA et de SpaceX pour mettre ses engins en orbite.
GHGSat compte environ 70 employés à Montréal, pour un total d’une centaine partout dans le monde. L’entreprise a des bureaux dans l’ouest du pays mais aussi à Londres et à Houston.