(Photo: Ryan Remiroz/ La Presse canadienne)
Des restaurateurs montréalais ont fait résonner leurs casseroles et leurs poêles dans la rue mercredi, exigeant des réponses du gouvernement sur le moment où ils pourront de nouveau accueillir des clients.
Près d’une centaine de personnes, dont environ 30 restaurateurs, ont fait entendre leur batterie de cuisine pendant environ 30 minutes en matinée, sur la place Jacques-Cartier et autour de l’hôtel de ville.
Le gouvernement provincial a autorisé les magasins de détail de Montréal ayant un accès extérieur à reprendre leurs activités, cette semaine, mais il n’a pas encore annoncé quand les restaurants pourraient ouvrir leurs salles à manger.
Eric Luksenberg, qui possède deux restaurants sur la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, a dit que sans la manne de la saison estivale, il ne serait pas en mesure de payer son loyer l’hiver prochain. Il a donc eu l’idée de faire un peu de bruit.
Un autre propriétaire de restaurants, Donato Trafficante, estime avoir été privé de plus de 80 000 $ en revenus à ses deux établissements, le week-end dernier. Il a soutenu que s’il ne pouvait pas ouvrir cet été, cela pourrait prendre deux à trois ans pour récupérer.
M. Trafficante espérait que la manifestation attirerait l’attention de la mairesse de Montréal Valérie Plante et du premier ministre du Québec, François Legault.
Il a déclaré que 80 % des ventes se font entre avril et septembre, et que l’incertitude amène beaucoup de craintes.
M. Luksenberg, dont les restaurants sont Chez Éric et Homard Fou, a déclaré que les restaurants paient le prix de la mauvaise gestion des résidences de soins de longue durée, qui ont connu les pires épidémies de COVID-19.
« La prochaine étape est de savoir quand le gouvernement nous donnera une date (de réouverture), a dit M. Luksenberg. Si nous n’avons pas de date, la prochaine étape, c’est peut-être de fermer les portes et de faire faillite. »
« À raison de 15 000 $ de loyer par mois, on va devoir tellement d’argent au propriétaire que nos commerces ne vaudront plus rien, a-t-il ajouté. Cet hiver, jamais on ne pourra verser un tel montant si on ne travaille pas pendant l’été, c’est clair. »
Jean-Marc Lavoie est propriétaire de deux établissements dans le Vieux-Montréal, le Jardin Nelson et le 2 Pierrots.
Il s’inquiète de leur avenir. Il dit que la pandémie a déjà mené à la fermeture d’un troisième, une succursale de La Cage, qui dépendait fortement des touristes.
« Il y a beaucoup d’inquiétudes, a dit M. Lavoie. Au Jardin Nelson, à cette période de l’année, en temps normal, il y a 140 employés. En ce moment, il n’y en a que sept. »
« Si on ne peut ouvrir qu’à partir du mois d’août, c’est sûr que la saison est perdue et que nous attendrions la saison prochaine avant de rouvrir. »
M. Lavoie mentionne qu’il y a plusieurs questions sans réponses :
à quelle date les restos pourront rouvrir, quelle sera la capacité permise, et quelles seront les conditions.
« Est-ce que les employés devront porter des masques ? Faudra-t-il enlever ou (rendre non disponibles) des tables ? »
M. Lavoie attend des indications de la part de la Ville de Montréal.
« Derrière (le Jardin Nelson), nous avons une terrasse de 500 places. Celle devant est sur le domaine public, et la Ville de Montréal n’a pas encore donné le feu vert pour installer ou agrandir les terrasses. Il faut avoir des réponses rapidement. »
« Les gouvernements au Québec, en Ontario et un peu partout dans le monde viennent de se rendre compte que la restauration et l’hôtellerie sont très importantes pour l’économie. Nous sommes négligés. Nous voulons simplement les sensibiliser à nos problèmes », a-t-il poursuivi.
M. Lavoie pense aux travailleurs laissés de côté.
« Il y a deux semaines, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a annoncé de l’aide pour nos secteurs, a continué M. Lavoie. On veut pouvoir donner du travail à nos employés. Plusieurs sont des étudiants qui ont besoin de leur salaire pour continuer leurs études. »
Plus tôt ce mois-ci, un sondage mené par l’Association des restaurateurs du Québec a révélé que 72 % des membres voulaient rouvrir, même s’ils devaient réduire de moitié la capacité des établissements.