Des quarts de travail de préposés comblés par des infirmières
La Presse Canadienne|Publié le 28 août 2019Des infirmières, des infirmières auxiliaires de même que des gestionnaires prêtent main-forte pour palier à la pénurie.
La pénurie de préposés aux bénéficiaires est telle que des infirmières et infirmières auxiliaires ont fait des heures supplémentaires comme préposés, mais rémunérées selon leur salaire d’infirmière.
La situation s’est notamment produite dans au moins deux Centres intégrés de santé et de services sociaux, celui de Chaudière-Appalaches et celui de la Mauricie-et-du-Centre-du Québec, qui éprouvent de sérieux problèmes de recrutement de préposés.
Le CISSS de Chaudière-Appalaches a dû recourir à cette « mesure exceptionnelle » vu le nombre de quarts de travail qui n’étaient pas comblés, particulièrement dans les CHSLD et pour des quarts de soir, de nuit et de fin de semaine, a confirmé en entrevue avec La Presse canadienne, mercredi, Mireille Gaudreau, relationniste.
« On a fait un appel à tous, à l’interne. On a fait un appel aux employés de tout type, qui occupaient n’importe quel titre d’emploi » pour combler ces quarts de travail qui étaient restés à découvert. Et ces infirmières ou infirmières auxiliaires touchent alors leur taux de salaire normal, qui est évidemment plus élevé que celui d’un préposé aux bénéficiaires.
Josée Jenkins, présidente du syndicat local rattaché au Syndicat québécois des employés de service (SQEES), affilié à la FTQ, a vu des cas d’infirmières et infirmières auxiliaires combler ainsi des quarts de travail de préposés aux bénéficiaires.
« J’ai des centres d’hébergement, sur trois quarts de travail les week-ends, on se retrouve à moins huit préposés aux bénéficiaires. Ce sont eux (elles) qui viennent combler les quarts qui sont à découvert, malheureusement », a relaté Mme Jenkins.
« Une infirmière, qui est bachelière, qui vient faire du travail de préposé aux bénéficiaires, gagne un très bon salaire pour faire du travail de préposé aux bénéficiaires. Et en temps supplémentaire, en plus ! » s’est-elle exclamée.
En Mauricie aussi
Au CISSS de la Mauricie-et-du-Centre-du Québec, l’agente d’information Julie Michaud rapporte la même problématique causée par une pénurie de préposés aux bénéficiaires. Là aussi, combler ces quarts de préposés par des infirmières, voire par d’autres professionnels, « ça s’est fait ». Mais elle ne peut dire le nombre de cas.
Dans ce CISSS, même « les gestionnaires sont venus prêter main-forte et ils sont payés, les gestionnaires, à leur taux horaire à eux », a précisé Mme Michaud.
Et ailleurs
Un autre syndicat, cette fois au CISSS de la Montérégie-Ouest, rattaché au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) affilié à la FTQ, a rapporté la même problématique liée à la pénurie de préposés.
« Il existe plusieurs façons : il y a des infirmières auxiliaires qui rentrent à taux simple pour faire carrément le travail de préposé ; il y en a d’autres qui rentrent en temps supplémentaire, à leur salaire, bien entendu. Et même dernièrement, ils ont commencé à demander à des professionnels s’ils étaient prêts à rentrer les fins de semaine pour faire quelques tâches de préposés, plus leurs tâches à eux. Ce sont des professionnels qui gagnent 40 $ l’heure », a rapporté Simon Beaulieu, président du syndicat local du SCFP.
Autres moyens
Québec vient d’ailleurs d’annoncer que 2000 bourses de 7500 $ seront offertes à des candidats qui suivront une formation de préposé aux bénéficiaires. Les candidats doivent s’engager à travailler durant au moins deux ans dans l’établissement qui les parraine.
Québec espère pouvoir embaucher 30 000 préposés aux bénéficiaires d’ici cinq ans pour répondre à la demande, qui va en augmentant, vu le vieillissement accéléré de la population.
La semaine dernière, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, avait souligné que d’autres moyens avaient également été déployés par le ministère, comme un budget supplémentaire pour le « coaching » des préposés aux bénéficiaires.
Mme Michaud, du CISSS de la Maurice-et-du-Centre-du-Québec, cite aussi « plusieurs incitatifs financiers à l’interne », comme des frais de déplacement qui peuvent être remboursés, dans certains cas, et un montant offert lorsque l’employé accepte de travailler durant deux fins de semaine consécutives.
Salaires
Au premier échelon, un préposé aux bénéficiaires dans le secteur public gagne 20,55 $ l’heure et jusqu’à 22,35 $ au cinquième et dernier échelon.
Une infirmière auxiliaire gagne 22,59 $ au premier échelon et jusqu’à 30,46 $ au 12e et dernier échelon.
Une infirmière gagne 24,08 $ l’heure au premier échelon et jusqu’à 39 $ l’heure au 18e et dernier échelon.