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Des nuages à l’horizon pour le retour à l’équilibre budgétaire

La Presse Canadienne|Publié le 01 Décembre 2022

Des nuages à l’horizon pour le retour à l’équilibre budgétaire

Les promesses électorales de la CAQ ne vont toutefois pas dans la direction de la prudence budgétaire, juge l’IDQ. (Photo: La Presse Canadienne)

Le gouvernement Legault devrait s’assurer de présenter un plan clair de retour à l’équilibre budgétaire et de réduction de la dette du Québec à long terme, plaide la directrice de l’Institut du Québec (IDQ), Emna Braham, à l’approche de la publication de la mise à jour économique.

La situation budgétaire du gouvernement du Québec s’annonce plus difficile que ce qui était prévu durant la campagne électorale. Le cadre financier de la Coalition avenir Québec (CAQ) prévoyait une croissance économique de 1,7% en 2023 au moment de la campagne électorale. Or, l’horizon économique s’est assombri depuis, si bien que le consensus des économistes anticipe une croissance de 0,4%.

Rien ne dit que le ciel ne s’assombrira pas davantage, prévient Emna Braham. «On nage en pleine incertitude, dit-elle en entrevue. On n’est pas encore certain de l’impact qu’aura la hausse des taux d’intérêt sur les ménages, sur leurs finances, sur leur confiance. On a une guerre en Ukraine qui s’éternise.»

«Tout ça fait en sorte que même si les prévisions sont plus pessimistes aujourd’hui, on peut penser qu’elles pourraient encore changer rapidement dans les prochains mois. On est dans un contexte qui appelle à une grande prudence.»

Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, lui-même, a déjà prévenu récemment que le Québec se dirigeait vers une période de stagnation économique. Il a toutefois indiqué qu’une éventuelle récession serait «faible» et «gérable».

«Lorsque vous prenez des taux d’intérêt qui sont presque à zéro pour cent et qu’on les amène à 4% [ça crée un] choc sur l’économie. C’est certain que les secteurs qui sont sensibles aux taux d’intérêt vont ralentir», soulignait le ministre lors d’une allocution prononcée la semaine dernière.

 

Plaidoyer pour la prudence budgétaire

Les promesses électorales de la CAQ ne vont toutefois pas dans la direction de la prudence budgétaire, juge l’IDQ, dans un mémoire publié jeudi en prévision de la mise à jour économique du Québec dévoilée le 8 décembre.

Le coût estimé des promesses du «bouclier anti-inflation» est de 14,7 milliards de dollars (G$) sur quatre ans, selon le cadre financier de la CAQ. Ce train de mesures comprend la baisse d’impôt des particuliers, les chèques envoyés aux ménages pour compenser l’inflation élevée, le plafonnement des tarifs gouvernementaux et la bonification du crédit d’impôt remboursable pour soutenir les aînés.

La CAQ devrait respecter sa promesse de baisser les impôts des Québécois (7,9 G$ sur quatre ans), qui sera financée en réduisant les versements au Fonds des générations.

L’IDQ invite cependant le gouvernement Legault à adopter un plan plus clair sur l’avenir du Fonds, créé en 2006 par le gouvernement Charest pour réduire le poids de la dette par souci d’équité entre les générations.

Le rôle du Fonds fait l’objet d’un débat public. Les cibles de réduction de la dette ont été atteintes plus rapidement que prévu tandis que des voix diverses s’élèvent pour financer d’autres priorités que ce soit la lutte au changement climatique, la baisse des impôts ou l’octroi de financement supplémentaire aux services publics.

Il est légitime d’évaluer la pertinence de réduire les versements au Fonds des générations, il serait mal avisé de l’abandonner complètement, juge Emna Braham. «Il faut une discipline pour mettre de côté cet argent-là. Ça a bien fonctionné pour l’instant pour le Québec.»

L’IDQ aimerait également que Québec modernise la Loi sur l’équilibre budgétaire pour tenir compte des crises majeures. La loi n’aurait ainsi plus à être suspendue comme elle l’a été à deux reprises en raison de la crise financière de 2008 et en raison de la pandémie.

Repousser l’équilibre budgétaire lors d’une crise majeure est la chose à faire, mais l’IDQ aimerait que le gouvernement adopte des critères qui traceraient la voie à suivre en case de crise. «Est-ce qu’on pourrait moderniser la Loi pour que l’équilibre budgétaire soit plutôt défini autour d’indicateurs économiques comme la croissance de l’économie ou le taux d’emploi ?»