Des Mohawks déterminés à stopper un projet résidentiel
La Presse Canadienne|Publié le 09 juillet 2021Malgré l’ambiance détendue, les habitants du camp ont déclaré qu’ils n’étaient pas disposés à céder «un seul centimètre» du territoire qu’ils revendiquent. (Photo: La Presse Canadienne)
Des membres de la communauté de Kahnawake qui occupent une parcelle de terrain contestée disent qu’ils camperont «aussi longtemps qu’il le faudra» pour arrêter un projet résidentiel.
Jeudi après−midi, une demi−douzaine d’enfants ont joué autour d’une clairière à proximité d’un feu de camp et où trois tentes avaient été dressées sous des drapeaux warrior. Six ou sept membres adultes de la communauté étaient assis sur des chaises de jardin, discutant sous une tente en filet qui les protégeait de la bruine.
Malgré l’ambiance détendue, les habitants du camp ont déclaré qu’ils n’étaient pas disposés à céder «un seul centimètre» du territoire qu’ils revendiquent.
«Nous comptons, et nous allons arrêter cela», a déclaré Kaherihshon Beauvais, une membre de la communauté sur le site. «C’est notre terre, ce sont nos enfants.»
La nouvelle grande cheffe de Kahnawake, Kahsennenhawe Sky−Deer, a déclaré qu’elle offrait son plein soutien à l’effort.
«Nous avons envoyé de nombreuses lettres à des personnes dans les bureaux du gouvernement, au premier ministre… même au ministre des Affaires autochtones du Québec Ian Lafrenière et, malheureusement, les choses sont restées sans réponse», a déclaré jeudi en entrevue Mme Sky−Deer, élue cheffe le week−end dernier.
«C’est un problème très urgent pour nous. Il s’agit de récupérer nos terres.»
Les Mohawks de Kahnawake ont établi le campement à côté de leur communauté le 1er juillet dans un boisé en bordure de la municipalité de Châteauguay, au sud de Montréal. Le conseil municipal de Châteauguay a adopté un changement de zonage dans le secteur le 15 mars, ouvrant la voie à la construction de 290 unités d’habitation sur le terrain.
Le chef du conseil mohawk, Mike Delisle, a déclaré que le terrain est connu sous le nom de «parcelle E», dans le cadre d’un accord de transfert de territoire avec le gouvernement du Québec à la suite de l’expansion en 2007 d’une autoroute juste au sud de Kahnawake. Le Québec doit toujours à Kahnawake 211 acres de terrain pour le prolongement de l’autoroute 30, a déclaré M. Delisle dans une entrevue.
Mme Sky−Deer estime que les gouvernements fédéral et provincial devraient saisir cette occasion pour négocier avec sa communauté et transférer le contrôle des terres à Kahnawake.
«C’est pour nous l’occasion idéale de récupérer nos terres, car elles n’ont pas encore été développées», a déclaré Mme Sky−Deer.
M. Lafrenière a déclaré jeudi dans un communiqué qu’il encourageait la municipalité de Châteauguay à poursuivre les conversations avec le conseil mohawk concernant le projet domiciliaire.
«La communauté souhaite que cette terre soit acquise par le (gouvernement) fédéral en ce qui concerne les revendications territoriales, donc une solution doit être trouvée rapidement», a affirmé M. Lafrenière, ajoutant qu’il était en contact avec la grande cheffe de Kahnawake.
Les responsables à la Ville de Châteauguay n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour commenter la situation.