Des gens d’affaires s’inquiètent de l’effet Trump sur l’économie canadienne
La Presse Canadienne|Mis à jour le 06 novembre 2024Cette mise en garde survient à quelques semaines de l'intronisation de Donald Trump à la Maison-Blanche. (Photo: La Presse canadienne)
Tandis que les Canadiens se sont réveillés en apprenant que Donald Trump reviendra à la Maison-Blanche, la position protectionniste du président élu met en lumière les effets que son second mandat aura sur les liens économiques entre le Canada et les États-Unis.
Certains chefs d’entreprise canadiens ont exprimé leur inquiétude face à la promesse de M. Trump d’imposer un tarif universel de 10% sur toutes les importations américaines.
Un rapport de la Chambre de commerce du Canada publié le mois dernier suggère que ces tarifs feraient régresser l’économie canadienne, entraînant des coûts économiques d’environ 30 milliards de dollars (G$) par an. Plus de 77% des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis.
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Le secteur manufacturier canadien est le plus à risque si M. Trump décide d’imposer des tarifs douaniers généralisés, a indiqué Dennis Darby, président et chef de la direction de Manufacturiers et Exportateurs du Canada.
«Il est dans l’intérêt des États-Unis, dans notre intérêt, mais surtout dans celui des consommateurs de toute l’Amérique du Nord, que nous puissions échanger des biens, des matériaux, des ingrédients, comme nous le faisons dans le cadre des accords commerciaux», a soutenu M. Darby en entrevue.
«C’est un résultat plus complexe ou plus compliqué que cela aurait été le cas avec les démocrates, mais nous avons déjà dû faire face à cette situation et nous allons faire de notre mieux pour y faire face à nouveau.»
Les économistes américains ont également averti que le plan de Donald Trump pourrait provoquer de l’inflation et peut-être une récession, ce qui pourrait avoir des répercussions au Canada.
Mais ce sont les consommateurs qui ressentiront en fin de compte le fardeau de tout effet inflationniste causé par des tarifs douaniers généraux, a prévenu M. Darby.
«Un tarif a tendance à augmenter les coûts, et en fin de compte, il augmente les prix, c’est donc quelque chose auquel nous devons nous préparer», a-t-il déclaré.
Possible réduction des volumes d’exportations
Selon un rapport publié le mois dernier par l’économiste de la TD Marc Ercolao, les études montrent qu’une mise en œuvre à grande échelle du plan tarifaire de M. Trump pourrait entraîner une réduction de près de 5 % des volumes d’exportations canadiennes vers les États-Unis d’ici le début de 2027, par rapport aux prévisions de base actuelles.
Les représailles du Canada augmenteraient également les coûts pour les producteurs nationaux et réduiraient les volumes d’importation.
«Le ralentissement de l’activité d’importation atténue une partie de l’impact négatif net du commerce sur le PIB total suffisamment pour éviter une récession technique, mais produit toujours une période de stagnation prolongée jusqu’en 2025 et 2026», a expliqué M. Ercolao.
Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique en 2020, les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis ont bondi de 46 %, selon la Chambre de commerce de la région de Toronto.
L’accord devra être révisé en 2026 et la présidente et directrice générale de la Chambre de commerce du Canada, Candace Laing, encourage le gouvernement canadien à «collaborer efficacement avec l’administration Trump pour préserver et renforcer notre partenariat économique bilatéral».
«Avec 3,6 milliards de dollars d’échanges commerciaux chaque jour, le Canada et les États-Unis sont les partenaires internationaux les plus étroits l’un pour l’autre. La circulation fluide et efficace des biens et des personnes à travers notre frontière (…) demeure essentielle pour les économies des deux pays», a-t-elle ajouté.
«En résistant aux tarifs douaniers et aux barrières commerciales qui ne feront qu’augmenter les prix et nuire aux consommateurs des deux pays, le Canada et les États-Unis s’assurent de renforcer des chaînes d’approvisionnement transfrontalières résilientes, solidifiant ainsi notre sécurité économique commune.»
Par Sammy Hudes