Il faut «s'assurer avant toute chose que la liberté de la presse (sera) préservée et pérennisée».
La crise des médias a atteint un point «critique» au Québec, accentuant la pression sur le gouvernement Legault pour une intervention rapide et musclée, selon la députée caquiste Claire Samson.
L’ampleur de la crise est telle, a fait valoir la députée d’Iberville en entrevue à La Presse canadienne, que le gouvernement ne peut plus se payer le luxe d’attendre ou de tergiverser: il dispose d’un an, au maximum, pour éviter de voir des entreprises de presse fermer leurs portes.
«Ça va prendre un plan corsé, d’ici au maximum un an», sinon certains médias vont tout simplement « »péter au frette », c’est sûr», prédit la députée, reconnue pour son expertise du secteur des médias et des communications.
À très court terme, donc, les médias nationaux et régionaux, dont les revenus publicitaires sont en chute libre depuis des années, auront besoin du soutien financier de l’État, un soutien qui pourrait prendre diverses formes, dit-elle.
Mais surtout, insiste la députée, il devra s’agir d’un «financement de transition» vers un nouveau modèle d’affaires à définir et non d’une forme de structure permanente.
Car ce qui est en jeu ici, c’est l’indépendance des médias de toute influence politique.
Il faut «s’assurer avant toute chose que la liberté de la presse (sera) préservée et pérennisée», dit celle qui a oeuvré dans le milieu pendant une quarantaine d’années, occupant des postes de gestion de haut niveau, avant de se lancer en politique.
En élaborant les mesures à prendre pour soutenir la presse, le gouvernement devra garder à l’esprit que ceux qui ont pour mandat d’informer la population doivent se sentir libres, sans «épée de Damoclès au-dessus de leur tête, à chaque fois qu’ils écrivent un éditorial ou qu’ils émettent une opinion».
Elle entend donc au cours des prochains mois sensibiliser le caucus de la CAQ et le gouvernement à l’importance de l’enjeu.
Elle prévoit aussi suivre de près les travaux de la commission parlementaire sur l’avenir des médias, qui débute à la fin du mois d’août.
Cette consultation vise à identifier des pistes de solution au problème chronique de financement des entreprises de presse à l’ère du numérique et de l’information disponible gratuitement sur toutes les plateformes.
Avant de faire le saut en politique en 2014, la titulaire d’un MBA avait été notamment présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la production médiatique, directrice générale des communications et directrice générale de la programmation au réseau français de Radio-Canada, vice-présidente à la direction et chef des opérations de TQS et vice-présidente des communications à TVA.
De diverses façons, la fiscalité pourrait être une mesure privilégiée pour atténuer les effets de la crise, selon elle.
«Mais est-ce qu’on finance les journalistes ou les médias?», et est-ce que ce serait une bonne idée de prévoir des crédits d’impôt pour défrayer les salaires des journalistes? Ou encore d’offrir des crédits de taxes aux annonceurs qui encouragent les médias traditionnels?
Chose certaine, ajoute-t-elle, le gouvernement doit «donner l’exemple» et éviter d’investir dans les médias sociaux.
Québec devrait aussi trouver le moyen de taxer les entreprises multinationales étrangères, les Facebook et Google, «qui font des revenus au Québec et qui ne payent pas de taxes» au Québec.