Le projet-pilote, qui devrait prendre son envol d’ici peu, prévoit que les matières résiduelles gérées par les entreprises du secteur de la construction seront triées dans plusieurs conteneurs à même les chantiers. (Photo: La Presse Canadienne)
Alors que la quantité de rebuts de construction, rénovation et démolition (CRD) envoyés à l’enfouissement augmente constamment depuis cinq ans, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) lancera sous peu un projet-pilote de tri des matières directement sur les chantiers de construction.
Les CRD comptaient en 2021 pour près du tiers des matières envoyées à l’enfouissement, indiquait le dernier bilan de gestion des matières résiduelles de Recyc-Québec. Les quelque 1 018 000 tonnes de déchets générés par l’industrie de la construction et de la rénovation représentaient une hausse de 20% en trois ans.
Le directeur des affaires publiques et des communications de l’APCHQ, David Dinelle, explique cette augmentation entre autres par l’explosion des mises en chantier au cours des dernières années.
«On est passés à 68 000 [unités en construction] au cours des dernières années, et on en a besoin d’encore plus en raison de la crise du logement, souligne-t-il. Il manquerait 100 000 unités de toutes sortes. Mais on ne peut pas tout simplement enfouir plus parce qu’on construit plus.»
Néanmoins, cette augmentation mine les progrès effectués dans d’autres secteurs, notamment dans la diminution des déchets domestiques. Rappelons qu’en 2019, le gouvernement Legault avait fixé comme objectif de plafonner la quantité de déchets produits par Québécois à 525 kilogrammes avant la fin de cette année.
L’industrie de la construction est bien consciente de l’état de la situation et est prête à agir pour renverser la tendance, souligne M. Dinelle.
«Il y a eu une prise de conscience, nos membres sont conscients des impacts environnementaux de leurs activités», indique-t-il.
Actuellement, indique celui qui est aussi membre du comité gouvernemental d’experts chargé d’étudier la gestion des CRD, les déchets qui pourraient être réutilisés ou revalorisés sont trop souvent contaminés par d’autres rebuts, alors que toutes les matières sont empilées dans le même conteneur. Cela a pour effet d’augmenter ce qui prend la route du dépotoir.
Tri à la source
Le projet-pilote, qui devrait prendre son envol d’ici peu, prévoit que les matières résiduelles gérées par les entreprises du secteur de la construction seront triées dans plusieurs conteneurs à même les chantiers.
Plusieurs entreprises, de tailles différentes, mais travaillant dans le secteur de l’habitation neuve et de la rénovation, prendront part à l’initiative de l’APCHQ, à savoir Construction Audet du Centre-du-Québec, Construction Rocket et UrbanÉco de l’Estrie, Écohabitations boréales des Laurentides, Les Habitations Jasmont Deschênes de la Montérégie, Groupe TRÉMÄ de Laval, Groupe Immobilier Brochu 2015 de Chaudière-Appalaches et Espé de Montréal.
«On va les rencontrer sous peu et les chantiers vont commencer entre mars et mai, explique M. Dinelle. On voulait un échantillon diversifié parce que les chantiers ne sont pas tous pareils.»
Le tout sera coordonné par la firme Stratzer, un cabinet d’expertise environnementale spécialisé en gestion des matières résiduelles, et financé par le Fonds Écoleader.
Les résultats du projet-pilote de dix mois seront colligés dans un rapport, dont l’objectif sera de mettre en lumière les meilleures pratiques mises en œuvre selon les différents contextes.
«Notre objectif est de documenter les meilleures pratiques et les conditions gagnantes pour chaque type de chantier», indique M. Dinelle.
Ce rapport devrait être prêt d’ici la fin de l’année.
Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.