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Comment surmonter la culpabilité de ne pas épargner suffisamment?

La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024

Comment surmonter la culpabilité de ne pas épargner suffisamment?

Obtenir des sources de revenus créatives et diversifiées peut vous aider à augmenter votre épargne. (Photo: 123RF)

Alors que le coût de la vie plus élevé continue de comprimer les budgets des ménages, de nombreux Canadiens découvrent qu’il leur reste encore moins à la fin de chaque mois pour préparer l’avenir. 

Certains pourraient éprouver de la honte de ne pas avoir pu épargner suffisamment au cours des derniers mois et intérioriser cette émotion, mentionne Kalee Boisvert, conseillère financière chez Raymond James, en entrevue.

«Je dirais que c’est davantage parce que les gens se sentent coupables de ne pas épargner suffisamment et qu’ils aimeraient pouvoir faire plus», affirme Mme Boisvert. 

«J’entends cela de la part de beaucoup de gens, il faut reconnaître que nous traversons une saison vraiment difficile», ajoute-t-elle.

Kalee Boisvert, conseillère financière chez Raymond James (Photo: La Presse Canadienne – Photo fournie)

Alors que le coût des remboursements hypothécaires, du loyer et de la dette des consommateurs a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières années, les revenus de nombreux ménages n’ont pas suivi le rythme, réduisant lentement la part de l’épargne mensuelle.

Les gens ont souvent le sentiment que leur incapacité à épargner suffisamment relève de leur responsabilité personnelle, mais la crise de l’abordabilité arrive de l’extérieur, soutient Chantel Chapman, PDG et co-fondatrice de Trauma of Money.

«S’il y a des problèmes d’accessibilité, nous devons nous demander à qui revient cette honte ou à qui incombe cette culpabilité», dit Mme Chapman.

La majeure partie des revenus du ménage peut être consacrée au paiement des factures à temps, à maintenir un toit au-dessus de sa tête et à l’épicerie, évoque-t-elle. Par la suite, il n’y a peut-être pas assez d’épargne. 

«Ces sentiments de culpabilité, nous devons les remettre en question», estime Mme Chapman. 

Elle fait valoir que les gens n’ont aucun contrôle sur les facteurs externes tels que le ralentissement économique, les licenciements massifs, les loyers élevés et les taux d’intérêt.

Une étude de Coast Capital réalisée en décembre a montré que plus d’un tiers des Canadiens ressentaient une honte financière et la moitié des répondants au sondage ont déclaré que leur bien-être mental et émotionnel était affecté par les finances.

 

Dépersonnaliser la culpabilité 

Mais il existe un moyen de briser ce cycle de culpabilité, assure Mme Chapman.

Cela commence par remarquer le raisonnement que nous pouvons avoir. Mme Chapman donne en exemple une personne qui pourrait se dire: «Je suis stupide et mauvaise avec l’argent parce que je n’économise pas (mais) tout le monde épargne». 

Ensuite, il faut observer l’impact que cela peut avoir sur le système nerveux. Les effets peuvent être une rougeur de la peau ou un resserrement de la gorge, indique Mme Chapman. Une fois que ses clients commencent à remarquer la corrélation entre leur pensée et la réponse corporelle, elle leur demande d’identifier à qui est la faute: est-elle interne ou externe?

Cela aide à réguler le système nerveux, affirme Mme Chapman, et laisse place à des mesures pratiques telles que revoir son budget, ajuster ses priorités en matière de dépenses ou simplement en parler avec un ami.

La dépersonnalisation de la culpabilité est la dernière étape pour briser le cycle, selon Mme Chapman, en particulier pour ceux qui pensent que c’est entièrement de leur faute s’ils n’épargnent pas suffisamment.

«Nous devons prendre de la distance par rapport à nous-mêmes, mentionne-t-elle. Le monde entier a complètement changé, donc bien sûr les comportements financiers vont changer.»

 

La comparaison, un autre facteur 

Mme Boisvert indique que de nombreux travailleurs, qui ont conservé leur emploi pendant la pandémie, ont pu économiser d’énormes sommes d’argent pendant cette période. À mesure que la normale revenait, les dépenses aussi, comme les voyages, et les sorties au restaurant.

«Il y a un élément de comparaison avec ce qu’ils ont pu mettre de côté il y a quelques années, expose-t-elle. Maintenant, ils ont l’impression d’avoir franchi un stade plus élevé.»

La comparaison avec les autres joue également un rôle dans la culpabilité liée à l’épargne, souligne Jessica Moorhouse, experte financière et animatrice du balado «More Money». Même si les comparaisons ne sont pas nouvelles, les réseaux sociaux ont aggravé la situation, dit-elle.

Et cette culpabilité est souvent présente à travers les âges, peu importe à quel point les gens ont été frugaux, affirme Mme Moorhouse. 

Pour les jeunes, le sentiment de culpabilité vient du fait qu’ils n’épargnent pas suffisamment pour constituer une mise de fonds pour l’achat d’une maison. Les personnes qui ont fondé une famille se sentent coupables de ne pas avoir économisé suffisamment pour leurs enfants. Ceux qui envisagent de prendre leur retraite se sentent coupables de ne pas avoir atteint l’objectif d’épargne qu’ils s’étaient fixé.

Même s’il peut être utile d’être économe ou de réduire ses dépenses, il existe d’autres moyens d’augmenter ses économies.

Mme Boisvert mentionne que les gens devraient profiter des avantages sociaux et des programmes de contrepartie pour économiser davantage et se concentrer sur leurs objectifs à long terme.

«Cela pourrait durer une saison. Cela pourrait ne pas durer éternellement», affirme-t-elle, suggérant de suivre les progrès sur les objectifs à long terme.

Obtenir des sources de revenus créatives et diversifiées peut vous aider à augmenter votre épargne.

Mme Moorhouse a suggéré de trouver un deuxième emploi le week-end, de démarrer une activité parallèle ou même de changer d’emploi pour augmenter son salaire.

«Je dis aux gens de dépenser moins et de gagner plus. C’est ce qui fonctionne», avance-t-elle.