Un programme de départs volontaires serait mis en place à partir de juin. (Photo: La Presse Canadienne)
C’est la fin du papier pour les six quotidiens régionaux des Coops de l’information (CN2i), qui abolira une centaine de postes cette année, soit environ le tiers de ses effectifs.
Les journaux «Le Droit», «Le Soleil», «La Tribune», «Le Nouvelliste», «La Voix de l’Est» et «Le Quotidien», qui avaient conservé une édition papier le samedi, cesseront d’être imprimés à la fin de l’année, a confirmé l’entreprise dans un texte publié sur le site de ses différentes publications.
Dans la foulée, une centaine de postes pourraient être abolis sur environ 350 employés. La coopérative espère que les départs volontaires permettront d’éviter les mises à pied. Les employés liés au papier seront toutefois touchés.
Du côté syndical, on affirme que la direction n’a pas encore donné de plan précis, mais qu’il y a une ouverture pour trouver la meilleure façon d’assurer la pérennité de CN2i avec le moins d’impacts négatifs pour les employés, répond la présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture de la CSN, Annick Charette, en entrevue. «L’atmosphère n’est pas confrontationnelle.»
L’abolition de postes a indirectement déjà commencé puisque la coopérative a décrété récemment un gel des embauches, ajoute Annick Charette.
Il n’a pas été possible d’avoir une réaction immédiate de la direction. La directrice générale des Coops de l’information, Geneviève Rossier, a indiqué au «Journal de Montréal» qu’un programme de départs volontaires serait mis en place à partir de juin. Arrivée en poste au mois de mars, Geneviève Rossier dirigeait auparavant le service français de La Presse Canadienne.
Réaction de la FPJQ
À la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), on souligne que cette décision marque un moment décisif dans l’histoire du journalisme au Québec.
«Ce n’est pas seulement la fin de l’édition papier du samedi. C’est la fin du papier tout court, une tradition vieille de plus de 125 ans au Soleil. C’est aussi la fin d’un certain modèle d’affaires dont la transformation était amorcée depuis quelques années», a affirmé Alexandre Duval, président de la FPJQ section Québec, dans un communiqué émis en soirée.
Il ajoute que les bouleversements des dernières années dans les médias d’information en général démontrent que la question des revenus publicitaires n’est pas encore été réglée.
«Comme dans la plupart des pays, les versions imprimées des médias disparaissent à tour de rôle afin de réduire les coûts de distribution pour les médias. Bien qu’il s’agisse de l’application d’une décision qui était prévue depuis un certain temps, qui se fera de manière ordonnée par CN2i, ça démontre l’urgence d’aller de l’avant avec le projet de loi C-18, afin de rétablir un équilibre financier», ajoute le président de la FPJQ, Michaël Nguyen.
«Depuis déjà trop longtemps, les revenus des entreprises de presse d’ici sont vampirisés par les géants technologiques américains, causant des dommages, parfois irréparables», souligne Michaël Nguyen.
Un contexte difficile pour le papier
Les six quotidiens de CN2i seront ainsi entièrement diffusés sur les plateformes numériques. La coopérative prévoit d’ailleurs une nouvelle interface web pour ses sites ainsi que de nouvelles applications.
Les publications avaient déjà amorcé un abandon partiel du papier lorsqu’elles avaient cessé de publier leurs éditions papier du lundi au vendredi, en mars 2020.
Le contexte est difficile pour les journaux imprimés. Les coûts d’impression subissent des pressions inflationnistes au même moment où une part de leurs revenus publicitaires ont migré vers les géants du web comme Facebook et Google.
En décembre dernier, le Journal de Québec et le Journal de Montréal ont annoncé qu’ils arrêtaient d’imprimer leur édition du dimanche dès le début de l’année 2023. En octobre, Postmedia a abandonné l’impression de l’édition du lundi pour neuf de ses publications, dont Montreal Gazette.