Chefs autochtones: François Legault est arrogant et paternaliste
La Presse Canadienne|Publié le 26 novembre 2021François Legault avait d’abord prévu de ne pas rencontrer les chefs, il a finalement accepté d’accorder un total de trois questions à la fin de son allocution. (Photo: La Presse Canadienne)
François Legault est «arrogant», «paternaliste» et «malhonnête», ont dénoncé de nombreux chefs autochtones, après son passage vendredi au Grand Cercle économique des peuples autochtones et du Québec.
M. Legault avait d’abord prévu de ne pas rencontrer les chefs, préférant seulement faire un discours devant les participants réunis. Devant l’insistance des chefs, et après 30 minutes de retard, il a finalement accepté d’accorder un total de trois questions à la fin de son allocution, ont-ils expliqué.
«Il n’avait pas le temps de rencontrer les chefs, mais il avait le temps de parler aux médias», a déclaré le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, faisant référence à la conférence de presse qui a immédiatement suivi le passage sur scène du premier ministre.
L’un des chefs, Réal McKenzie, a choisi d’interroger M. Legault sur la question territoriale, pour lui demander d’ouvrir des discussions sur les redevances que devraient recevoir les nations autochtones en échange de l’exploitation de leurs terres. Le chef John Martin, lui, a abordé la manière dont les politiques d’accès aux ressources naturelles sont formulées, qui selon lui excluent les nations autochtones.
Dans les deux cas, le premier ministre n’a pas voulu s’avancer, disant plutôt qu’il est «prêt à s’asseoir avec chacun d’entre vous pour développer des projets concrets», où les communautés recevraient «une part des profits».
«Il n’a pas du tout répondu à la question», a affirmé le chef Martin.
Le chef McKenzie, lui, a tenu à remettre les pendules à l’heure: le territoire exploité, «c’est notre chez nous ; quand on parle de redevances, ce n’est pas le montant associé qui est important, c’est le titre».
«Nous pouvons nous aussi gérer nous-mêmes de grands projets» sans avoir besoin de laisser la place à des compagnies d’exploitation, a renchéri le chef Picard.
Multiples investissements
Le premier ministre a annoncé durant sa présentation que le gouvernement allait investir 10 millions $ sur cinq ans pour soutenir la toute nouvelle École de dirigeants des Premières Nations de HEC Montréal, dont le dévoilement a eu lieu jeudi.
Plus tôt, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, avait déclaré que 3,3 millions $ seraient alloués à un projet hôtelier à Kahnawake.
À la demande de la grande cheffe de cette même communauté, Kahsennenhawe Sky-Deer, M. Legault a donné son appui à une potentielle exposition à portée internationale sur le thème des cultures autochtones. «Oui, j’aimerais beaucoup avoir ce genre d’exposition, a-t-il dit, il nous faut un lieu qui rend la connaissance de vos cultures accessible aux Québécois.»
«Il est en mode électoral, a commenté le chef Picard. Il fait une poignée d’annonces pour polir son image.»
Selon lui, «saisir l’opportunité de l’événement pour faire un passage (…) ça démontre une certaine arrogance».