Canada: record de rémunération moyenne annuelle des PDG en 2022
La Presse Canadienne|Publié le 02 janvier 2024David Macdonald a observé que l’écart entre le salaire moyen des PDG et celui des travailleurs est le plus élevé en Ontario. (Photo: La Presse Canadienne)
Les 100 PDG les mieux payés au Canada ont battu des records en matière de rémunération en 2022, selon l’économiste principal du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), David Macdonald.
Le rapport annuel de l’organisation révèle que les PDG, pour la plupart des hommes, ont reçu une rémunération moyenne de 14,9 millions de dollars (M$) comparativement à 14,3 M$, en moyenne, en 2021. Cela représente 7162 $ l’heure, soit 246 fois plus que ce que gagne le travailleur canadien moyen.
Avant la fin du deuxième jour de la nouvelle année, le PDG moyen a déjà gagné le salaire annuel moyen d’un travailleur, selon le rapport.
Cet écart s’est creusé en 2022, puisque le travailleur moyen a vu son salaire augmenter de 3% tandis que celui des PDG a augmenté en moyenne de 4,4%. Parallèlement, les prix ont augmenté de 6,8% cette année-là, selon le rapport.
«C’est étroitement lié à ce qui arrivera aux bénéfices des entreprises en 2022, comme ce qui s’est produit en 2021», a déclaré l’économiste Macdonald. «L’inflation génère les profits, les bénéfices génèrent les primes et les PDG en récoltent les fruits.»
Le CCPA suit la rémunération des PDG depuis une quinzaine d’années. Au début du rapport, les PDG gagnaient près de 150 fois le salaire moyen comparativement à 246 fois en 2022.
La majeure partie de la rémunération des PDG n’est pas sous forme de salaire, mais sous forme de primes, d’actions d’entreprise et d’options d’achat d’actions, a précisé David Macdonald, et certains PDG n’ont pas de salaire du tout.
À la mi-2021, la déduction fiscale pour options d’achat d’actions a été plafonnée à 200 000 $, a relaté David Macdonald. C’est peut-être pour cette raison que l’attribution d’actions est devenue récemment une partie plus importante de la rémunération des PDG, selon lui.
Le rapport examine la rémunération des PDG canadiens actuels et anciens en 2022 ainsi que celle des présidents de direction, un poste qui surpasse celui de PDG. Selon le rapport du CCPA, en tête de liste se trouvait le président exécutif J. Patrick Doyle de Restaurant Brands International. David Doyle, dont la société possède Tim Hortons, Burger King et Popeyes, a gagné 151,8 millions $ en 2022 et sa rémunération était exclusivement sous forme d’attributions basées sur des actions et des options.
Le PDG Matthew Proud de Dye & Durham est arrivé deuxième, avec 98,9 M$ uniquement grâce à des attributions basées sur des options.
Le PDG Seetarama (Swamy) Kotagiri de Magna International est en troisième position, loin derrière, avec 36,4 M$ grâce à une combinaison de son salaire, de ses attributions à base d’actions et d’options et de sa rémunération au titre d’un plan d’intéressement sans actions.
La liste comprend des dirigeants de divers secteurs, notamment la finance, la technologie, l’énergie, les télécommunications et la santé. Seuls quatre des hauts salariés sont des femmes.
David Macdonald a observé que l’écart entre le salaire moyen des PDG et celui des travailleurs est le plus élevé en Ontario, où se trouvent près de la moitié des personnes figurant sur la liste des 100 premiers, a déclaré Macdonald. Les PDG les mieux payés de l’Ontario gagnent 298 fois le travailleur ontarien moyen, soit 18,5 M$.
Le rapport du Centre canadien de politiques alternatives recommande de créer de nouvelles tranches d’impôt sur le revenu les plus élevés, de supprimer la déductibilité des sociétés pour les salaires supérieurs à 1 million $, d’introduire un impôt sur la fortune et d’augmenter le taux d’inclusion des gains en capital.
Même si la rémunération des dirigeants est censée être liée à la performance de l’entreprise, le ralentissement de l’économie en 2023 ne signifie pas nécessairement que la rémunération des PDG aura diminué en même temps, a signalé David Macdonald. Les bénéfices ont été inférieurs en 2023, mais les entreprises ont historiquement trouvé d’autres raisons de rémunérer les PDG, a-t-il observé.