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BLOGUE INVITÉ. Il me semble que réussir à long terme dans le monde de l’investissement consiste en grande partie à ménager avec succès des intérêts opposés, à ménager la chèvre et le chou.
Cette expression du XIIIe siècle signifie ménager des intérêts contraires. Si l’on a une chèvre et un chou, on doit prendre soin des deux pour s’assurer que la chèvre ne mange pas le chou!
En Bourse, comme dans bien des domaines, l’investisseur doit apprendre à satisfaire des intérêts diamétralement opposés.
En Bourse, on doit savoir trouver un équilibre entre…
… l’appât du gain et la peur de perdre. Celui qui prend de trop grands risques finira un jour ou l’autre par tout perdre. À l’opposé, celui qui ne prend aucun risque ne gagne rien et son capital sera grugé par l’inflation. Le bon investisseur doit naviguer entre ces deux extrémités, car s’approcher de l’une ou de l’autre le fera courir à sa perte.
… le potentiel d’appréciation et le risque de baisse d’un titre. Si l’on vise un titre qui offre le potentiel de quintupler au cours des prochains mois, on risque fort de se retrouver le bec à l’eau. En revanche, le titre d’une société sans risque (s’il en existe!) ne nous procurera que de faibles rendements. Les certificats de placement garantis me viennent à l’esprit.
… les titres défensifs et les titres de croissance. Trop miser sur la croissance de l’économie et de nos entreprises risque de nous coûter cher lorsque surviendra une récession économique. En revanche, posséder seulement des titres défensifs et sans véritable croissance créera un portefeuille sans dynamisme et au potentiel d’appréciation limité. L’investisseur voudra tirer profit de tout scénario, d’une récession comme d’un retour en force de la croissance économique.
… une trop grande diversification et une trop grande concentration de son portefeuille. J’ai toujours pensé qu’un portefeuille de 20 à 30 titres répartis dans plusieurs industries était suffisant pour obtenir une saine diversification. Plus que ça et on surdiversifie – autant acheter des indices boursiers; moins que ça et on augmente sensiblement le risque.
… la qualité de ses entreprises et le prix payé pour leurs titres. Il est relativement simple de dénicher des entreprises de grande qualité, mais on doit savoir les acheter à un prix raisonnable. C’est cette recherche d’équilibre entre la qualité et le prix payé qui rend le travail d’un investisseur «valeur» si difficile. Il me semble que c’est particulièrement vrai dans le marché actuel où la grande majorité des titres de sociétés de qualité sont bien évalués.
Ainsi, je crois qu’un bon investisseur profite présentement de la hausse des marchés tout en se préparant à une éventuelle correction. Qu’est-ce que ça veut dire? Il demeure en grande partie investi en Bourse, tout en se ménageant un certain niveau de liquidités (pas trop élevé, ni trop bas!) qui lui permettra de tirer profit de toute occasion susceptible de se présenter, que ce soit à la faveur d’une correction boursière généralisée, ou de la correction d’un secteur ou d’un titre spécifique.
Si l’on veut ménager la chèvre et le chou, on doit faire des compromis. L’important est de rester au beau milieu de la route – c’est la meilleure façon d’arriver à destination sans risquer de se retrouver dans le décor.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Je prends congé de blogue pour les Fêtes et serai de retour le 10 janvier. J’en profite pour vous souhaiter de Joyeuses fêtes!