Bourse: le début de l’année est propice aux remises en question
Philippe Leblanc|Publié le 14 janvier 2022Chaque début d'année est un moment propice pour faire le point et se poser de nombreuses questions sur son portefeuille et les titres qui le composent. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Un exercice que j’aime faire en cette période de début d’année est d’analyser les rendements obtenus au cours de la dernière année et de revoir chacun des titres de nos portefeuilles. Le moment me semble propice pour faire le point et se poser de nombreuses questions sur son portefeuille et les titres qui le composent. Voici un bon échantillonnage de questions que vous pourriez vous poser en ce début d’année.
Quel rendement mon portefeuille a-t-il enregistré en 2021?
Quels ont été les rendements de chaque titre du portefeuille?
Quel a été l’apport de chacun de ces titres au rendement du portefeuille en tenant compte de son poids dans ce dernier?
Quels ont été les gagnants et les perdants du portefeuille en 2021?
Comment le rendement du portefeuille se compare-t-il à celui des marchés dans leur ensemble?
En 2021, le S&P/TSX Total (incluant les dividendes) a enregistré un rendement de 25,1% alors que le S&P 500 américain a enregistré un rendement de 28,7% (27,6% lorsque converti en dollars canadiens).
Je vous dirai que, à mon avis, peu d’investisseurs actifs se sont approchés des rendements des indices boursiers nord-américains en 2021. En effet, j’estime qu’il y aurait eu deux manières d’obtenir des rendements équivalents à ces derniers: en prenant beaucoup de risques avec des titres spéculatifs ou en ayant investi des proportions importantes de son portefeuille dans les quelques titres qui dominent le S&P 500 et qui ont très bien fait en 2021 (le poids cumulatif de ces titres était de près de 27% de l’indice S&P 500 américain).
Voici les rendements de ces titres en 2021:
Apple: 34,6%
Microsoft: 52,5%
Amazon: 2,4%
Meta Platforms (Facebook): 23,1%
Alphabet: 65,3%
Tesla: 49,8%
Nvidia: 125,5%
Moyenne: 50,5%
De fait, il est intéressant de noter que le rendement de l’indice Russell 2000 américain, composé de plus petites sociétés, a été de de 14,8% (13,8% lorsque converti en dollars canadiens) en 2021.
Quelles conclusions tirer de cet exercice?
Quelles erreurs avons-nous commises au cours de la dernière année?
Peut-être plus important, quelles sont les perspectives pour la prochaine année?
Quels titres du portefeuille sont chers? Quels titres sont peu chers? Où se cachent les plus importants risques? Que faire avec les titres qui paraissent surévalués? Les vendre, les réduire ou les conserver?
De notre côté, en tenant compte de l’évaluation actuelle que nous faisons de chacun de nos titres, nous estimons que l’ensemble du portefeuille est sous-évalué de près de 9%.
Quels ajustements pourraient être apportés au portefeuille, à la fois pour réduire le risque et augmenter son potentiel de rendement?
En effectuant cet exercice, il est bon de se rappeler le phénomène du retour vers la moyenne. Ainsi, il est fort possible que les perdants de 2021 soient les gagnants de 2022 et vice versa.
J’aime bien me dire que les titres qui ont sous-performé au cours d’une année sont en quelque sorte des munitions pour les rendements de la prochaine année. À moins, bien sûr, que ces titres aient baissé pour de bonnes raisons et que notre investissement initial doive être remis en question. Lorsqu’on réalise que tous nos titres ont très bien fait au cours d’une année, il est probable que le rendement obtenu ait atteint son maximum – les astres étaient tous alignés. Dans ces situations, il est logique de s’attendre à des rendements moindres pour la prochaine année. Est-ce le cas de votre portefeuille?
Toutes ces questions visent à faire le point et à être aussi objectif que possible face aux rendements obtenus et aux perspectives à venir. Elles permettent également de mesurer les risques et le potentiel de son portefeuille afin d’y apporter des ajustements, s’il y a lieu.
À mon avis, il est préférable de ne pas faire de changements draconiens à son portefeuille, mais plutôt d’agir graduellement et après avoir pris le temps de réfléchir.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100