Beaucoup de place à amélioration


Édition du 14 Octobre 2017

Beaucoup de place à amélioration


Édition du 14 Octobre 2017

[Photo : 123rf.com]

La valorisation de la recherche se porte bien au Canada, mais la situation est encore loin d'être parfaite, mettent en garde des experts et des chercheurs. Le financement, moins généreux qu'auparavant, aurait notamment avantage à être bonifié. Que faire pour mieux valoriser la recherche ?

La question n'est pas banale. Depuis de nombreuses années, le Canada se distingue sur la scène internationale par l'excellente qualité et la quantité de sa production scientifique. Le Canada fait partie des quatre premiers pays en matière de nombre de publications figurant parmi les 10 % les plus citées du monde, selon les dernières données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). C'est le cas entre autres dans les domaines de la santé, de l'économie, des sciences sociales, du commerce, des arts et lettres et des sciences de la décision. Chez nous, le nombre de publications scientifiques par habitant est également parmi les plus élevés sur la planète, remarque Majlinda Zhegu, professeure de l'ESG-UQAM spécialisée en politiques publiques de l'innovation. «Or, la hausse de la productivité au pays ne reflète pas ce niveau d'excellence en recherche. Cela s'explique en partie par le fait que les nouvelles connaissances scientifiques ne se transforment pas rapidement en actions concrètes», dit-elle. Les politiques de valorisation de la recherche sont donc selon elle bien nécessaires et doivent être continuellement évaluées et améliorées pour augmenter et accélérer l'impact de la recherche sur la société.

Encourager les entreprises à embaucher davantage de doctorants dans leurs laboratoires ou leurs équipes de gestion, par exemple, est une façon de valoriser la recherche. Les firmes peuvent alors mieux comprendre la valeur des résultats de la recherche universitaire et mieux saisir l'intérêt d'investir dans des licences ou des brevets dans le but d'innover.

Moins d'argent qu'avant

AddÉnergie conçoit, fabrique et exploite des solutions de recharge pour véhicules électriques. L'entreprise de Québec, un des succès technologiques issus du modèle de valorisation québécois, a été fondée en 2009 après avoir été soutenue par SOVAR, une des trois sociétés de valorisation de la province. SOVAR a notamment contribué à démarrer l'entreprise, qui gère aujourd'hui un parc pancanadien de plus de 2 500 bornes, et à rendre mature sa technologie. Un succès qui parle d'une époque où il y avait plus de ressources financières, estime la PDG de SOVAR, Paule De Blois.

«AddÉnergie a été démarrée à un moment où il y avait plus de financement en amorçage, souligne-t-elle. C'est un beau succès qui serait difficile à reproduire aujourd'hui.»

À la suite des coupes du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation dans les subventions d'amorçage et de fonctionnement survenues au cours des dernières années, les sociétés de valorisation ont aujourd'hui plus de difficulté à accomplir leur mission. Les sommes à leur disposition sont moins élevées qu'il y a cinq ans. Limitées dans le recrutement de personnel, elles disent avoir plus de mal à repérer les meilleures inventions, à travailler avec les chercheurs, à tisser des liens avec le privé et à monter les dossiers de demande de financement.

Paule De Blois reconnaît que la Stratégie québécoise des sciences de la vie 2017-2027, par exemple, déploie des efforts notables, notamment en matière de financement pour la maturation technologique. «Toutefois, en ce qui a trait à l'amorçage, on manque de fonds, dit-elle. Créer une entreprise, c'est exigeant.» En effet, la société de valorisation doit non seulement trouver le bon entrepreneur pour démarrer l'entreprise, mais aussi le soutenir au moyen d'un salaire. Sauf que souvent, l'argent manque.

Mieux encourager les chercheurs

Bien des chercheurs estiment que les politiques de valorisation ont une définition trop étroite, et souvent commerciale, de l'impact de leurs recherches, explique Majlinda Zhegu. Que plusieurs chercheurs refusent de ramener l'impact de leurs recherches à la seule valeur commerciale freine selon elle leur engagement dans une démarche de valorisation de la recherche.

Que faire pour encourager les chercheurs à valoriser davantage leurs résultats ? Les mesures incitatives qui leur sont offertes pour leurs efforts de dissémination des savoirs pourraient être ajustées, estime Mme Zhegu.

«On peut être tenté de croire qu'une prime salariale fera des miracles, dit-elle. Les études montrent cependant que les moyens de rétribution privilégiés dans le monde universitaire reposent en grande partie sur le prestige.» Il faudrait donc mieux reconnaître les activités de valorisation des chercheurs. Cela pourrait se faire en révisant par exemple les critères d'évaluation des professeurs afin de donner plus de place à leurs activités de valorisation et de mieux les représenter, suggère Majlinda Zhegu.

«Même si on se débrouille bien en valorisation au Québec, on peut faire mieux», dit-elle.

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