Audrey Coutu, pionnière de la canneberge dans Lanaudière

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Audrey Coutu, pionnière de la canneberge dans Lanaudière

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Elles n'emploient pas des milliers de personnes, mais ces petites entreprises progressent de façon spectaculaire. Leurs dirigeants font part dans cette série de six articles de leur vision et les défis qu'ils doivent relever.

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6- Audrey Coutu, pionnière de la canneberge dans Lanaudière

En 2009, la production de l'entreprise Ferme Daniel Coutu a été moindre que ce qui était prévu. De beaucoup : 70 % en fait. La priorité de l'une de ses copropriétaires, l'agronome Audrey Coutu, est d'améliorer la productivité de cette entreprise familiale de Saint-Thomas de Joliette dont elle détient 20 % du capital-actions et de Canneberge des Sables, entreprise qu'elle a cofondée il y a un an.

" Produire des canneberges est plus compliqué dans la région de Lanaudière que dans les Bois-Francs parce qu'il n'y a que cinq cannebergières ici, explique Mme Coutu, 34 ans, qui a été nommée Jeune agricultrice de 2009 au Québec. C'est donc dire que tous les experts en production de canneberges sont dans la région de Plessisville, ce qui ne nous aide pas. Je voudrais qu'on devienne autonome par rapport à Plessisville. "

L'expérience d'Audrey Coutu en matière de canneberges remonte à 1997, lorsque ses parents ont acheté à Saint-Thomas-de-Joliette, une terre à tabac, une production maintenant abandonnée dans la province. Son père, Daniel, tenait à ce que ses deux enfants, Audrey et Mathieu, technicien agricole, aient chacun une production différente quand ils prendraient sa relève, question de diversifier la production familiale.

Mme Coutu a étudié l'agronomie à l'Université Laval. " Le premier jour, j'ai rencontré une fille qui s'en allait en production de canneberges et elle m'a convaincue de faire la même chose ", raconte la jeune femme.

Ses parents ont approuvé son choix, car le sol de leur exploitation, jaunâtre et acide, convient bien à la canneberge, que l'on récolte en inondant les champs, divisés en bassins. Comme cette culture nécessite beaucoup d'eau, la nappe phréatique ne doit pas être située trop en profondeur. En hiver, les bassins sont recouverts d'une couche de glace de quatre pouces, ce qui protège le fruit de la canneberge, qui se forme à l'automne, et empêche les plants de mourir.

Comme les plants de canneberge ont besoin d'être pollinisés, les Coutu doivent louer des ruches. Malheureusement, les abeilles ne raffolent pas des canneberges, de sorte qu'il a fallu s'assurer qu'il n'y ait pas de plantes plus attirantes dans les environs...

En 1998, plan d'affaires, plan d'aménagement et aide technique du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation en mains, la famille Coutu creuse ses premiers bassins, sur 15 acres (un acre équivaut à environ 4 047 m2, ou 43 560 pi2). Le printemps dernier, la Ferme Daniel Coutu consacrait 43 acres en production. Elle en a ajouté 18 l'été dernier. L'entreprise, incorporée en 1988, appartient à Daniel Coutu (40 %), à sa femme, Laurence, et à leurs deux enfants, qui sont actionnaires depuis 1997 à hauteur de 20 % chacun.

De son côté, Canneberge des Sables, l'entreprise qu'Audrey Coutu a fondée avec son conjoint, Stacy Grondin, a acheté une terre de 289 acres à Lanoraie, municipalité voisine de l'entreprise familiale. Au printemps suivant, après avoir déboisé, le couple a mis en production des bassins répartis sur une superficie de 40 acres. Au printemps prochain, il consacrera 35 acres supplémentaires à la production.

Même s'il faut attendre trois ans avant une première récolte quand il s'agit d'une nouvelle exploitation, un acheteur s'est déjà manifesté pour la première récolte, prévue pour 2011. " La demande est là, ce n'est pas un problème de vendre notre production ", dit la jeune femme, mère de deux enfants, qui a quitté son emploi pour mieux se consacrer à son travail d'entrepreneure.

Passionnée d'agriculture, la jeune femme, qui se dit très sociable, doit continuellement lutter contre l'isolement sur ses terres. " Mon défi est de provoquer des choses pour rencontrer du monde, raconte-t-elle. J'ai besoin de ça. Je participe à des tournois de golf, aux réunions de fermières, je joue au deck hockey et je fais bien d'autres activités. "

Et c'est aussi pour rencontrer des gens qu'Audrey Coutu a fondé Cannebergière Audrey Coutu, qui vend des produits à base de canneberges comme du chocolat, de la terrine, du savon, de la marmelade, du sirop, de la tartinade, de la confiture et du pain. " Cette entreprise me permet d'aller dans les foires alimentaires et de me désennuyer. C'est le volet ''social'' de mon entreprise. "

La famille Coutu vend toute la production à Fruit d'Or, un transformateur de Saint-Louis-de-Blandford, dans la région des Bois-Francs. Fruit d'Or transforme et remet à Audrey Coutu environ 15 % de sa production sous forme de fruits séchés et de jus. L'agricultrice en revend une partie dans les épiceries et les marchés publics de la région de Joliette et confie l'autre partie à des artisans locaux qui les transforment en produits fins. C'est d'ailleurs avec ces produits qu'elle prend la route pour aller à la rencontre des gens.

De l'aide d'experts pour produire plus

Cette année, le rendement de la production de canneberges d'Audrey Coutu a été inférieur à ses attentes. La jeune agronome de 34 ans veut mettre le paquet au cours des prochaines années pour obtenir une meilleure rentabilité de ses activités.

Nous avons joint quelques spécialistes afin de lui donner des pistes pour s'améliorer : Jean-Pierre Deland et Sébastien Careau, du Club environnemental et technique Atocas Québec, Évelyne Fortier, agronome au Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, et Salimou Bamba, agronome au Groupe conseil agricole Lanaudière.

Contrôle des ravageurs, fertilisation et gestion de l'eau

Les trois piliers de la production agricole de canneberges sont, essentiellement, le contrôle des ravageurs, la fertilisation et la gestion de l'eau. À quoi s'ajoutent d'autres facteurs secondaires, comme la pollinisation.

Pour ce qui est du contrôle des ravageurs, le meilleur document à consulter, selon nos experts, est le Manuel de lutte intégrée de la canneberge de l'Est canadien, que l'on peut obtenir facilement en en faisant la demande à Santé Canada (www.hc-sc.gc.ca).

Pour la fertilisation, le document Guide de référence en fertilisation, 1e édition (mis à jour en août 2008) est la référence dans le domaine. On peut le télécharger à partir du site du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec.

Dans le domaine de la gestion des eaux, deux documents - deux mémoires de maîtrise d'étudiants de l'Université Laval - s'imposent : celui de Sébastien Marchand, Caractérisation des effluents des fermes de canneberges (www.agrireseau.qc.ca), du Club d'encadrement technique Atocas Québec, et celui de Simon Bonin (simon.bonin.1@ulaval.ca), qui a réalisé une étude sur la gestion de l'eau des bassins de canneberges à l'aide de tensiomètres. Cet outil de travail qui mesure la tension de l'eau du sol est de plus en plus utilisé par les producteurs pour évaluer la hauteur de la nappe d'eau. En effet, le rendement en fruits est influencé par le facteur hydrique. La canneberge est une plante tolérante à la sécheresse, et un apport trop élevé en eau d'irrigation peut nuire à sa production.

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