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40% des entreprises exigent des compétences en anglais

La Presse Canadienne|Publié le 11 août 2020

À Montréal, cette proportion atteint 62,9%.

Quelque 40% des entreprises ont exigé ou souhaité que leurs employés aient des compétences en anglais, lors de leurs dernières embauches au Québec. La proportion atteint même 63% à Montréal.

C’est ce que révèle l’Enquête sur les exigences linguistiques auprès des entreprises, des municipalités et des arrondissements de Montréal, qui a été réalisée par l’Institut de la statistique du Québec pour l’Office québécois de la langue française.

Le rapport de 75 pages révèle que ce sont 62,9% des établissements de Montréal qui ont exigé ou souhaité de telles compétences en anglais pour leurs dernières embauches et 32,2% pour les établissements hors de Montréal. Pour l’ensemble du Québec, la proportion est de 39,8%.

Pourtant, l’article 46 de la Charte de la langue française (Loi 101) stipule qu’«il est interdit à un employeur d’exiger pour l’accès à un emploi ou à un poste la connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d’une langue autre que la langue officielle, à moins que l’accomplissement de la tâche ne nécessite une telle connaissance».

 

Montréal et arrondissements

Dans les municipalités et arrondissements de Montréal, la situation est semblable.

Ainsi, 50% des arrondissements ou municipalités de Montréal ont exigé ou souhaité l’anglais seulement ou le français et l’anglais lors de leurs embauches en 2018.

Même à l’extérieur de Montréal, la proportion atteint 19% pour l’anglais seulement ou le français et l’anglais. Pour l’ensemble du Québec, la proportion est de 23,5%, indique l’enquête de l’Institut de la statistique du Québec.

 

Candidatures rejetées

Des candidatures ont aussi été rejetées, faute de connaissances de l’anglais ou du français.

À Montréal, 17,2% des municipalités ou arrondissements ont rejeté des candidatures à cause d’un manque de compétences en français et 20% à cause d’un manque de compétences en anglais.

 

Jolin−Barrette préoccupé

Ces données, qui ont été dévoilées mardi, ont été jugées «très préoccupantes» par le ministre responsable de la Charte de la langue française, Simon Jolin−Barrette.

Le ministre dit juger «anormal qu’un travailleur ne puisse pas travailler en français chez lui, au Québec» alors que le français est la langue officielle du Québec.

 

Travailleurs

«C’est un peu décourageant de voir ce portrait−là», s’est exclamé en entrevue Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, qui représente plus de 600 000 travailleurs au Québec.

Il attribue la situation à l’inaction des gouvernements au fil des ans. «Il y a eu beaucoup de laxisme des gouvernements précédents. C’est le résultat de plusieurs années de politique où on a tourné la tête et fermé les yeux», s’est attristé M. Bolduc.

Le numéro deux de la FTQ est estomaqué de constater que le phénomène atteint Montréal, des municipalités et des arrondissements. «L’Union des municipalités, la Ville de Montréal devraient se regarder un petit peu et contribuer à corriger la situation. Ils devraient être exemplaires. Ce sont des gouvernements de proximité.»

 

Autres réactions

Le son de cloche est encore plus fort au Mouvement Québec français. «Ça nous prend une nouvelle Loi 101», a tonné le président, Maxime Laporte, en entrevue.

«La situation du français va de pire en pire. On atteint un point critique», déplore−t−il.

M. Laporte se désole de la proportion des municipalités et arrondissements de Montréal qui ont ainsi exigé l’anglais seulement ou l’anglais et le français. «On est en train d’assister à une normalisation du bilinguisme institutionnel.»

Le président du MQF demande un resserrement de l’article 46 de la Loi 101, qui porte sur le droit d’un employeur d’exiger la maîtrise d’une autre langue que le français.