Des ONG locales et internationales accusent régulièrement l’entreprise française Orano, ex-Areva, qui exerce les mêmes activités que Global Atomic, d’avoir «pollué la zone d’Arlit où elle exploite l’uranium depuis 50 ans». (Photo: Getty Images/Archives)
Niamey — La justice nigérienne a ordonné la suspension de l’exploitation d’une mine d’uranium canadienne dans le nord du Niger qui a été assignée en justice par des organisations de la société civile pour faire évaluer son impact environnemental, a appris mardi l’AFP de source judiciaire.
Nous «ordonnons à la société des mines de Dasa (SOMIDA SA), la suspension de l’opération d’exploitation de la mine sise sur le site EMOLES 4», a indiqué lundi le Tribunal de Grande instance d’Agadez (centre-ouest).
Cette décision intervient après l’assignation en justice le 3 janvier par un collectif d’organisations de la société civile de la région d’Agadez de l’entreprise canadienne Global Atomic, actionnaire de la Société des mines de Dasa (SOMIDA).
Ce collectif exige «la reprise» et «l’expertise» de l’étude d’impact environnemental qui, affirme-t-il, a été «bâclée» et faite «sans la participation de la population concernée».
Le 10 août 2022, l’État du Niger et Global Atomic ont créé la SOMIDA, dotée d’un capital de deux milliards de francs CFA (3 millions d’euros), dont 80% sont détenus par la compagnie canadienne et 20% par l’État du Niger.
Global Atomic a lancé le 5 novembre ses activités d’exploitation d’uranium et entend construire une mine de production de ce minerai en 2023 à Dasa (nord), pour laquelle quelque 121 milliards FCFA (184,4 millions d’euros) doivent être investis, selon le ministère nigérien des Mines.
Dasa «est un vaste gisement d’uranium à haute teneur» situé à 105 km au sud de la ville minière d’Arlit, affirme Global Atomic sur son site.
Le collectif d’organisations a également demandé à la compagnie canadienne de publier son «cahier des charges» — comprenant les retombées positives sur les populations — et leur implication dans son «suivi».
«Le juge a déclaré toutes nos revendications bien fondées (…) et a rendu une décision qui nous est favorable», s’est félicité Barka Alhassan, dirigeant du collectif.
SOMIDA a «15 jours pour faire appel» de cette décision.
Des ONG locales et internationales accusent régulièrement l’entreprise française Orano, ex-Areva, qui exerce les mêmes activités que Global Atomic, d’avoir «pollué la zone d’Arlit où elle exploite l’uranium depuis 50 ans».
La Compagnie minière d’Akouta (Cominak), une des deux filiales nigériennes d’Orano, avait définitivement arrêté sa production d’uranium le 31 mars en raison de l’épuisement des gisements.
Malgré sa position de quatrième producteur d’uranium au monde, le Niger est l’un des pays les plus pauvres de la planète.