«Le prochain régime forestier sera crucial pour l’industrie»
François Normand|Édition de la mi‑septembre 2020Le nouveau PDG du Conseil de l'industrie forestière du Québec, Jean-François Samray, devrait jongler avec plusieurs ...
Le nouveau PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec, Jean-François Samray, devrait jongler avec plusieurs défis. À court terme, cependant, sa priorité est le nouveau régime forestier que le gouvernement Legault devrait présenter cet automne.
«Nous avons besoin de prévisibilité dans nos approvisionnements pour réduire les coûts globaux. Les entreprises pourront ainsi investir plus facilement afin de convertir leur usine pour faire nouveaux produits», dit cet économiste de formation.
Jean-François Samray est en fonction depuis le 10 août, après avoir dirigé durant 10 ans l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable. Il arrive en poste au moment où l’industrie doit diversifier ses activités en raison du déclin de la demande mondiale de papier journal. C’est pourquoi il insiste sur l’importance de moderniser le régime forestier, en pointant du doigt l’imprévisibilité du processus de détermination des zones de coupe qui fait perdre de l’argent aux entreprises forestières. «Elles savent seulement le jeudi après-midi à quel endroit elles pourront travailler le lundi», déplore-t-il.
Ce court laps de temps fait en sorte que les entreprises doivent acheter et disposer plusieurs remorques sur leur territoire afin de pouvoir déplacer rapidement leurs équipements d’une zone à l’autre.
Or, si elles avaient davantage de temps, elles n’auraient pas besoin d’autant de remorques. Cela réduirait donc les frais d’exploitation et libérerait des capitaux pour moderniser les usines.
«Les emballages en carton sont en train de remplacer graduellement ceux en plastique dans plusieurs secteurs. Mais pour y arriver à grande échelle, il faut de l’argent pour investir dans les nouvelles technologies», souligne Jean-François Samray.
Les entreprises doivent aussi se préparer à la prochaine révolution dans l’industrie, c’est-à-dire la fabrication d’objets en bois à l’aide d’imprimantes 3D, à l’aide d’une pâte de bois qui se durcit.
Jean-François Samray souhaite aussi que l’industrie participe davantage à la lutte aux changements climatiques. D’une part, en stockant davantage de carbone grâce à la construction de bâtiments non résidentiels en bois. D’autre part, en déplaçant des énergies fossiles grâce à la biomasse forestière et aux granules de bois.
Enfin, l’autre grand chantier est le long conflit du bois d’oeuvre canado-américain. Le Canada vient de remporter une victoire devant l’Organisation mondiale du commerce, qui mènera encore à une autre entente négociée entre Ottawa et Washington. En attendant le prochain conflit, car nous vivons le cinquième depuis 1982.
Jean-François Samray affirme qu’il faut une paix commerciale durable à long terme. «Il faut intégrer le bois d’oeuvre dans le libre-échange nord-américain, ce qui n’est pas le cas actuellement», précise-t-il. Or, dans le passé, le Canada a déjà demandé son inclusion, mais les États-Unis ont refusé.