« Ce n’est pas une utilisation judicieuse de l’énergie », a conclu la cheffe libérale Dominique Anglade. (Photo: Jacques Boissinot pour La Presse canadienne)
Le Parti libéral (PLQ) fait volte-face et n’appuie plus le projet de GNL Québec à Saguenay.
En campagne électorale en 2018 , le chef libéral Philippe Couillard avait pourtant vanté les mérites de ce vaste chantier gazier estimé à 10 milliards $ sur les bords de la rivière Saguenay. La Coalition avenir Québec (CAQ) est maintenant le seul parti à l’Assemblée nationale qui appuie le projet.
Jeudi matin , la cheffe libérale Dominique Anglade a dit que le contexte avait changé et que ce projet ne permet pas d’accélérer le virage vert et la transition énergétique au Québec.
« Les conditions ne sont pas réunies pour la réussite de ce projet, a-t-elle justifié en conférence de presse à l’Assemblée nationale. Le progrès économique ne doit pas seulement se confiner aux dimensions comptables et financières. »
Elle dit comprendre l’appétit pour ce chantier au Saguenay, mais souligne qu’il n’a « pas reçu l’assentiment de la population », en rappelant que 91 % des mémoires déposés au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) étaient contre.
En outre, elle condamne le recours massif à une énergie propre, l’hydroélectricité, pour une énergie fossile non renouvelable, du gaz naturel liquéfié.
« Ce n’est pas une utilisation judicieuse de l’énergie », a-t-elle conclu.
Le gouvernement caquiste et le premier ministre François Legault ont toujours signifié leur appui au projet, à de multiples reprises et sur plusieurs tribunes.
À la période de questions, M. Legault a dénoncé la prise de position du PLQ, alors qu’on attend toujours la publication du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur ce projet, prévue d’ici au 25 mars.
« C’est important de créer des emplois payants au Saguenay−Lac-Saint-Jean, a-t-il déclaré en Chambre. (…) Le Parti libéral a déjà été le parti de l’économie. On a un parti qui est rendu dogmatique et qui prend position avant même l’analyse du BAPE. »
Le projet GNL-Québec et son pendant Gazoduq consistent en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz naturel de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger par bateau.
Sur le cycle complet du projet, de l’extraction du gaz à sa liquéfaction au Saguenay, le projet émettrait près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, donc il annulerait en un an tous les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) du Québec depuis 1990.
La quasi-totalité des mémoires déposés lors des consultations du BAPE étaient contre le projet, alors que le gouvernement fixe l’acceptabilité sociale comme une des conditions de sa réalisation.
Le BAPE signale que pendant la période de construction, qui s’échelonnerait sur quatre ans, le projet Énergie Saguenay devrait générer 6000 emplois directs et indirects, de même que 1350 emplois directs et indirects en période d’exploitation.