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L’avenir énergétique du Québec: entre leadership et amateurisme

Le courrier des lecteurs|Mis à jour le 25 novembre 2024

L’avenir énergétique du Québec: entre leadership et amateurisme

«Les régions minières du Québec, comme l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et la Baie-James, seront les premières à ressentir les effets de ces politiques restrictives.» (Photo: 123RF)

Un texte d’Alain Poirier, directeur général AEMQ

COURRIER DES LECTEURS. Le gouvernement du Québec clame haut et fort son ambition de réussir la transition énergétique et d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pourtant, derrière ce discours séduisant se cache une contradiction criante: les politiques restrictives et contraignantes imposées à l’exploration minière en 2024, comme une multitude de nouvelles autorisations soumit à la discrétion de la ministre et de nombreuses soustractions de territoire. Ces mesures, en apparence anodines, sapent les bases même de cette transition, qui repose sur une exploitation des minéraux critiques. Pire encore, elles trahissent une méconnaissance inquiétante des réalités industrielles et une soumission aveugle à une «acceptabilité sociale» mal définie, instrumentalisée par des opposants systématiques.

La transition énergétique ne se limite pas à des intentions ; c’est un défi colossal qui repose sur des matériaux tangibles — lithium, nickel, cuivre, terres rares, graphite — nécessaires à la fabrication des batteries, des panneaux solaires, des éoliennes et des infrastructures de transport électrique. Ces ressources ne se trouvent pas dans les nuages: elles proviennent du sous-sol, et leur exploration est la première étape indispensable avant toute extraction.

Pourtant, au Québec, les décideurs multiplient les obstacles à cette exploration. Restrictions d’accès aux territoires, délais interminables, lourdeurs réglementaires, multiplication des pouvoirs discrétionnaires: autant de freins qui, bien souvent, sont basés sur des perceptions et non des réalités. Ce cadre oppressif ne protège pas réellement l’environnement ; il semble plutôt conçu pour apaiser des groupes de pression au détriment d’une transition énergétique pourtant essentielle.

Comment le Québec peut-il prétendre être un chef de file de la transition énergétique tout en décourageant ses propres entreprises minières? Ce paradoxe est d’autant plus frappant que, dans d’autres juridictions, on s’active pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques. Le Québec, lui, s’enferme dans des débats stériles et des décisions à courte vue, risquant ainsi de perdre son avantage compétitif.

Au cœur de ce blocage se trouve la notion d’acceptabilité sociale. Bien qu’essentielle pour assurer l’harmonie entre les projets et les communautés, cette idée a été dévoyée. Sous la gouverne d’une ministre qui en a fait son cheval de bataille, l’acceptabilité sociale est devenue un prétexte pour justifier l’inaction et restreindre l’exploration minière. Il est impératif de redonner à l’acceptabilité sociale son sens véritable. Elle doit être un outil de dialogue équilibré entre les communautés locales et l’industrie, et non une arme de blocage.

Les régions minières du Québec, comme l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et la Baie-James, seront les premières à ressentir les effets de ces politiques restrictives. Ces régions, où l’industrie minière constitue un moteur économique vital, vont subir une double peine: la perte d’investissements et l’érosion des opportunités d’emploi. Chaque projet minier bloqué ou retardé représente non seulement une perte financière pour les PME d’exploration, mais aussi une privation de retombées économiques significatives pour les communautés locales. En imposant des freins injustifiés, le gouvernement met en péril l’avenir de ces régions, qui devraient pourtant être au cœur de la transition énergétique.

Pour éviter de manquer cette occasion historique, le gouvernement doit agir rapidement et avec fermeté. Il doit reconnaître:

  • Que la transition énergétique dépend de l’exploration minière. Sans exploration, pas d’extraction ; sans extraction, pas de matériaux critiques.
  • Que l’acceptabilité sociale doit être un outil de dialogue, pas une arme de blocage. Un cadre clair et transparent est nécessaire pour équilibrer les intérêts des communautés locales et les besoins collectifs.
  • Que le leadership est essentiel. Prendre des décisions courageuses, basées sur des données scientifiques et une vision à long terme, doit être la priorité.

Le Québec a tout ce qu’il faut pour réussir: des ressources géologiques riches, un savoir-faire reconnu mondialement, et une industrie minière engagée envers des pratiques responsables. Mais pour concrétiser cette vision, il faut une gouvernance alignée avec ses ambitions.

Confier un projet aussi crucial que la transition énergétique à des approches imprécises ou mal encadrées risque de compromettre l’avenir énergétique et économique du Québec. Il est temps de dépasser les contradictions et de passer des paroles aux actes. Le Québec doit choisir: être un leader ou rester spectateur. Le moment d’agir, c’est maintenant.