Hydro-Québec amorce l’expansion de ses lignes de transport électrique
La Presse Canadienne|Publié le 04 novembre 2024Les nouvelles infrastructures seront graduellement mises en service entre 2031 et 2036. (Photo: Jacques Boissinot La Presse Canadienne)
Les Québécois peuvent s’attendre à voir pousser une forêt de nouveaux pylônes au cours des prochaines années.
Hydro-Québec a annoncé lundi le lancement de la première phase de travaux de développement et de renforcement de son réseau de transport d’électricité, ces lignes à haute tension qui transportent l’électricité en grande quantité à partir des lieux où on la produit jusqu’aux postes électriques qui la redistribuent jusqu’aux clients.
L’intention d’Hydro-Québec d’augmenter massivement sa production d’électricité est déjà bien connue, mais une fois produite, cette électricité doit être transportée.
D’ici 2035, Hydro prévoit investir un total de 50 milliards de dollars (G$) pour installer quelque 5000 kilomètres de lignes de transport, dont environ la moitié à haute tension (735 kilovolts et 315 kilovolts) et l’autre moitié à tension intermédiaire (entre 69 kV et 315 kV) pour le développement régional et les charges locales.
1600 nouveaux pylônes
La première phase annoncée lundi représente des investissements d’environ 10G$ pour renforcer le réseau existant, construire près de 850 kilomètres de nouvelles lignes de transport à 735 kV ou 315 kV et ajouter cinq nouveaux postes électriques.
Pour ce faire, il est déjà acquis dans le plan de la société d’État qu’il faudra installer 1600 nouveaux pylônes pour cette première phase.
Cette phase sera menée sur trois axes, soit un sur la Côte-Nord dans le corridor entre Sept-Îles et Baie-Comeau, le deuxième dans le secteur Appalaches–Bas-Saint-Laurent couvrant la Beauce jusqu’au secteur bordant la frontière du Nouveau-Brunswick près d’Edmundston, et le troisième dans la Vallée du Saint-Laurent, à l’intérieur des terres de la rive-nord allant de la région de la Capitale-Nationale à celle de Lanaudière en passant par la Mauricie.
La vice-présidente exécutive et cheffe de l’exploitation des infrastructures chez Hydro, Claudine Bouchard, a donné l’assurance que ces travaux, qui doivent générer des retombées de 7G$, profiteront aux régions où ils se dérouleront. «Vous avez pu voir qu’on a deux grands projets d’axes de développement qui sont dans les régions du Québec et donc on va s’assurer de faire des retombées économiques régionales dans ces régions-là et d’embaucher la main-d’œuvre pour être en mesure de développer les lignes.»
Les endroits précis où ces lignes seront aménagées ne sont pas encore déterminés, mais Hydro-Québec ne cache pas sa préférence pour des installations dans les corridors déjà existants. «Bien entendu, de ne pas ouvrir un nouveau corridor, c’est toujours un tracé de moindre impact, mais en même temps, il faut tenir compte des préoccupations du milieu. C’est pour ça que nous sommes en consultations préalables actuellement pour entendre ce genre d’élément là de nos partenaires des différents milieux des régions concernées sur les trois axes du projet de transport», a précisé Mme Bouchard.
Toutefois, si de tels corridors existent déjà dans les axes Côte-Nord et Vallée du Saint-Laurent, ce n’est pas le cas dans celui d’Appalaches-Bas-Saint-Laurent.
Acceptabilité sociale
En présentant cette première phase, lundi, Claudine Bouchard a beaucoup insisté sur la notion d’acceptabilité sociale et sur les consultations à mener auprès des 25 municipalités régionales de comté (MRC), des quelque 200 municipalités et de la douzaine de communautés autochtones qui seront impactées par ces ouvrages.
Hydro-Québec a même décidé dans ce cas-ci d’aller au-devant des coups en amorçant des consultations avant même de penser à des trajets, une démarche inédite pour la société d’État.
«C’est la première fois qu’on va à la rencontre des représentants des milieux allochtones et autochtones pour échanger avec ces gens-là et prendre en compte leurs préoccupations ou leur intention de développer leur territoire à l’intérieur même de la définition de notre projet. Par la suite, on va aller vers les citoyens pour trouver le tracé de moindre impact.»
Un objectif commun dans les trois corridors est d’améliore la fiabilité et la résistance du réseau aux événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents. Sur la Côte-Nord, l’objectif plus ciblé est de permettre le développement de nouvelles sources d’énergie renouvelable et de soutenir le développement industriel ; sur l’axe Appalaches–Bas-Saint-Laurent, la société d’État veut appuyer le développement du potentiel éolien de l’Est du Québec, alors que le développement de l’axe de la Vallée du Saint-Laurent permettra le transport d’énergie additionnelle provenant du nord et de l’est du Québec, d’accroître la capacité des lignes à haute tension qui ont atteint leur limite et d’alimenter les besoins grandissants des centres urbains du sud de la province.
Les nouvelles infrastructures seront graduellement mises en service entre 2031 et 2036.
Par Pierre Saint-Arnaud