«Au cours des huit prochaines années, le monde va avoir besoin de 100 millions de tonnes de cuivre juste pour les sources d’énergie renouvelable». (Photo: 123RF)
Zurich — Le patron de Glencore, le géant suisse du négoce des matières premières, s’attend à une pénurie de cuivre face à la demande d’équipements pour les énergies renouvelables et à l’essor des véhicules électriques.
Gary Nagle, qui a repris les commandes du groupe l’an passé, s’attend à un déficit de plus de 50 millions de tonnes pour le cuivre au niveau mondial au cours des huit prochaines années, a-t-il présagé mardi lors d’une conférence pour les investisseurs, en raison de l’explosion de la demande liée à la transition énergétique.
Pour combler le déficit, le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, compte sur la filière du recyclage du cuivre, et non uniquement sur l’augmentation de la production dans ses mines.
«Au cours des huit prochaines années, le monde va avoir besoin de 100 millions de tonnes de cuivre juste pour les sources d’énergie renouvelable», a-t-il quantifié, le cuivre entrant notamment dans la fabrication d’équipements éoliens et solaires.
S’y ajoute un besoin en cuivre de l’ordre de 19,4 millions de tonnes entre 2022 et 2030 pour les véhicules électriques, entre les voitures, bus électriques et bornes de recharge, le patron de Glencore précisant qu’un véhicule électrique pouvait nécessiter jusqu’à «quatre fois plus» de cuivre qu’un véhicule à moteur à combustion pour sa fabrication et jusqu’à «cinq fois plus» en tenant compte des bornes pour le recharger.
Or, l’offre sera insuffisante pour répondre à la demande, selon lui. Le besoin en cuivre au niveau mondial entre 2022 et 2030 devrait se chiffrer à 355 millions de tonnes en incluant la demande hors transition énergétique, alors que la production mondiale devrait plutôt se situer à 304,5 millions de tonnes, faisant ressortir un déficit de 50,5 millions de tonnes sur les huit prochaines années, d’après les projections de Glencore.
Pour 2023, le groupe a toutefois abaissé son objectif de production de cuivre, à 1,04 million de tonnes, contre 1,06 million de tonnes pour 2022, en raison de «défis dans la production», a reconnu son patron, en particulier dans sa mine de Katanga en République démocratique du Congo.
Lundi, le groupe a annoncé qu’il allait payer 180 millions de dollars US dans le cadre d’un accord avec la République démocratique du Congo pour solder les litiges concernant des accusations de corruption.
Avec les inquiétudes sur l’offre au début de la guerre en Ukraine, les cours du cuivre s’étaient envolés en mars, touchant un record historique sur la bourse des métaux de Londres à 10 845 $ US la tonne.
Mais depuis ce sommet, son cours a dévissé d’environ 22% face au craintes de récession et à la situation épidémique de la Chine, un gros consommateur de métaux de base. Mardi, le cuivre s’échangeait à 8 415,50 $ US la tonne sur le marché londonien.