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Des perspectives d’investissement énergisantes

Charles Poulin|Édition de la mi‑novembre 2024

Des perspectives d’investissement énergisantes

Le solaire et l’éolien présentent des caractéristiques similaires au nucléaire : énergie intermittente, coûts de départ élevés et coûts d’exploitation relativement bas. (Photo: Adobe Stock)

La pluie, lorsque passagère en Bourse, permet au soleil de revenir à coup sûr. Avec des perspectives intéressantes pour les prochaines années, les énergies vertes pourraient fournir une source d’épargne renouvelable à votre portefeuille de placements.

Les investisseurs qui cherchent à placer leur argent dans les énergies vertes pourront sélectionner six grandes catégories : l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, le nucléaire, le géothermal et le stockage.

De l’avis de François Bourdon, associé directeur à Nordis Capital, le nucléaire est sans aucun doute la vedette du lot depuis 18 mois.

« Le nucléaire, c’est une grosse vedette, avance-t-il. Plusieurs entreprises ont récemment bénéficié d’investissements de géants de l’informatique qui cherchent de l’énergie pour l’intelligence artificielle. Le titre de Constellation Energy (CEG, 239,37 $ US) est en hausse de 100 % cette année après avoir été en augmentation de 50 % l’année dernière. Le titre de Cameco (CCO, 73,12 $) a doublé de valorisation l’an dernier et présente encore une croissance cette année. C’est une énergie propre et très dense. »

C’est cette densité et sa capacité à fournir de l’énergie en continu qui la rend attrayante auprès des entreprises et des consommateurs, et donc également auprès des investisseurs.

« Le nucléaire est une charge de base, estime Mathieu Thibaudeau, CFA et gestionnaire d’actifs en infrastructure au Mouvement Desjardins. On peut le comparer à l’hydroélectricité parce que c’est une énergie constante, il y a une bonne fluidité. Le nucléaire est important pour la transition énergétique. Beaucoup d’États et de provinces ont des cibles carboneutres pour 2035 ou 2050, et je pense que le nucléaire jouera un rôle important pour y parvenir. »

Entre la mi-septembre et la mi-octobre, Microsoft (MSFT, 422,54 $ US), Alphabet (GOOGL, 178,35 $ US) et Amazon (AMZN, 208,18 $ US) ont annoncé des contrats d’approvisionnement en nucléaire d’une capacité totale de 2,7 gigawatts pour leurs centres de stockage de données. Microsoft a sélectionné Constellation Energy, tandis que Google et Amazon (par la société à capital fermé X-energy) ont plutôt choisi la technologie SMR (Small Modular Reactors).

Solaire et éolien

Le solaire et l’éolien se retrouvent un peu dans la   même catégorie, car ils présentent des caractéristiques similaires (énergie intermittente, coûts de départ élevés et coûts d’exploitation relativement bas).

De ce côté, les rendements sont à l’image de l’industrie, qui a connu des hauts et des bas récemment.

« Les meneurs de l’éolien sont Ørsted, Vestas Wind Systems et GE Vernova, filiale de GE Aerospace (GE, 184,81 $ US), indique François Bourdon. Ørsted est en hausse de 50 % cette année, Vestas, en baisse de 60 %. L’industrie n’a pas été uniforme, il y a eu des gagnants et des perdants. Du côté du solaire, l’industrie est dominée par la Chine, mais il y a quand même un soutien gouvernemental important aux États-Unis grâce à l’Inflation Reduction Act. Des entreprises américaines comme First Solar (FSLR, 193,93 $ US) et NextEra Energy (NEE, 76,97 $ US) sont en hausse de 30 % à 50 % cette année, mais Enphase Energy (ENPH, 66,90 $ US) est en baisse de 25 %. »

Les autres secteurs sont moins alléchants

Les trois autres secteurs ont des perspectives moins alléchantes, estime François Bourdon.

Du côté de l’hydroélectricité, les investisseurs peuvent regarder Hydro One (H, 44,61 $), en Ontario, ou Verbund (VER, 71,80 €, Bourse de Vienne) en Autriche. À cause des lourdes exigences environnementales, on voit toutefois peu de nouveaux barrages en construction, ce qui fait que le secteur n’est pas en forte croissance.

On n’entend pas beaucoup parler de la géothermie, du moins en Amérique du Nord. Les deux entreprises les plus importantes sont Ormat Technologies (ORA, 83,13 $ US), aux États-Unis, et Enel (ENEL, 6,68 euros, Bourse de Milan), en Italie. Elles ont récemment connu une croissance d’environ 10 %, observe François Bourdon.

Pour ce qui est du stockage, il s’agit d’une technologie qui sert à emmagasiner l’énergie intermittente produite par le solaire ou l’éolien.

« C’est assez prometteur, mais les entreprises qui ne font que ça ont connu des difficultés récemment, souligne-t-il. Celles qui ont eu du succès sont les conglomérats, comme ABB (ABBNY, 57,10 $ US), Ameresco (AMRC, 26,48 $ US) ou GE, qui font du stockage, mais aussi pleins d’autres choses. »

Par la porte d’à côté

Il est également possible d’investir dans le secteur des énergies vertes par la porte d’à côté, c’est-à-dire des entreprises qui fournissent des pièces ou des services aux producteurs d’énergie.

« Je ne sais pas comment ça va se matérialiser, mais il y a une occasion d’investissement qui est liée à tout le déploiement de l’appareil électrique ou des lignes de transmission, explique François Bourdon. Donc, une entreprise canadienne comme Stella-Jones (SJ, 72,37 $), qui fait des poteaux électriques, est une option. Ou Valmont Industries (VMI,
340,42 $ US), qui fait des sous-stations pour réduire l’intensité de l’électricité. Ou encore Schneider Electric (SU, 240,75 €, Bourse de Paris) et GE, qui produisent ce qui est nécessaire à la construction de lignes à haute tension ou à plus faible tension et qui est en forte demande. »

Fonds communs et FNB

Une première façon très simple de s’exposer au marché est par les fonds communs ou les FNB, remarque Tommy Ouellet, cofondateur et gestionnaire de portefeuille à BeeQuest.

« Il existe plusieurs FNB qui possèdent une thématique d’énergie renouvelable, énergie verte ou autres, précise-t-il. Sans dire qu’il y a moins de risque, ça expose l’investisseur à un bassin diversifié de technologies et d’entreprises, allant des opérateurs aux distributeurs d’énergie dans plein de domaines. »

Sinon, un investisseur peut se tourner vers des entreprises qui ont des paniers de projets diversifiés dans plusieurs secteurs, comme Brookfield Renewable Corporation (BEPC, 31,32 $ US) ou Boralex (BLX, 33,22 $).

« Ça demeure un type d’investissement qui est assez risqué, mais c’est une façon, sans passer par un FNB, d’obtenir une exposition à plein de projets. On parle de centaines de projets à travers plein de sources d’énergie. On va donc aller chercher une exposition diversifiée par l’entremise d’une seule entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables. »

Perspective à long terme

Tommy Ouellet croit qu’un investisseur qui choisit de se diriger vers les énergies vertes devrait le faire avec la prémisse d’une présence à moyen ou à long terme.

« Ces entreprises peuvent être très rentables à long terme, mais il faut être prêt à tolérer le risque, mentionne-t-il. Lorsqu’on investit dans de nouvelles technologies, il y a évidemment plus de risque. »

Il suggère également de diversifier ses investissements dans différents pays, ce qui diminue le risque de changements de politiques favorables envers les énergies vertes.