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Walmart va cesser de vendre certaines munitions

AFP|Publié le 03 septembre 2019

Cette décision intervient un mois après une fusillade dans un supermarché Walmart au Texas.

Sous pression après une fusillade meurtrière dans une de ses enseignes au Texas le mois dernier et face à la multiplication des tueries de masse aux États-Unis, le géant de la distribution Walmart a annoncé mardi mettre fin à la vente des munitions alimentant les armes semi-automatiques.

Dans un communiqué, le patron du groupe, Doug McMillon, a qualifié « d’inacceptable » le statu quo sur l’encadrement des armes à feu et demandé au Congrès et à la Maison Blanche de prendre des mesures de « bon sens », notamment en renforçant la vérification des antécédents des acheteurs d’armes.

Cette décision intervient un mois après une fusillade dans un supermarché Walmart à El Paso, au Texas qui avait coûté la vie à 22 personnes. Une autre fusillade a eu lieu samedi dernier au Texas, dans la ville d’Odessa, avec un bilan de sept morts. 

« Comme nous l’avons déjà vu, ces événements tragiques ont lieu, puis les projecteurs s’éteignent. On ne peut pas laisser cela se produire », a écrit M. McMillon.

Il a précisé que Walmart, numéro un mondial de la grande distribution, arrêterait de vendre des munitions pour les fusils d’assaut semi-automatiques utilisant des munitions de calibre 5,56 (ou son équivalent .223), une fois que les stocks actuels seraient écoulés.

Ces armes de type AR-15 sont extrêmement répandues aux États-Unis où elles équipent aussi de nombreux chasseurs, qui sont nombreux à s’équiper dans les magasins Walmart, réputés pour leurs prix bas et connus pour être des lieux de socialisation pour une partie de l’Amérique rurale.

Le patron du géant des supermarchés a indiqué que la part du groupe sur le marché américain des munitions, qui s’établit aujourd’hui à environ 20 %, devrait chuter pour passer de 6 à 9 %.

Walmart a également demandé à ses clients de s’abstenir de déambuler dans ses enseignes avec des armes à feu à la vue de tous, dans les États où il est autorisé de les porter de manière visible.

Par ailleurs, le groupe a annoncé cesser la vente de munitions pour des armes de poing une fois les stocks écoulés et interrompre la vente d’armes de poing en Alaska, dernier État où Walmart les proposait après y avoir mis fin dans le reste du pays en 1993.

La NRA, le puissant lobby pro-armes, a réagi à la décision du groupe en disant regretter que Walmart « succombe à la pression des élites anti-armes ».

« Les files d’attente à Walmart seront bientôt remplacées par des files d’attente dans d’autres magasins, qui soutiennent plus activement les libertés fondamentales américaines », a tweeté la NRA. 

Plusieurs candidats démocrates à la présidentielle de 2020 ont en revanche apporté leur soutien aux nouvelles mesures tout en appelant à aller plus loin. 

Joe Biden, favori des sondages, et Beto O’Rourke ont notamment plaidé pour une loi permettant la vérification des antécédents pour l’ensemble des citoyens.

Elizabeth Warren a elle affirmé que Walmart « peut et doit en faire plus. »

De son côté, le président américain Donald Trump, compagnon de longue date de la NRA, mais qui s’était dit favorable à des réformes de « bon sens » début août, n’avait, pour l’heure, pas réagi.

Des précédents

Plus gros employeur privé des États-Unis avec 1,5 million de salariés revendiqués sur le territoire américain et l’un des principaux vendeurs d’armes du pays, le groupe de grande distribution avait déjà pris des mesures pour limiter l’achat d’armes à feu avant l’annonce de mardi. 

Après le carnage dans le lycée de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts en février 2018, Walmart avait décidé, tout comme ses concurrents Dick’s Sporting Goods et Kroger, de relever à 21 ans l’âge d’achat des armes.

Le numéro un mondial de la grande distribution avait en outre arrêté de vendre des fusils d’assaut dès 2015.

Walmart n’est pas non plus le premier groupe américain à se positionner sur le débat ultra-sensible du port d’armes aux États-Unis. 

En avril, Bank of America avait décidé d’arrêter d’accompagner financièrement les fabricants d’armes semi-automatiques particulièrement létales.

Citigroup avait de son côté interdit à ses clients de vendre des armes à feu aux moins de 21 ans.

L’an dernier, le fabricant de jeans Levi’s avait lui créé un fonds doté d’un million de dollars pour soutenir activistes et associations militant contre les armes à feu.

Et après la tuerie de Parkland, les loueurs de voitures Hertz et Enterprise (Alamo, National), les assureurs Metlife et Chubb ou encore la société de sécurité informatique Symantec avaient officiellement mis fin aux avantages consentis aux plus de 5 millions de membres de la NRA.

Dans leur sillage, les compagnies aériennes Delta Air Lines et United Airlines avaient aussi supprimé les réductions accordées à ces mêmes membres.