La chaîne d’épicerie Metro a expliqué qu’elle n’accepterait pas d’augmentations de coûts de la part de ses fournisseurs pendant sa période la plus achalandée de l’année. (Photo: La Presse Canadienne)
La chaîne d’épicerie Metro a indiqué mardi qu’elle maintiendrait les prix des aliments stables pour la saison des Fêtes, comme elle dit avoir l’habitude de le faire, après que l’un de ses principaux concurrents a lancé lundi une campagne de gel des prix pour lutter contre l’inflation.
L’entreprise montréalaise a expliqué qu’elle n’accepterait pas d’augmentations de coûts de la part de ses fournisseurs pendant sa période la plus achalandée de l’année «afin d’éviter tout changement de prix de détail, à de rares exceptions près».
«C’est une pratique de longue date chez Metro», a précisé la vice-présidente aux affaires publiques et aux communications de l’épicier, Marie-Claude Bacon, dans un courriel. «Cela maintient les prix de détail stables pour nos clients dans nos magasins.»
Les Compagnies Loblaw ont annoncé lundi qu’elles gèleraient les prix de tous leurs produits de marque Sans nom jusqu’au 31 janvier.
La suspension des prix de Metro s’applique à la fois aux produits de marques privées et de marque nationale, et s’étend du 1er novembre au 5 février, a précisé Mme Bacon.
Ses commentaires semblaient revenir légèrement sur une déclaration que Metro a fournie lundi à CBC News, qui suggérait que c’était «une pratique de l’industrie» de geler les prix pendant les Fêtes.
«Cela donnait l’impression que les détaillants s’entendaient pour fixer le prix des produits alimentaires qu’ils achètent auprès des fournisseurs, ce qui est illégal», a expliqué Simon Somogyi, professeur à l’Université de Guelph et titulaire de la chaire Arrell sur le commerce de l’alimentation. «Il semblait y avoir un problème anticoncurrentiel.»
Au cours des dernières années, les trois grandes chaînes d’épiceries du Canada ont été critiquées pour un scandale pluriannuel de fixation des prix du pain et la fin simultanée des primes de «héros» versées aux travailleurs de première ligne pendant la pandémie.
Lorsqu’on lui a demandé si refuser les augmentations de coûts des fournisseurs pendant les Fêtes était une pratique de l’industrie, Mme Bacon a affirmé qu’elle ne pouvait «que parler pour Metro».
Opération de relations publiques?
Malgré tout, la suggestion initiale de Metro voulant que maintenir les prix stables pendant les Fêtes ne soit pas sans précédent pour les épiciers soulève des questions. L’annonce du gel des prix de Loblaw était-elle davantage une opération de relations publiques qu’un véritable effort pour aider les Canadiens pendant une période de forte inflation alimentaire?
La vice-présidente des communications de Loblaw, Catherine Thomas, a indiqué mardi «qu’il était courant que certains fournisseurs maintiennent leurs coûts pendant la période chargée des Fêtes».
«En résumé: il n’est pas courant de s’engager à maintenir les prix à tout moment de l’année, en particulier pour 1500 articles [de marque “Sans nom”] couvrant les produits frais, surgelés, laitiers et emballés, dont le prix est déjà inférieur de 25% en moyenne à celui des produits comparables.»
La société mère de Sobeys et IGA, Empire, qui, avec Loblaw et Metro, est l’un des trois plus grands épiciers du Canada, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur son intention de maintenir les prix pendant les Fêtes.
Les commentaires de Loblaw et Metro font suite à des démarches similaires d’épiciers dans d’autres pays.
En août, la chaîne de supermarchés française Carrefour a annoncé son intention de geler les prix d’environ 100 de ses produits de marque maison jusqu’au 30 novembre.
En juin, la branche américaine de l’épicier allemand Lidl a lancé une campagne estivale de baisse des prix pour alléger le fardeau inflationniste des clients.
«Si Loblaws se préoccupait vraiment de l’augmentation des dépenses des consommateurs en produits alimentaires, pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt cette année, lorsque ces augmentations de prix de plus de 10% ont vraiment commencé à apparaître dans les épiceries», a observé Stuart Smyth, professeur agréé de sciences économiques de l’agriculture et des ressources naturelles à l’Université de la Saskatchewan, à Saskatoon.
Il a ajouté que faire cette annonce juste après la période lucrative de l’Action de grâces «sentait l’hypocrisie».
«Quand ils viennent de récolter tous les bénéfices de l’Action de grâce, on peut se demander à quel point ils sont légitimement inquiets», a ajouté M. Smyth.
Malgré tout, le gel des prix reste un «bon geste», a-t-il ajouté, et ils ne méritent pas d’être réprimandés pour faire un effort.
«Si l’industrie de la vente au détail de produits alimentaires n’avait pas été épinglée pour fixation des prix du pain, il serait beaucoup plus facile de voir cela comme un geste de bonne volonté.»