Les commerces de l'avenue du Mont-Royal multiplient les stratégies pour conjuguer deux réalités difficilement conciliables : celle des clients qui veulent accéder facilement aux boutiques et celle de l'équipe du maire Luc Ferrandez, qui veut limiter la circulation automobile dans l'arrondissement.
«Le Plateau envoûte dès qu'on y met les pieds», fait valoir Tourisme Montréal sur son site Web. Cependant, en mettant les pieds sur Saint-Denis ou Saint-Laurent, ou encore sur Mont-Royal, on se demande plutôt si un mauvais sort n'a pas été jeté sur le Plateau-Mont-Royal... Partout, on retrouve des ventes de fermeture, des baux à saisir et des commerces en déménagement. Sur l'avenue du Mont-Royal, le taux d'inoccupation est actuellement de 5 % alors qu'il était en dessous de 1 % en 2008, d'après la Société de développement de l'avenue du Mont-Royal (SDAMR). Toujours selon elle, les raisons de cette situation sont multiples : une nouvelle signalisation qui fait fuir la clientèle, les dépenses des ménages qui sont en diminution et une hausse des loyers commerciaux. «La possibilité de faire vivre le commerce en augmentant massivement le stationnement, en réduisant les coûts de stationnement et en maximisant l'accessibilité, ce n'est plus une possibilité qui est envisagée dans les 10, 15, 20 prochaines années. Nous devons tous nous adapter à la ville de demain», explique le maire Ferrandez, réélu pour un second mandat à l'automne 2013.
Alors pour se sortir d'affaire, il faut se démarquer ! Chose dite, chose faite pour François Charbonneau, propriétaire de la papeterie BuroPlus Le Plateau. Il y a quatre ans, pour répondre aux besoins de sa clientèle, il s'est orienté vers le développement durable. «Je veux me distinguer en offrant des produits verts, précise-t-il. Je propose des produits recyclés et j'ai même des produits d'entretien biodégradables ainsi que des bacs de récupération de batteries, d'imprimantes ou d'autres produits électroniques pouvant être recyclés.» Cette démarche lui a permis d'augmenter son chiffre d'affaires en allant chercher une clientèle verte, mais surtout de répondre à la demande. «Je veux être un point de référence», assure le propriétaire de cette succursale franchisée.
Pour se sortir de l'impasse, Michel-Alain Szaraz, copropriétaire de Chez Farfelu, a profité de l'essor du Web, après «une chute radicale de clientèle» dans ses magasins, dit-il. En janvier dernier, il a fusionné les deux boutiques qu'il exploitait sur Mont-Royal en une seule et a diversifié son offre.
Quant à Pierre Goyette, propriétaire de la Bouquinerie du Plateau, une librairie indépendante, il a choisi la stratégie de vendre des livres neufs au début des années 2010. «Je n'avais que des livres de seconde main. J'ai décidé d'offrir depuis quelques années des livres neufs spécialisés en philosophie ou en littérature.»
Agir pour se réinventer
«Les commerces de proximité doivent se réinventer», selon Benoit Duguay, professeur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM. Il ajoute que la stratégie de la SDAMR est bonne. «C'est primordial d'apporter une plus-value par des animations et des activités diversifiées pour attirer la clientèle extérieure, et ainsi faire vivre certains commerces de proximité.»
La SDAMR a décidé d'aller de l'avant en adoptant une série de stratégies pour stimuler le commerce.
Ainsi, elle a créé en 1990 Odace Événements. D'après elle, il s'agit de la seule société de développement commercial du Québec à s'être dotée d'une filiale culturelle. Cette dernière gère non seulement les foires commerciales sur l'avenue du Mont-Royal, mais également les événements comme Nuit blanche sur tableau noir ou Noël sur l'Avenue. En juin, l'avenue du Mont-Royal proposera du nouveau, entre autres des expositions de photos grand format. L'une d'elles, intitulée La vie de plateau, se fera en partenariat avec le musée Pointe-à-Callière. Le cinéma en plein air ainsi que l'exposition regroupant les meilleures photos de presse seront de retour.
