La soirée d’Halloween effraie… mais pas comme d’habitude
La Presse Canadienne|Publié le 24 septembre 2020«Je m’attends à ce que les ventes soient faibles partout en raison du manque de rassemblements», a affirmé Farla Efros.
Une soirée d’Halloween qui tombe à la fois un samedi et une nuit de pleine lune serait normalement idéale pour les ventes de bonbons, de costumes et de décoration.
Mais des experts craignent que la hausse des cas de COVID-19 puisse jeter un mauvais sort sur les réjouissances, freinant la demande pour des produits qui génèrent généralement des marges bénéficiaires intéressantes pour les détaillants, des épiciers aux magasins éphémères spécialisés.
Les ventes d’Halloween pourraient en outre servir d’indicateur précurseur pour les ventes des détaillants lors du prochain temps des Fêtes, la plus grande saison de magasinage de l’année, ont souligné des observateurs.
« Je m’attends à ce que les ventes soient faibles partout en raison du manque de rassemblements », a affirmé Farla Efros, présidente de la firme HRC Retail Advisory. « L’ampleur sera réduite, particulièrement avec le retour de certaines restrictions. »
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré plus tôt ce mois-ci que l’Halloween serait un défi, soulignant qu’il préférait que les parents ne sortent pas leurs enfants pour faire la tournée du voisinage.
« Les enfants qui font du porte-à-porte, cela me rend nerveux », a-t-il affirmé.
Cependant, Mme Efros a noté que « ce ne sont pas seulement les enfants et les friandises » qui alimentent les ventes de l’Halloween.
« Les adultes dépensent normalement une somme considérable », dit-elle. « Mais les grands rassemblements et les fêtes d’Halloween au bureau n’auront tout simplement pas lieu cette année. »
L’analyste du commerce de détail Bruce Winder a souligné que les familles et les amis pourraient planifier leur propre « bulle d’Halloween » avec une fête dans une cour ou une soirée cinéma d’épouvante.
Même si les gens continuent d’acheter des bonbons, des décorations et des costumes, il croit que ce ne sera probablement pas aussi rentable que d’habitude pour les détaillants et les fabricants de bonbons.
« L’Halloween est une catégorie vraiment importante pour de nombreux détaillants », a expliqué M. Winder, l’auteur du livre « Le détail avant, pendant et après la COVID-19 ». « En excluant Noël, c’est la deuxième plus grande source de dépense. »
Il a ajouté que les bonbons étaient souvent vendus à perte pour générer du trafic dans les magasins, tandis que les décorations et les costumes étaient des articles générateurs de profits avec des marges élevées.
Pourtant, comme les consommateurs seront moins susceptibles de magasiner pour obtenir les meilleurs prix cette année, M. Winder croit que certains détaillants pourraient reculer sur les promotions de prix, pour aider à contrebalancer les coûts de la COVID-19.
Malgré tout, puisque les stocks de l’Halloween ont probablement été commandés il y a des mois dans de nombreux cas, les détaillants sont susceptibles « d’en faire le plus possible ».
« Je ne pense pas que les détaillants vont changer autant la façon dont ils planifient leurs ventes », a estimé M. Winder. « Ils utiliseront Halloween comme un petit baromètre des dépenses canadiennes pendant la pandémie avant Noël. »
L’équilibre entre la planification et la flexibilité
Entre-temps, les fabricants de bonbons se préparent également à une saison d’Halloween en sourdine.
La directrice principale du marketing de Hershey Canada, Ola Machnowski, a laissé savoir que la société derrière certaines marques classiques d’Halloween comme Twizzlers, Jolly Ranchers et Reese’s Peanut Butter Cups s’attendait à ressentir l’impact de la pandémie.
« Nous nous attendons à une baisse des ventes », a-t-elle affirmé, notant que la société avait effectué des recherches sur les consommateurs qui concluaient à une fête d’Halloween plus modeste.
Pourtant, Mme Machnowski a l’impression que de nombreux Canadiens ont hâte de célébrer de différentes manières et rechercheront probablement des friandises et d’autres fournitures.
Elle a observé qu’il était difficile de prédire ce qui se passera dans les prochaines semaines, au chapitre des directives et des restrictions de la santé publique.
« Nous essayons de trouver le délicat équilibre entre la planification et la flexibilité », a-t-elle indiqué. « Nous parlons d’Halloween probablement depuis Pâques, c’est donc très important pour nous. »
Pendant ce temps, Michael Ross, directeur financier de la chaîne de magasins à bas prix Dollarama, a exprimé une certaine prudence quant à l’évolution des ventes de produits d’Halloween cette année.
En règle générale, Halloween est « un poids lourd » ancrant les ventes du troisième trimestre pour Dollarama — un pilier pour les produits saisonniers, y compris les bonbons d’Halloween, les décorations et les costumes.
« Nous croyons que cela aura un impact négatif, mais dans quelle mesure, nous ne le savons pas », a-t-il expliqué plus tôt ce mois−ci, au sujet de l’impact de la pandémie sur les ventes d’Halloween.