La montée des épiciers s'essoufflera bientôt

Publié le 08/02/2009 à 00:00

La montée des épiciers s'essoufflera bientôt

Publié le 08/02/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Les épiciers jouent un peu trop bien leur rôle de refuge en ces temps de récession : leurs titres ont grimpé de 22 % depuis cinq mois, tandis que l'indice S&P/TSX a perdu 32 %.

Les titres de Metro et du propriétaire des épiceries IGA au Québec, Empire Co., ont touché un nouveau sommet annuel le 30 janvier.

Cette appréciation a accru de 11 % l'évaluation de leurs titres par rapport à leurs bénéfices prévus en 2009, alors que le ratio cours-bénéfice de l'indice S&P/TSX a baissé de 21 % depuis le 1er septembre, souligne M. Durran. Les titres des épiciers canadiens sont aussi nettement plus chers que ceux de leurs semblables américains.

L'évaluation du titre du premier épicier au pays, Loblaw, est particulièrement élevée. Son titre a été porté par des investisseurs misant sur la possibilité que son actionnaire dominant, Weston, utilise ses liquidités de 4,5 milliards de dollars pour en fermer le capital. Plusieurs analystes jugent pourtant une telle transaction peu probable.

Les analystes David Hartley, de BMO Marchés des capitaux, et Ryan Balgopal, de Scotia Capitaux, croient aussi que le titre de Metro commence à être surévalué, surtout si ses résultats des prochains trimestres sont inférieurs à ceux, records, du premier trimestre, comme ils le prévoient.

Les titres des épiciers sont donc vulnérables, si les résultats des prochains trimestres ne sont pas à la hauteur des attentes. Les bénéfices des épiciers avaient baissé au cours de la récession de 1991-1992.

Baisse défavorable des prix des aliments

Les analystes s'attendent à ce que les facteurs favorables qui ont nourri le bond de 40 % du bénéfice de Metro au premier trimestre s'estompent.

Depuis trois trimestres, la rentabilité de tous les épiciers a fortement profité de l'augmentation des prix des aliments au pays, qui est passée d'un rythme annuel de 0,9 %, il y a huit mois, à 8,4 %, au dernier trimestre de 2008, indique M. Durran.

La dépréciation de 18 % du huard par rapport au dollar américain depuis juillet est la grande responsable de l'inflation en alimentation, car elle augmente le coût des achats de produits périssables en devise américaine. Les épiciers refilent cette hausse aux consommateurs, ce qui a pour effet de gonfler leurs revenus et leurs marges bénéficiaires.

Mais cette dynamique pourrait s'essouffler. Si la valeur du huard se maintient d'ici la fin de 2009, les prix des aliments pourraient baisser à partir du quatrième trimestre, selon M. Durran.

De plus, les grands fabricants de produits de consommation ont augmenté leurs prix de vente l'an dernier pour compenser la hausse du coût des matières premières et du transport. Or, si les consommateurs deviennent plus sensibles aux prix, ces multinationales devront probablement baisser leurs prix. Les épiciers pourraient aussi exiger des rabais de leurs fournisseurs afin de protéger leurs propres ventes.

Sur le plan boursier, les investisseurs délaisseront les épiciers pour se déplacer vers des industries qui profiteront davantage d'une reprise au moindre signe de confiance à l'égard de l'économie, explique M. Durran.

dominique.beauchamp@transcontinental.ca

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