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Hausse des frais des fournisseurs: le patron de Sobeys s’indigne

La Presse Canadienne|Publié le 29 octobre 2020

« Je ne pense pas que ce soit sain — certains de ces comportements sont tout simplement mauvais pour le Canada. »

Le patron de Sobeys a indiqué mercredi que l’épicier n’imiterait pas ses concurrents canadiens en augmentant unilatéralement les frais des fournisseurs, qualifiant la pratique de « difficile à croire et répugnante ».

Le président et chef de la direction de Sobeys et de sa société mère Empire Company, Michael Medline, a estimé que la décision de certains détaillants en alimentation d’imposer des augmentations de frais aux fournisseurs a donné l’impression aux entreprises de biens de consommation d’être intimidées.

« C’est la pire relation que j’aie jamais vue dans mes deux décennies dans le commerce de détail », a-t-il soutenu mercredi, lors d’une conférence virtuelle avec l’Empire Club of Canada.

« Je ne pense pas que ce soit sain — certains de ces comportements sont tout simplement mauvais pour le Canada. »

M. Medline a ajouté : « Cela décourage l’innovation pour les produits. Cela draine notre pays en ce qui a trait aux sièges sociaux des entreprises (de produits de grande consommation) et aux emplois. »

Le dirigeant a fait valoir que le temps était venu de mettre en place un code de conduite dans l’industrie des épiciers — c’est la première fois qu’un grand patron d’une chaîne canadienne d’épiciers soutient publiquement cette idée.

Les Compagnies Loblaw, Walmart Canada et un groupe d’achat national qui représente Metro ont tous déjà indiqué qu’ils prévoyaient augmenter les frais des fournisseurs.

Les épiceries facturent des frais aux fournisseurs pour des services tels que le marketing, le placement des étagères, les coûts d’inventaire, l’emballage et les livraisons.

Si ces coûts sont traditionnellement négociés entre les détaillants et les fournisseurs, les grandes chaînes d’épicerie les imposent de plus en plus unilatéralement. Ils introduisent également de nouveaux frais pour les investissements en capital tels que les mises à niveau des magasins et les activités de commerce électronique.

Établie à Stellarton, en Nouvelle-Écosse, Sobeys exerce ses activités partout au Canada sous plusieurs enseignes, notamment IGA, Rachelle-Béry, Sobeys, FreshCo et Safeway.

M. Medline a soutenu que la pratique consistant à demander à une petite poignée de gros épiciers d’imposer des frais aux fournisseurs risquait de nuire aux agriculteurs, aux consommateurs et aux détaillants en alimentation d’exploitation familiale au Canada.

« Nous négocions, communiquons et discutons des choses avec nos partenaires fournisseurs », a expliqué M. Medline. « Parfois, les partenaires fournisseurs n’aiment pas ce qu’ils entendent et (vice-versa). Mais se lancer dans un carnage réciproque ne fonctionne pas. »

M. Medline a affirmé qu’il était désormais ouvert à la préparation d’un code de conduite qui devrait être équitable et s’appliquer à tous les épiciers et fournisseurs.

« Il faut que cela fonctionne dans les deux sens », a-t-il indiqué. « Les fournisseurs doivent également promettre de jouer loyalement. »

Code de conduite réclamé

Un certain nombre de groupes représentant des épiciers, des producteurs et des fournisseurs indépendants ont appelé à plusieurs reprises à un code de conduite.

Dans une lettre adressée mardi à la ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, et au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario, Ernie Hardeman, huit organisations ont indiqué que la consolidation de l’industrie alimentaire avait corrompu les pratiques équitables du marché.

Ces groupes, qui comprennent la Fédération canadienne des épiciers indépendants, ont déclaré que les grandes chaînes de vente au détail comme Walmart et Loblaws imposaient des coûts unilatéraux aux fournisseurs, imposaient des amendes aux fournisseurs pour les pénuries et déchargeaient leurs coûts d’exploitation sur les fournisseurs.

« Ces pratiques ont, et continueront d’avoir, un impact significatif sur la capacité des épiciers au détail, des agriculteurs, des producteurs et transformateurs d’aliments et de boissons indépendants du Canada à livrer concurrence équitablement, et en même temps à innover et à investir dans leurs propres entreprises », peut−on lire dans la lettre.

« Il ne fait aucun doute que ces pratiques, si elles ne sont pas contrôlées, continueront d’avoir un impact sur la sécurité alimentaire, les prix alimentaires et l’emploi. »

Les organisations demandent que la question soit ajoutée à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres de l’Agriculture, en novembre.

Walmart Canada a annoncé une hausse des frais en juillet, qui a incité United Grocers, un groupe d’achat national qui représente Metro, à indiquer aux fournisseurs qu’il s’attendait aux mêmes coûts que ses concurrents.

La semaine dernière, Loblaw a annoncé à certains fournisseurs que le coût de mise en rayon des produits augmenterait en janvier.

Évoquant des plans visant à améliorer ses activités en magasin et numériques au cours des cinq prochaines années, le géant de l’épicerie a indiqué que les frais de livraison existants augmenteraient et que des nouveaux frais de 1,2 % seraient introduits.