Faillites en hausse de 40%: le CQCD va à la rencontre des commerçants
La Presse Canadienne|Publié le 30 septembre 2024Damien Silès, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) lors de son passage à Laval. (Photo: 2M.Média / Stéphane St-Amour)
Aux grands maux, les grands moyens. Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) a nolisé un autobus à bord duquel il sillonnera cet automne les routes du Québec pour promouvoir l’achat local et informer les détaillants des programmes existants.
Le premier arrêt de cette virée s’est effectué au Grand hôtel TIMES, à Laval, le 27 septembre dernier, en présence du ministre responsable de la ville-région et ministre délégué de l’Économie, Christopher Skeete.
Incidemment, ce ministère finance au coût de 250000 $ la Grande tournée du détail dans 9 villes de la province. «Une première de plusieurs étapes [à venir]», souhaite Damien Silès, directeur général du CQCD.
«Le but est de prendre le pouls, présenter nos services avec nos partenaires, mais surtout de reprendre contact avec nos commerçants», explique-t-il en entrevue au Courrier Laval.
Car depuis la pandémie, cet important secteur d’activité est sérieusement mis à mal, comme en témoigne le nombre de faillites qui a bondi de 39% en 2023.
Une situation qui ne serait pas étrangère à l’échéance des prêts du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC). Les PME avaient jusqu’au 1er trimestre 2024 pour rembourser leur «prêt COVID», à défaut de quoi ils perdaient la portion de subvention qui s’élevait jusqu’à 20000 $.
Enjeux et solutions
Les enjeux liés, entre autres, à la pénurie de main-d’œuvre, aux ventes en ligne dont Amazon détient 53% des parts de marché au Québec et à la francisation du personnel s’inscrivent dans un contexte économique qui demeure difficile.
«L’inflation est toujours présente même si elle diminue et les taux d’intérêt demeurent très hauts; ça augmente les frais», souligne Damien Silès.
Pour la présente tournée, le CQCD s’est entouré de huit partenaires pour offrir aux détaillants des solutions concrètes et les aider à tirer leur épingle du jeu, voire prospérer.
Il s’agit des Produits du Québec, Air Miles, l’Association québécoise des technologies (AQT), Détail Québec, Envoi Québec, Immétis, Maillon vert et Plateforme Rebond.
Les solutions proposées ratissent large: promotion de l’achat local, offre de formations, gestion et livraison facilitées et à moindre coût, fidélisation de la clientèle, commerce en ligne, écoresponsabilité des entreprises, commerce circulaire et soutien pour la main-d’œuvre immigrante.
Poids lourd
Damien Silès y voit une «belle occasion de faire rayonner le secteur du commerce de détail», un poids lourd de l’économie québécoise avec des ventes de 178G$ en 2023. «On est le plus grand employeur privé au Québec, fait-il valoir en évoquant les quelque 500000 travailleurs, qui représentent 11% du marché de l’emploi. C’est énorme».
La présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, Caroline De Guire, était fière de voir le CQCD donner le coup d’envoi à sa tournée dans la cité qu’elle considère être «la capitale nationale du commerce de détail per capita».
À cet égard, Laval économique chiffre à 2900 le nombre de commerces de proximité sur son territoire, soit un magasin par 155 habitants. Ce secteur procure un travail à plus de 27000 personnes et génère près de 10% du PIB lavallois.
12500 postes à combler
Si le secteur du commerce de détail a réussi à pourvoir quelque 15000 postes vacants depuis la sortie de la pandémie, il en reste encore 12500 à combler.
«Aujourd’hui, les besoins touchent davantage les travailleurs qualifiés en comptabilité et en ressources humaines, notamment», observe Damien Silès.
Or, la décision du gouvernement Legault de suspendre pour les 6 prochains mois le Programme des travailleurs étrangers temporaires ciblant les emplois dans la région de Montréal dont le salaire offert est inférieur au salaire médian du Québec, soit 57000$, soulève de grandes inquiétudes chez les commerçants.
À ce sujet, le ministre Skeete a rappelé que ces 2 dernières années, le Québec avait accueilli près de 600000 immigrants temporaires, dont 180000 réfugiés, ce qui a contribué à exercer une forte pression sur les services publics et l’accès au logement.
Bien qu’il reconnaisse que l’immigration temporaire peut soulager en partie une pénurie de main-d’œuvre, le ministre est d’avis que cette solution est contre-productive dans la mesure où elle «freine l’appétit pour l’innovation» des commerçants.
Ces derniers doivent «être agiles», a continué Christopher Skeete, les exhortant à prendre le virage technologique. À cet égard, le gouvernement a dégagé l’an dernier un budget de 240M$ pour accompagner les PME dans leur transformation numérique.
Itinéraire
Voici les prochains arrêts prévus dans le cadre de cette Grande tournée du détail:
Québec, 9 octobre
Lévis, 17 octobre
Rimouski, 18 octobre
Val-d’Or, 24 octobre
Gatineau, 25 octobre
Shawinigan, 15 novembre
Trois-Rivières, 27 novembre
Drummondville, 29 novembre
Rédigé par Stéphane St-Amour, Initiative de journalisme local, Courrier Laval