«Ce n’est pas un sauvetage», assure Peter Simons

Publié le 30/05/2018 à 07:37

«Ce n’est pas un sauvetage», assure Peter Simons

Publié le 30/05/2018 à 07:37

«J’avais besoins de capitaux. Ils ont investi contre une participation aux profits. Leur rendement sera excellent», soutient Peter Simons. Photo: Frederick Ouellet

Le président et chef de la direction de La Maison Simons, Peter Simons, se défend d’avoir été secouru de quelque manière que ce soit par le gouvernement du Québec.

Par l’intermédiaire d’Investissement Québec, son bras financier, le gouvernement du Québec a annoncé mardi avoir pris une participation de 17M$ dans le capital-actions du détaillant, en plus de lui accorder un prêt de 81M$, destiné à la construction de son nouveau centre de distribution de Québec.

De son côté, le Fonds de solidarité FTQ s’est ajouté à l’effort en allongeant 20M$ pour le terrain et la construction du centre, tandis que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a annoncé une prise de participation de 27M$ dans l’entreprise de Québec, aujourd’hui présente dans quatre provinces canadiennes (Québec, Ontario, Alberta et Colombie-Britannique).

Malgré le geste qui rappelle la participation de Québec dans le programme du CSeries de Bombardier, en difficulté, Peter Simons s’est défendu mardi en entrevue avec Les Affaires, de faire l’objet d’un sauvetage. «Est-ce qu’on vient à ma rescousse? Non, a-t-il répondu. Dans le fond, je suis condamné à investir en raison de mon succès.»

Au dernier trimestre, «le meilleur trimestre de son histoire» selon le président, le succès de Simons se serait traduit par des ventes en ligne en hausse de plus de 40% et des performances toutes aussi encourageantes du coté de ses magasins traditionnels. «On parle même, dit-il, d’augmentation de ventes comparables à deux chiffres (plus de 10%) dans le reste du Canada (six magasins sur quinze).» 

Des difficultés, Simons n’en vit donc pas réellement, assure son président. Les investissements de 215M$ projetés entre autres dans son centre de traitement des commandes ne serait pas tant la résultante de difficultés, mais bien des obligations qu’incombent à un détaillant à succès qui souhaite le demeurer.

«Je ne le cache pas. Nous avons beaucoup investi dans les dernières années et les premières années (de commerce web) ont été très difficiles. Cela est normal au début lorsqu’on essaie de faire croître un modèle d’entreprise en démarrage. Cela dit, même si c’est encore fragile, même si un trimestre n’est encore qu’un trimestre, je crois qu’on a réussi à trouver le bon équilibre entre les ventes en magasin et en ligne»

Participations et rendements mystères

 La Maison Simons a été créée à Québec en 1840. À la suite d’une forte poussée de croissance vers l’Ouest au cours des dernières années, l’entreprise compte aujourd’hui quinze magasins, dont neuf sont situés au Québec. Ses ventes annuelles avoisinent les 500M$, a confirmé Peter Simons à Les Affaires. Et d’ici la fin de l’année 2018, ce dernier estime que ses ventes en ligne pourraient représenter 20% de ses revenus.

«C’est une industrie en mutation. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte. Des ouvertures, des fermetures, des changements qui arrivent de toutes parts. Par chance, nos affaires vont bien. Mais peu importe comment on le voit, une chose demeure : je dois m’organiser pour être en mesure de bien servir notre clientèle.»

Si les montants des investissements d’Investissement Québec (IQ) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ont été rendus publiques, aucune des parties n’a souhaité divulguer la part que constituait ces nouveaux investissements institutionnels dans Simons.

Sur le sujet, son président Peter Simons s’est montré tout aussi évasif, soutenant ne pas détenir les données pour répondre. «C’est pas que je ne veux pas le dire, c’est juste que je n’ai pas de base pour vous répondre. Contrairement à une entreprise publique, on ne connaît pas l’évaluation totale (de Simons).»

Ce dernier a indiqué à Les Affaires que les termes des ententes signées avec IQ et de la CDPQ étaient assorties d’une clause de sortie, prévoyant un remboursement avec profit après une période de sept ans (ou au printemps 2025). «J’avais besoins de capitaux. Ils ont investi contre une participation aux profits. Leur rendement sera excellent, il ne faut pas s’inquiéter», a-t-il résumé avant de soutenir que le rendement promis était, lui, de nature confidentielle. 

«En tant qu’entrepreneurs, s'est-il justifié, tu ne passes pas tes journées à peser tes agneaux. Parce que peser des agneaux, ça ne les engraisse pas. Tu te concentres sur leur bien-être et c’est comme ça qu’ils engraissent. C’est pareil pour moi, qui me concentre sur le commerce. Peser, peser, peser, c’est pour les financiers ; construire, construire, construite, c’est pour les entrepreneurs. C’est ce que je fais, et ce qui me préoccupe.»

D’autres options de financement étaient sur la table. Des plus avantageuses , a laissé entendre M. Simons. Mais au-delà de l’argent, a-t-il expliqué, ce que Simons cherchait était un partenaire, un capital intelligent (du smart money), qui avait non seulement la compétence, mais également une «bonne compréhension de nos valeurs avec une vision à long terme». Le chef d'entreprise estime avoir trouvé chez Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec la compréhension qu’il recherchait.

Peter Simons ne se taira pas

Enfin questionné sur la question de l’équité fiscale, un dossier qui lui est cher, Peter Simons, a répondu qu’il continuerait de réclamer des changements au gouvernement en dépit de la participation nouvelle du gouvernement dans le capital de sa société.

«J’aimerais que le gouvernement soit plus proactif, que le dossier avance plus rapidement. En même temps, je sais que (la ministre) Dominique Anglade et moi voulons la même chose. Les changements vont donc venir un jour ou l’autre.»

«Personne n’est contre l’équité. Et ce n’est certainement pas moi, à mon âge et malgré tout (la participation financière de Québec) qui va s’empêcher de continuer de dire ce que je pense sur ce sujet. (…) Oui, j’aimerais que ça aille plus vite. Ça ne va pas aussi vite que j’aurais voulu, mais j’ai confiance qu’on y parvienne.»

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