Une grande richesse pour le Québec


Édition du 30 Septembre 2017

Une grande richesse pour le Québec


Édition du 30 Septembre 2017

La biomasse marine est une mine d’or pour ­Océan ­NutraSciences. « Nous exportons environ 60 % de notre production, surtout aux ­États-Unis et un peu en ­Europe », dit le PDG, Gilles Desjardins (à droite), accompagné ici du directeur de la R - D, Erwann F

Le marché des biotechnologies marines est en expansion et le Québec compte bien y occuper une position favorable. Le fleuve Saint-Laurent est un atout considérable en raison des ressources qu'il recèle, mais il faut maintenant structurer le secteur.

«Les biotechnologies marines constituent un nouveau chantier et il est possible d'aller beaucoup plus loin, lance en entrevue le ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D'Amour. Le Québec doit apprendre à valoriser davantage la biomasse marine, comme le font l'Islande ou la Grande-Bretagne. Présentement, nous valorisons environ 25 % des coproduits des pêches, alors que plusieurs pays en valorisent plus de 90 %.»

L'industrie de la pêche doit encore être sensibilisée à la valeur ajoutée que recèlent ses prises, selon lui. «À peu près tout ce que nous avons longtemps vu comme des résidus de la pêche peut être valorisé et augmenter les revenus des pêcheurs et des transformateurs.» Reste à assembler et à structurer un secteur dans lequel chercheurs, pêcheurs, transformateurs, bailleurs de fonds et responsables de la commercialisation travailleront de concert.

Un effort qui se fera en collaboration avec des partenaires étrangers. La création de l'Institut France-Québec pour la coopération scientifique en appui au secteur maritime, en octobre 2016, se veut un premier pas du côté de la collaboration internationale en recherche. Attirer des entreprises de l'extérieur, lesquelles s'amèneraient avec de nouvelles connaissances et technologies, fait aussi partie des plans. D'autant plus que plusieurs se montrent fort intéressées aux ressources maritimes du Québec.

Jean D'Amour relate la visite d'une quinzaine de consuls et d'ambassadeurs à l'usine La renaissance des Îles-de-la-Madeleine en septembre 2016, au cours de laquelle l'un des consuls s'est extasié devant les tonnes de homards qui y étaient transformées. Il qualifiait les «résidus» de cette transformation de véritable mine d'or. «C'est un nouveau positionnement économique pour le Québec et pour nos pêcheurs, c'est une nouvelle manière de voir leur industrie», en conclut le ministre.

Des ingrédients naturels qui séduisent

Une mine d'or, la biomasse marine en est une aussi pour Océan NutraSciences, passée maître dans l'art de la valoriser. Elle en fait des matières premières que l'on trouve, entre autres, dans des produits cosmétiques, en plus de fabriquer ses propres produits finis nutraceutiques et de santé naturels. Fondée en 1999, l'entreprise de Matane déclare une hausse annuelle de son chiffre d'affaires de 10 à 15 % depuis huit ans.

Son PG-1, par exemple, est un concentré soluble de peptides riches en arginine, un acide aminé utile dans la nutrition sportive et pour renforcer le système immunitaire. L'Asta-Pro 1000, lui, est un aliment diététique provenant de crevettes nordiques contenant de l'astaxanthine, un puissant antioxydant diminuant les facteurs de risques associés aux maladies cardiovasculaires.

«La demande est en hausse pour ce genre d'ingrédients naturels, lesquels ne contiennent pas de solvants organiques, confie le PDG d'Océan NutraSciences, Gilles Desjardins. Présentement, nous exportons environ 60 % de notre production, surtout aux États-Unis et un peu en Europe.»

L'entreprise de 12 employés dépense entre 5 et 10 % de son chiffre d'affaires annuel en R-D. «Le marché évolue rapidement, il faut rester à l'avant-garde», explique le dirigeant.

Un marché de 310 millions de dollars

Pierre Erwes préside aux destinées du forum BioMarine, une plateforme consacrée à la croissance de l'économie biomarine, qu'il définit comme l'utilisation des ressources biologiques de la mer et leur transformation. «On prend algues, poissons, restes de poissons, enzymes, bactéries et autres et on en fait des produits dérivés, comme des cosmétiques, des produits d'alimentation humaine ou animale et des biomatériaux, ou alors, on en extrait des molécules à valeur ajoutée», explique-t-il.

Le marché est difficile à circonscrire, car les produits de l'industrie biomarine sont utilisés dans plusieurs secteurs différents. BioMarine évalue la valeur actuelle du marché mondial à environ 310 millions de dollars, un montant appelé à grimper. Certaines ressources font l'objet d'une demande en forte hausse, comme les algues, de plus en plus prisées pour leurs protéines et leurs molécules.

Chaque année, BioMarine tient un des plus grands événements mondiaux de l'industrie. Gouvernements, entreprises privées et chercheurs s'y retrouvent. La plateforme estime à plus de 220 M $ les ententes commerciales découlant de ces rencontres depuis leurs débuts, en 2008. Or, c'est à Rimouski que se tient l'événement cette année, en présence du premier ministre du Québec et du prince de Monaco, notamment. Ce n'est pas un hasard. Pierre Erwes estime que le Québec a tous les atouts pour devenir un centre important de l'industrie biomarine.

«La province est certainement à la pointe en bioéconomie bleue, avance-t-il. Elle est riche en ressources premières et a tout à gagner au développement de cette industrie. Lorsque sa filière sera bien structurée, le Québec bénéficiera du fait que son territoire recèle des matières premières uniques au monde. Il deviendra un producteur et un développeur de biomolécules que tout le monde s'arrachera.»

Québec et Ottawa doivent ramer dans le même sens

Au rang des atouts, donc, des ressources marines en abondance, des centres de recherche innovateurs, de plus en plus d'entrepreneurs prêts à prendre des risques et des entreprises étrangères, notamment européennes et asiatiques, intéressées à venir s'installer au Québec.

Au rang des défis, Pierre Erwes note que la ressource est souvent sous la juridiction de Pêches et Océans Canada. Les gouvernements canadien et québécois doivent donc apprendre à ramer dans le même sens.

La vastitude du territoire québécois signifie aussi que certains acteurs se trouvent très éloignés les uns des autres. «C'est intéressant de créer une concentration dans une région pour faciliter les coopérations et grouper le financement», précise M. Erwes.

Ce dernier oeuvre à l'instauration d'un fonds bleu transatlantique doté d'une enveloppe de 500 à 600 millions d'euros (735 à 882 M $ CA), un outil financier visant à soutenir les PME et l'innovation. L'Union européenne serait invitée à contribuer, tout comme des gouvernements, des fonds institutionnels comme la Caisse de dépôt et placement du Québec ou Investissement Québec, d'autres acteurs tels Teralys et autres «fonds de fonds», et même des banques commerciales.

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