Northvolt: «On est engagé à rester au Québec longtemps»

Publié le 03/04/2024 à 12:16, mis à jour le 24/04/2024 à 10:19

Northvolt: «On est engagé à rester au Québec longtemps»

Publié le 03/04/2024 à 12:16, mis à jour le 24/04/2024 à 10:19

Par La Presse Canadienne

Northvolt devra obtenir une autorisation ministérielle pour la construction de son premier bâtiment et des autorisations provinciales et fédérales pour la prise et le rejet d’eau dans la rivière Richelieu. (Photo: La Presse Canadienne)

L’entreprise Northvolt a convoqué les médias mercredi matin pour assurer le public que son projet de méga−usine de batteries en Montérégie va bon train et qu’elle compte rester au Québec longtemps. 

Six mois après l’annonce de l’investissement de 7 milliards de dollars (G$) pour la construction de son usine de cellules de batteries, Northvolt devra réussir à obtenir une douzaine d’autorisations et de permis supplémentaires dans les prochaines années.

«On prend un risque à déployer des milliards de dollars en amont du projet sans avoir la certitude d’avoir tous les permis alignés à la fin» et «si on prend ce risque, c’est qu’on est conscient que la technologie qu’on déploie va nous permettre d’avoir toutes les autorisations nécessaires», a indiqué Paolo Cerruti, PDG de Northvolt Amérique du Nord, lors de la conférence de presse.

L’entreprise, qui compte livrer sa première batterie à l’été 2026, devra par exemple obtenir une autorisation ministérielle pour la construction de son premier bâtiment et des autorisations provinciales et fédérales pour la prise et le rejet d’eau dans la rivière Richelieu.

L’eau de la rivière Richelieu, où vit le chevalier cuivré, une espèce de poisson menacée, doit servir au refroidissement des équipements.

Si l’entreprise n’obtient pas l’autorisation de puiser l’eau de la rivière, d’autres options sont à l’étude, comme la construction de «tours de refroidissement», mais cette alternative ne peut pas être pérenne, selon les dirigeants de Northvolt.

 

Surpris par les controverses 

Paolo Cerruti a confié qu’il a été «définitivement surpris» par les différentes controverses publiées dans les médias depuis six mois.

«On a été attaqué ou critiqué sur la fondation même de notre identité», sous prétexte «qu’on ne respecte pas l’environnement. Peut−être qu’on a été trop naïf, on ne s’y attendait pas».

Northvolt a notamment dû arrêter ces travaux lorsque le Centre québécois du droit de l’environnement et trois citoyennes ont déposé une demande d’injonction devant la Cour supérieure en raison de la destruction de milieux humides sur le site de l’entreprise.

«Cette compagnie existe, car nous avons senti l’urgence de faire quelque chose pour l’environnement et répondre à l’urgence climatique», a fait valoir le PDG de Northvolt en répétant qu’il compte rester au Québec longtemps.

«On est engagé à rester au Québec pour une longue durée, c’est un marathon et non un sprint», a expliqué Paolo Cerruti.

Mais un marathon, par définition, c’est aussi une course et lors d’un breffage technique qui a précédé la conférence de presse, un représentant de l’entreprise a reconnu que le calendrier est plutôt serré et que l’entreprise doit apprendre à «faire bien et faire vite».

 

Un BAPE 

D’ici la fin de l’année, Northvolt compte déposer les documents relatifs à la portion de son projet, l’usine de recyclage appelée Revolt, qui sera soumise au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Paolo Cerruti a indiqué qu’il partagera les principaux documents en lien avec le BAPE et avec les autorisations ministérielles sur le site internet de l’entreprise, une fois les autorisations obtenues, afin que ceux−ci soient accessibles à la population.

 

Entre 350 et 450 camions par jour 

Northvolt anticipe, à court terme, que des travaux d’aménagement de routes et de systèmes de drainage des eaux pluviales temporaires, ainsi que la construction du premier bloc d’assemblage de cellules, provoqueront une «augmentation temporaire» du volume de camions dans le secteur. Ainsi, entre 350 et 450 camions circuleront quotidiennement sur le site.

Différentes mesures d’atténuation sont prévues pour limiter les nuisances, comme l’utilisation de toiles sur les camions pour éviter l’épandage de poussière et de débris.

L’autorisation ministérielle et les permis pour procéder à ces travaux n’ont pas encore été délivrés.

 

Coupe d’arbres 

Northvolt indique avoir terminé les travaux de coupes d’arbres prévus sur la portion du terrain située à Saint−Basile−le−Grand. Lors du breffage technique, l’entreprise n’était pas en mesure d’indiquer la quantité d’arbres qui avaient été coupés jusqu’à présent. Des coupes d’arbres additionnelles sont prévues à McMasterville.

Northvolt soutient que 6240 arbres vivants et 3344 arbres morts seront retirés du site et qu’elle replantera 2,5 arbres pour chaque arbre vivant abattu.

 

La batterie la plus verte 

Northvolt estime pouvoir fabriquer une batterie dont l’empreinte carbone de la production serait 90% moins élevée que celle de ses principaux concurrents chinois, d’ici le début de la prochaine décennie.

L’énergie décarbonée, c’est−à−dire l’hydroélectricité produite au Québec, le recyclage des métaux et de courtes chaînes d’approvisionnement, permettra, selon l’entreprise, d’atteindre cet objectif. Northvolt a pour objectif d’utiliser 50% de matériaux recyclés.

«L’empreinte carbone d’une batterie de Northvolt est de 33 kgCO2e/kW, comparativement à la référence externe du marché, établie à 98 kgCO2e/kW», selon un document présenté lors d’une séance d’information technique pour les médias.

Répondant à la question d’un journaliste, le PDG de Northvolt a indiqué que le contribuable québécois aura payé «environ un tiers» de chaque batterie qui sortira de l’usine. 

Il est prévu que Northvolt recevra environ 7 G$ en aide des gouvernements provincial et fédéral.

Depuis l’ouverture de son siège social nord−américain à Montréal, Northvolt indique avoir signé des contrats totalisant 138 millions $ avec des fournisseurs québécois et embauché 83 employés qui «forment le noyau initial de l’équipe au Québec».

L’entreprise prévoit embaucher 3000 employés au Québec. 

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

 

 

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