Aliments: les consommateurs n'ont plus confiance

Publié le 22/09/2017 à 11:42

Aliments: les consommateurs n'ont plus confiance

Publié le 22/09/2017 à 11:42

Pendant deux ans, Mucci Farms a vendu chez Metro, Sobeys et Loblaws des tomates mexicaines en prétendant faussement qu'elles étaient canadiennes. Celle qui encore aujourd'hui approvisionne les grands détaillants a été condamné à 1,5M$ d'amendes.

La fraude alimentaire est devenue un problème si important que l’industrie fait face à une crise de confiance des consommateurs. Et à défaut de choisir de s’y attaquer sérieusement, prévient un expert, l’industrie devra apprendre à vivre avec l’imposition de nouvelles mesures de contrôle gouvernemental.

C’est du moins l’avis de Sylvain Charlebois, professeur respecté en distribution et politiques alimentaires, et doyen de la faculté de management de l’Université de Dalhousie, à Halifax. Ce dernier participait récemment à une conférence sur le sujet, organisé par les Événements Les Affaires.

«J’ai la nette impression, dit-il, que nous sommes à la croisée des chemins. D’une part, jamais les consommateurs n’ont eu accès à un nombre aussi élevé de produits importés. Et d’autre part, ceux-ci ne se sont jamais montrés aussi exigeants en matière de transparence et d’authenticité.»

Selon ce dernier, les détaillants et transformateurs alimentaires ne peuvent faire fi de la situation et continuer de faire les choses comme si rien n’avait changé au cours des dernières années. L’industrie doit en prendre acte. Sans quoi, prévient-il, elle devra un jour ou l’autre payer les contrecoups de ce laisser-faire.

Le mensonge de Mucci

La crise provoquée en Europe à la suite du scandale de la viande chevaline a montré combien les consommateurs n’acceptent plus d’être trompés. Dans ce cas, le géant du détail Tesco vendait des plats où la viande de bœuf avait été substituée par de la viande de cheval.

Plus près de nous, en juillet dernier, l’ontarienne Creation Foods a été condamnée pour avoir vendu à un camp destiné à des enfants de confession juive de la nourriture casher alors qu’il n’en n’était rien. De manière similaire, Cericola Farms a été condamnée pour sa part pour avoir vendu du poulet conventionnel qu’elle présentait faussement comme du poulet biologique.

Et que penser du cas de la société Mucci Farms, condamnée à une amende de 1,5M$ pour avoir faussement prétendu pendant deux ans, tant chez Metro, Loblaws, que Sobeys, que les tomates miniatures du Mexique qu’elle mettait en marché étaient canadiennes?

Les exemples du genre pullulent. Aux États-Unis comme au Canada, et souvent sans que les procès intentés n’obtiennent le moindre écho dans les médias. N’empêche, avec le temps, déplore le professeur Charlebois, les cas de fraude auront fini par miner sérieusement la confiance des consommateurs canadiens.

Des consommateurs inquiets

En appui, le professeur d’Halifax présente les résultats d’une étude pancanadienne, menée par l’Université de Dalhousie, en collaboration avec l’Institut Jean Garon, spécialisé dans l’étude des enjeux agroalimentaires du Québec.

Selon elle, 63% des Canadiens se disent inquiets à l’égard des produits alimentaires «contrefaits ou falsifiés ou de produits étant mal représentés». Les trois quarts (73,9%) sont particulièrement inquiets à l’égard des produits provenant d’outre-mer, mais tout de même 57,4% se disent tout aussi inquiets à l’égard des aliments du Canada.

Cette crainte est-elle justifiée? Pour mémoire, M. Charlebois rappelle une étude menée par Oceana qui démontrait que 20% des 25 000 poissons analysés dans le monde étaient mal identifiés et vendus pour ce qu’ils n’étaient pas. Et loin de faire meilleure figure, le Canada affichait au contraire un score bien pire. Contre toute attente, les erreurs d’étiquetage ou d’identification concernaient pas moins de 41% des poissons analysés au pays.

Pour ne rien aider, plus de quatre Canadiens sur dix (40,4%) soutiennent avoir acheté au moins un produit alimentaire contrefait ou falsifié au cours des dernières années et près de 45% des répondants n’ont nullement confiance à l’industrie alimentaire pour les protéger de telles fraudes, à l’épicerie comme au restaurant.

Partie perdue?

Pas surprenant dans ces conditions que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) observe une augmentation des plaintes de consommateurs pour fraude alimentaire ces dernières années.

En 2016, l’ACIA n’avait reçu que 41 plaintes officielles de citoyens pour des cas allégués de fraude alimentaire. En 2017, après seulement six mois, le nombre de plaintes reçues dépasserait du double le nombre de plaintes reçues pendant les douze mois de 2016.

La partie est-elle perdue pour autant pour l’industrie alimentaire? Peut-être pas. Mais si rien n’est fait rapidement pour renverser la tendance, M. Charlebois prévient qu’elle doit s’attendre à devoir composer avec un nombre croissant de mesures contraignantes des gouvernements qui ne pourront, eux, rester infiniment sourds aux demandes des citoyens.

En attendant, conclut-il, ces derniers continueront de douter et de prendre tous les moyens à leur disposition pour dénoncer à chaque occasion, les manquements, négligences ou mensonges de l’industrie. Et, à chaque fois ce faisant, de réclamer des gouvernements, le respect des lois actuelles, le resserrement de celles-ci, et une meilleure traçabilité des aliments offerts et consommés par les Canadiens.

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