Voies ferrées bloquées: Trudeau continue de prôner la patience
La Presse Canadienne|Publié le 19 février 2020Justin Trudeau n'a pas voulu répondre à François Legault qui a réclamé au gouvernement fédéral un échéancier précis.
Pendant qu’à Québec, on évoque la possibilité de réclamer l’intervention de la Sûreté du Québec (SQ) pour mettre fin aux manifestations qui bloquent des voies ferrées, à Ottawa, le gouvernement Trudeau continue de conseiller la patience.
À son arrivée à sa réunion de caucus mercredi matin, Justin Trudeau n’a pas voulu répondre aux déclarations de François Legault qui a, entre autres, réclamé au gouvernement fédéral un échéancier précis.
Le ton du premier ministre Trudeau avait cependant pris quelques nuances, par rapport à la veille.
«Les gens font face à des pénuries. Les gens font face à des mises à pied. C’est inacceptable», a−t−il offert aux micros des journalistes, refusant de commenter le possible recours à la SQ évoqué à Québec.
«On va continuer à travailler avec tout le monde pour résoudre cette situation le plus rapidement possible», a−t−il encore répété.
Arrivés avant lui à la réunion hebdomadaire, ses ministres ont assuré que leur gouvernement a «un plan» et qu’il y travaille.
«On a un plan de match (…) et tout le gouvernement travaille dans la même direction. On sait où on s’en va», a déclaré Pablo Rodriguez, lieutenant québécois de M. Trudeau.
«Il se passe beaucoup de choses. Vous voyez à quel point le ministre Miller et la ministre Bennett sont en communication avec les communautés autochtones. Il faut trouver une solution qui soit durable dans le temps», a souligné la ministre de l’Agriculture Marie−Claude Bibeau.
«C’est sûr qu’on a tous, dans nos têtes, ce qui s’est passé à Oka», a confié la ministre du Revenu Diane Lebouthillier. «Ce n’est pas ce qu’on veut reproduire», a−t−elle noté.
De son côté, le chef du Bloc québécois déconseille fortement toute intervention policière.
«On n’a pas envie d’embarquer dans un cycle d’intervention policière qui va être à recommencer dans le futur», a dit Yves−François Blanchet.
«Ce n’est pas une solution», a−t−il insisté. «Ce n’est pas seulement un report du problème, mais c’est peut−être une façon d’envenimer le problème», a−t−il ajouté.
Par ailleurs, M. Blanchet croit que M. Trudeau peut contacter la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour explorer la possibilité qu’elle se retire du territoire des Wet’suwt’en, condition posée par des chefs héréditaires pour la tenue d’une rencontre avec la ministre fédérale des Relations Couronne−Autochtones Carolyn Bennett.
Mardi, le premier ministre Trudeau a déclaré que cette rencontre est la «clé» pour débloquer les manifestations à travers le pays.
«Il peut prendre le téléphone, les appeler et dire ‘écoutez, nous avons une crise nationale’», a supposé M. Blanchet, imaginant un appel téléphonique entre le premier ministre et la GRC.
M. Blanchet croit qu’il serait peut−être possible que la GRC se retire complètement du territoire.
Chez les conservateurs, on tient un discours moins conciliant.
«Il faut, une fois pour toutes, qu’on entende un signal clair du premier ministre que ces gestes−là sont illégaux, a dit Alain Rayes. Si les Premières Nations, certaines communautés, les chefs héréditaires veulent discuter, négocier (et que) le gouvernement veut le faire, personne n’est contre ça, qu’ils le fassent à l’extérieur des rails de chemins de fer et qu’ils arrêtent de prendre en otage la population canadienne.»