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Un camion classe 8 complètement électrique made in Saint-Jérome

La Presse Canadienne|Publié le 11 mars 2019

Le tout premier, qui prendra la route l’automne prochain, a déjà trouvé son acheteur, en l’occurrence la SAQ.

La Compagnie Électrique Lion, de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, a dévoilé lundi le tout premier camion de classe 8 entièrement électrique en présence de plusieurs dignitaires.

Le Lion8 est le premier véhicule du genre, un camion dix roues à usage urbain doté d’une autonomie de 400 kilomètres.

« On s’est concentrés sur le “moins de 400 kilomètres” », a expliqué le président et fondateur de Lion, Marc Bédard.

« Il y a de 300 000 à 400 000 camions de classe 8 qui se vendent chaque année en Amérique du Nord et 45 % de ces ventes de camions de classe 8 vont faire moins de 400 kilomètres. C’est un énorme marché », a-t-il fait valoir.

Marc Bédard, dont les autobus d’écoliers tout électriques sillonnent déjà les routes du Québec depuis quelques années, s’attend donc à une forte demande alors qu’il sera jusqu’à nouvel ordre le seul constructeur nord-américain de camions 100 pour cent électriques.

Le tout premier Lion8, qui prendra la route l’automne prochain, a déjà trouvé son acheteur, en l’occurrence la Société des alcools du Québec, qui utilise ce genre de camion pour la livraison en ville, surtout auprès des restaurateurs.

Le véhicule est toutefois très adaptable et peut avoir une boîte réfrigérée, être équipé d’une nacelle, d’une benne électrique, de l’équipement pour le ramassage de rebuts ou de recyclage et ainsi de suite.

100 % du génie québécois

Fait à noter, il ne s’agit pas d’un camion reconfiguré.

« Ce n’est pas un “rétrofit”; c’est un camion qui a été fabriqué de A à Z pour être électrique », a précisé M. Bédard, ajoutant qu’il y a « quelque chose d’absolument extraordinaire avec ce camion-là, c’est que c’est à 100 % du génie québécois ».

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est pour sa part félicité de l’apport du gouvernement du Québec, qui a consacré 8,6 millions $ au soutien du développement de ce camion, dont la mise en production « contribuera à créer plus de 1000 emplois sur 10 ans, a-t-il dit. Ces emplois représentent près du quart des emplois actuels, 4400 à peu près, dans l’industrie du camion, des autobus et des autocars au Québec. »

Son collègue à l’Environnement, Benoit Charette, a profité de l’occasion pour réitérer un credo du gouvernement caquiste en telle matière: « Il n’y a aucune contradiction entre le développement économique et l’environnement ».

Surtout, il a fait valoir le potentiel du camion électrique dans le contexte québécois où, contrairement à la plupart des sociétés qui produisent de l’électricité avec des hydrocarbures ou du charbon, la production d’électricité n’est pas une source importante de gaz à effet de serre (GES) grâce à l’utilisation de barrages hydroélectriques. La plus importante source de GES au Québec est bel et bien le transport.

« Il y a 80 % des émissions du secteur (des transports), soit un peu plus de 34 % d’émissions de GES au total, qui sont liées au transport lourd », a fait valoir M. Charette.

Coût élevé, économies majeures

Le coût d’achat d’un Lion8 est sensiblement plus élevé que celui d’un camion de classe 8 au diesel, mais cet écart se résorbera rapidement selon le fabricant.

On évalue que le coût énergétique du Lion8, avec la recharge, représente une économie de 80 % par rapport au carburant, qui constitue la plus importante dépense des exploitants de flottes.

« Plus on l’utilise, plus c’est payant, a soutenu M. Bédard. On estime l’économie d’énergie à environ 80 %. Ça veut dire qu’un véhicule diesel, où on dépense aujourd’hui 50 000 $ par année, on peut penser que l’électrique, en équivalant, va dépenser environ 10 000 $. C’est une économie de 40 000 $ par année. »

Les coûts d’entretien, également, sont évalués à 40 % de ceux d’un camion diesel ordinaire « parce qu’il n’y a pas de système d’échappement, pas de filtre à particules, pas de transmission, pas d’huile moteur, etc. Le système de freinage regénératif va permettre d’allonger la durée de vie des freins par environ trois fois », a-t-il énuméré.

Marc Bédard se dit capable de répondre à une demande annuelle pouvant atteindre 1000 camions et il promet même, d’ici un an et demi, de mettre sur le marché un tracteur de camion-remorque entièrement électrique également.