Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Poisson d’avril: nationalisation du transport en Gaspésie

lesaffaires.com|Publié le 01 avril 2021

Poisson d’avril: nationalisation du transport en Gaspésie

Fin janvier, Keolis Canada, qui exploite le transporteur Orléans Express, avait menacé de suspendre son service à l’est de Rimouski. (Photo: 123RF)

POISSON D’AVRIL 2021. Aux prises avec une troisième vague qui risque encore de perturber le transport régional interurbain, le gouvernement Legault se prépare à nationaliser dans les prochaines semaines la desserte d’autobus qui lie Québec à Gaspé, a appris Les Affaires.

Selon deux sources de l’industrie qui requièrent l’anonymat, Québec voudrait ainsi à tout prix éviter une nouvelle vague d’incertitude dans le transport régional comme en début d’année.

Keolis Canada, qui exploite le transporteur Orléans Express, avait alors menacé de suspendre son service à l’est de Rimouski, et ce, en raison des restrictions sanitaires qui avaient fait chuter ses revenus — l’entreprise affirmait alors perdre environ un million de dollars par jour.

Cette décision avait provoqué une levée de boucliers immédiate en Gaspésie, et ce, aussi bien de la part des usagers que de nombreuses entreprises.

Plusieurs décideurs politiques et économiques de la péninsule avaient insisté sur le fait que le transport par autobus est un service essentiel dans les régions éloignées du Québec.

Keolis avait finalement décidé de maintenir son service à la suite de négociations intenses entre le ministère des Transports et la Fédération des transporteurs par autobus (FTA), dont Keolis Canada est membre.

Le gouvernement s’était engagé à bonifier son aide financière à l’industrie, du moins jusqu’à la fin de la pandémie.

Concrètement, Québec avait débloqué 10 millions supplémentaires pour le transport interurbain par autobus, une somme qui s’ajoutait aux 8,2 M$ qu’il avait mis sur la table l’été dernier pour aider l’industrie en raison de la COVID-19.

Pour autant, cette crise avait provoqué une réflexion en profondeur auprès de diverses parties prenantes. 

Joints par Les Affaires, le ministère des Transports et la FTA ont refusé de nous accorder un entretien à propos de ce projet de nationalisation du transport par autobus dans l’axe Québec-Rimouski-Gaspé.

Pour sa part, Keolis Canada n’avait pas répondu à notre appel au moment de mettre cet article en ligne.

 

Deux scénarios de nationalisation sur la table

Selon nos deux sources, Québec hésite encore entre deux scénarios: une nationalisation permanente ou une nationalisation temporaire.

Dans le premier scénario, Québec se porterait acquéreur des actifs (véhicules, terminaux, garages) pour exploiter la desserte d’autobus entre Québec et Gaspé (avec un service du côté nord et du côté sud de la péninsule gaspésienne).

Il est difficile d’évaluer le coût d’une telle acquisition, selon nos sources. Cela dit, on parle de «plusieurs millions de dollars, sinon plus», dit l’une d’elle.

La gestion des opérations serait confiée à une nouvelle société d’État, qui continuerait d’employer le personnel d’Orléans Express sur cette ligne.

Il n’y aurait donc pas de mise à pied.

Le second scénario pourrait ressembler à l’approche de l’administration démocrate de Barack Obama (2009-2017) dans le secteur automobile aux États-Unis lors de la récession mondiale de 2008-2009, selon nos sources.

En 2009, Washington avait nationalisé le géant de l’automobile General Motors (GM) pour lui éviter la faillite, un geste qui avait marqué les esprits aux États-Unis.

Le gouvernement américain avait pris une participation de 72,5% dans le capital de l’entreprise, en plus de lui fournir des fonds supplémentaires de 30 milliards de dollars américains (G$US).

Par contre, une fois la crise économique terminée, l’État s’était retiré du capital de GM.

Québec pourrait faire sensiblement la même chose: prendre le contrôle d’Orléans Express jusqu’à la fin de la pandémie afin de s’assurer qu’il n’y ait plus de menaces ou de ruptures réelles du service par autobus dans l’axe Québec-Rimouski-Gaspé.

Par contre, une fois la crise sanitaire derrière nous, le gouvernement redonnerait le contrôle du transporteur à Keolis Canada.

Pour l’aider dans sa réflexion, le ministère des Transports a d’ailleurs créé une plateforme électronique de discussion entre des fonctionnaires, des membres de la FTA et quelques maires du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

Selon nos informations, Québec veut justement évaluer si cette nationalisation doit être permanente ou temporaire.

Par contre, cette plateforme n’est pas encore accessible à tout le monde… en ce jeudi 1er avril! 

Vous aimez lire de vraies nouvelles, n’est-ce pas? C’est ce que les journalistes de Les Affaires vous offrent. Abonnez-vous!

 

(Photo: 123RF)