Nissan prévoit un bénéfice net de 380 milliards de yens (2,3 milliards d'euros) sur son nouvel exercice démarré le 1er avril. (Photo: 123RF)
Nissan a annoncé jeudi des résultats annuels en forte progression et supérieurs aux chiffres préliminaires qu’il avait dévoilés par surprise en avril, mais il anticipe une baisse de son bénéfice net en 2024/25 alors qu’il subit l’intense concurrence électrifiée chinoise.
«Nous avons livré des résultats solides» malgré un environnement de marché «difficile, avec davantage de fragmentation et une concurrence accrue», a commenté le directeur général du constructeur japonais, Makoto Uchida, lors d’une conférence de presse.
Nissan prévoit un bénéfice net de 380 milliards de yens (2,3 milliards d’euros) sur son nouvel exercice démarré le 1er avril, ce qui serait un repli de 10,9% par rapport à 2023/24, où son bénéfice net a presque doublé à 426,6 milliards de yens.
Mais grâce à des effets de change positifs liés à la grande faiblesse du yen et à des économies de coûts, Nissan s’attend à une nouvelle hausse de son bénéfice opérationnel annuel, à 600 milliards de yens (+5,5%).
Son bénéfice opérationnel s’est envolé de 51% en 2023/24 à 568,7 milliards de yens, en raison notamment de ventes mondiales dynamiques, de la décrue de coûts de matières premières comme l’acier et l’aluminium et d’effets de change positifs.
Makoto Uchida a cependant nuancé jeudi l’avantage pour son groupe de la chute du yen, actuellement au plus bas face au dollar depuis 1990: «Sur le court terme, nous voyons un bénéfice des taux de change», mais pour le moyen et long terme, si leur volatilité est très importante cela pose un «problème» pour planifier des investissements et prendre d’autres décisions stratégiques, a-t-il souligné.
Le chiffre d’affaires annuel de Nissan devrait lui aussi continuer à s’améliorer, à 13.600 milliards de yens (81,3 milliards d’euros au cours actuel), soit une hausse de 7,2% par rapport à ses ventes sur l’exercice écoulé, où elles ont bondi de 19,7%.
Le constructeur basé à Yokohama (sud-ouest de Tokyo) table par ailleurs sur une accélération de ses ventes en volume en 2024/25, à 3,7 millions de véhicules (+7,5%), contre 3,44 millions d’unités écoulées sur son dernier exercice (+4,1%).
En grandes discussions avec Honda
Ses ventes en volume en Chine ont sévèrement chuté sur l’exercice écoulé (-24,1%, ou -16,1% à périmètre comparable). Mais cette hémorragie, due à la féroce concurrence des constructeurs chinois, qui cassent les prix dans l’électrique, a été compensée au niveau mondial par des ventes dynamiques en Amérique du Nord, en Europe (où ses véhicules hybrides se sont distingués) et au Japon.
Nissan a aussi mis en exergue jeudi la remontée de ses ventes en Chine depuis deux trimestres consécutifs, tout en admettant que l’environnement de marché local demeurait «difficile».
Selon son nouveau plan de moyen terme dévoilé fin mars, Nissan compte revenir à 4,5 millions de véhicules vendus par an d’ici trois ans, tout en améliorant significativement sa rentabilité, en lançant pas moins de 30 modèles sur la période tout en diminuant ses coûts dans l’électrique et en nouant des «partenariats intelligents».
Nissan discute depuis mars avec son compatriote et rival historique Honda sur un éventuel un «partenariat stratégique» dans l’électrique et les logiciels, deux énormes défis qu’ils ont en commun.
«Nous avons formé des équipes de discussion» sur les différents domaines de collaboration possibles, qui sont très étendus, a déclaré jeudi Makoto Uchida, qui a précisé suivre de près l’évolution de ces négociations. «Nous souhaitons parvenir à une conclusion positive pour les deux parties dès que possible».
La voilure de la vieille alliance entre Renault et Nissan, source récurrente de tensions par le passé, a elle été nettement réduite depuis l’an dernier, les deux constructeurs sélectionnant désormais leurs projets communs au cas par cas. Comme par exemple en Europe, où Nissan a décidé l’an dernier d’investir 600 millions d’euros dans Ampere, la filiale électrique de son partenaire français.
Les bénéfices de Nissan sur son quatrième trimestre (janvier-mars 2024) vont se traduire par une contribution positive au résultat net de Renault sur son premier trimestre 2024 à hauteur d’environ 225 millions d’euros, a fait savoir jeudi le groupe tricolore dans un communiqué séparé.
Renault possède actuellement encore 39% de Nissan, mais ne détient plus que 16,2% en direct, dans le cadre du rééquilibrage de leurs liens capitalistiques décidé l’an dernier.