Moins de personnes envisagent l’achat d’un véhicule électrique, selon un rapport
La Presse Canadienne|Publié le 27 novembre 2024Les Canadiens déplorent notamment le manque d'accès à des infrastructures de recharge. (Photo: La Presse canadienne / Justin Tang)
Un nouveau sondage révèle que moins d’automobilistes ont l’intention d’acheter un véhicule électrique lors de leur prochain achat de voiture.
Le rapport Mobility Consumer Index d’EY montre que les intentions globales d’achat d’un nouveau véhicule ont augmenté de 6% par rapport à l’année dernière. Mais les répondants au coup de sonde sont moins nombreux à se tourner vers l’achat d’un véhicule électrique.
Les intentions d’acheter un véhicule entièrement électrique, hybride rechargeable ou hybride au cours des deux prochaines années ont légèrement baissé à 50% cette année, contre 52% en 2023, selon le rapport publié mercredi.
Cela rompt avec la tendance à la hausse des dernières années. En 2021, environ 35% de tous les acheteurs potentiels de véhicules au Canada étaient intéressés par un véhicule électrique ou hybride; cette proportion a grimpé à 46% en 2022.
«L’aplatissement de la courbe est quelque chose de nouveau que nous observons», mentionne Jennifer Rogers, responsable du secteur automobile et des transports chez EY Canada, en entrevue.
En ce qui concerne les véhicules entièrement électriques, les intentions d’achat ont reculé à 15% cette année, contre 18% l’année dernière.
La peur de la batterie à plat
Les principales préoccupations des répondants au sondage sont l’autonomie limitée, le prix des véhicules électriques, le remplacement coûteux des batteries et le manque d’infrastructures de recharge.
«Le manque d’infrastructures de recharge et l’anxiété liée à l’autonomie vont en quelque sorte de pair», évoque Jennifer Rogers, ajoutant que les gens sont particulièrement préoccupés par la recharge de leur véhicule à l’extérieur de leur domicile.
Selon elle, l’amélioration des infrastructures de recharge publiques peut réduire l’anxiété liée à l’autonomie chez les conducteurs de véhicules électriques.
«Il sera très difficile de convaincre les consommateurs de franchir cette prochaine étape sans qu’ils soient rassurés quant à la possibilité de recharger à l’extérieur de leur domicile», pense Jennifer Rogers.
Elle estime que les préoccupations des consommateurs doivent être prises en compte si le Canada veut atteindre son objectif visant à ce que 100% des nouveaux véhicules légers vendus soient zéro émission d’ici 2035.
En décembre 2023, le gouvernement fédéral a finalisé ses plans visant à éliminer progressivement les ventes de nouvelles voitures à essence au profit de véhicules à zéro émission. Cela se fera par étapes: 20% en 2026, 60% d’ici 2030 et 100% d’ici 2035.
Jennifer Rogers affirme que la baisse de la demande de véhicules électriques «montre clairement qu’il y aura beaucoup de pression pour atteindre ces objectifs».
Le prix des véhicules électriques, combiné aux vents contraires économiques, tels que l’inflation et les taux d’intérêt élevés, peut également dissuader de nombreux acheteurs de voitures d’envisager l’achat de véhicules électriques.
Selon le Canadian Black Book, le coût moyen d’un véhicule électrique était d’environ 73 000 $ en 2023.
Pendant ce temps, certains constructeurs automobiles ont retardé ou suspendu la production de véhicules électriques en raison de la baisse de la demande. Ford, par exemple, a repoussé de deux ans son projet de fabrication de véhicules électriques dans son usine d’Oakville, en Ontario.
Des rabais importants, mais insuffisants
Les rabais gouvernementaux ont joué un rôle important pour les personnes qui envisagent d’acheter des véhicules électriques, 28% des Canadiens déclarant que les incitatifs sont une considération primordiale lors de l’achat, selon le rapport.
Toutefois, les incitatifs ne suffisent pas à stimuler la demande de véhicules électriques, car il existe moins d’options abordables, souligne Jennifer Rogers.
«Même si des mesures incitatives sont disponibles, elles ne suffisent probablement pas à elles seules à changer le comportement des consommateurs», dit-elle.
Pour ceux qui envisageaient d’acheter un véhicule électrique, le coût élevé de l’essence était la principale préoccupation, suivi par les considérations environnementales et les incitations financières, selon le rapport.
Jennifer Rogers estime qu’il est facile d’attirer les premiers utilisateurs sur le marché des véhicules électriques, mais qu’il pourrait falloir du temps pour attirer une cohorte plus importante.
«Le prochain groupe de personnes qui doit passer du moteur à combustion aux véhicules électriques sera un peu plus difficile à convaincre, soutient-elle. Ils peuvent être plus sensibles au prix et n’ont peut-être pas aussi facilement accès à la recharge à domicile.»